Le 15 février 2022 à 22:17:06 :
https://twitter.com/EnConfinement/status/1493676559286345729?t=csOc_O1NNt7PxEtHOIXp3Q&s=19Bordel
Vidal l'inutile
Promet une plate-forme commune pour les Masters 2022
Hop annuléPromet des calendrier commun
Hop annuléPar contre l'an dernier pour durcir les conditions de droit à la poursuite d'étude en secret
Hop validé
Un secret, publié au journal officiel de la république française https://www.legifrance.gouv.fr/jorf/jo/2021/05/21/0117
Je me suis laissé 24 heures, je vais répondre à Bed.
Après sans vouloir polémiquer ni quoi que ce soit, il ne faut pas forcément voir dans les universitaires des gens brillants.
Pour illustrer ce que je veux dire, je vais me concentrer sur le domaine que je connais le mieux (pour y avoir fait mes études) : le droit. Les doctorants et docteurs en droit, parmi lesquels on va "piocher" les futurs professeurs, ont un niveau médiocre, et je précise que même les profs actuels, qui ont pourtant un langage châtié (et une forme de culture de l'excuse vis-à-vis de leur institution) reconnaissent de plus en plus que le niveau de recrutement diminue.
Même Max Weber (dans Le Savant & Le Politique) et Bourdieu (dans Homo Academicus il me semble) ont écrit que le processus de recrutement par les pairs, aboutit à faire de l'Université une forteresse de l'academia mediocritas. Je connais moi-même une prof de science politique, âgée, qui m'a dit texto à propos de ses collègues de droit : "J'ai vu le niveau baisser".
Pour avoir discuté avec des doctorants, ce ne sont clairement pas des génies intellectuels : ce sont des "singes savants" (et encore...), des techniciens (c. à d. ils savent répéter les cours et te parler des marchés publics et des concessions de service public, mais ça s'arrête là, pas d'esprit d'innovation), hautains, qui ne savent pas débattre, qui ont une idée assez vague de la discipline qu'ils prétendent maîtriser (ils font des erreurs parfois grossières), mais qui ont tous les airs de l'esprit de sérieux, ce qui fait qu'ils sont pris au sérieux par leurs étudiants et collègues (sauf rares cas qui ne s'y laissent pas prendre).
Pour avoir fait de la recherche (à mon niveau, certes : un gros mémoire de M2 et quelques articles de droit), je ne suis absolument plus impressionné par le titre de docteur, en tous cas de docteur en droit, pour une simple raison : la réalité d'aujourd'hui, c'est que n'importe qui de pas trop con peut faire une thèse et la valider, sans parler des sujets de thèse parfois lunaires que je vois passer ou qui n'apportent rien de neuf à la doctrine (les thèses qui se contentent de faire la synthèse de l'état du droit positif sur une question déterminée). Quand tu fais de la recherche, que tu as été "de l'autre côté de la barrière" et que t'as échangé avec des "chercheurs", tu sais ce qu'il en est réellement.
Bon ça va être dur de te répondre point par point. Je vais donc à la fois t'appuyer et te reprendre sur l'ensemble.
Je crois l'avoir dit, je suis un tout jeune enseignant et j'ai déjà, plus ou moins, deux années de thèse (faut comprendre qu'avec une dépression issu d'un drame familial plus le covid, j'ai clairement fait un "faux départ" tout juste compensé par une longue période de pré thèse où j'ai pu prendre de l'avance, et c'est très difficile de reprendre à un rythme soutenu, j'ai même l'impression d'avoir perdu un peu en niveau). Clairement, j'ai beau être très dur avec mes étudiants, je me retrouve un peu dans cette "médiocrité", un peu coincé dans l'idée qu'à force d'approfondir des points précis, on en oublie des bases essentiels, même dans son domaine de spécialité (alors oubli, on relativise un peu, mais un retour aux fondamentaux fait jamais de mal). Clairement, quand tu te rends compte que même après sept ans, de simples notions basiques peuvent te mettre à mal (souvent par volonté d'aller plus vite que ce que t'apprends de toi même), tu te prends une belle baffe d'humilité. Bien entendu, rien d'alarmant, je reste bien au-dessus de la masse mais tu te rends vite compte de l'écart avec les pontes.
En revanche, je dirai que si le niveau baisse, ce n'est pas en raison de la présence de "génies" qui se rarifie, mais plutôt parce que l'université se ravage complètement et oublie de vivre avec son temps et que certains génies passent parfois même pas le cap de la première année faute d'adaptation. Au-delà de ça, y'a une véritable chute notamment concernant la rigueur (sans doute car l'apprentissage de cette rigueur au lycée est une calamité). J'ai déjà fait mention d'étudiants qui ont oublié de faire une problématique dans leur dissertation. Je rappelle, aussi, qu'un de mes prédécesseurs a vu des étudiants faire l'apport d'un arrêt dans un commentaire AVANT la problématique... Et ça, ils l'ont pas inventé, y'a des doctorants chargés de TD qui leur ont appris ça.
Mais au-delà de ça, y'a aucune volonté de prendre une hauteur quelconque et, lorsque c'est le cas, c'est souvent par hubris où des étudiants complexifient leur devoir comme pas possible alors qu'à la fin ça ressemble à un amas de bouse mal conçu. Mais c'est logique vu qu'on réduit, à mort, les temps d'enseignement sans aucune raison et qu'on refuse, sciemment, de faire de simples cours de méthodologie. C'est un taf que j'ai du reprendre de mes mains, mais je le prends sur mes heures de cours, ce qui fatalement va entraîner une conséquence: être en retard sur le planning et rusher certains aspects du cours ou donner un TD supplémentaire à titre gratuit. Je pourrai m'abstenir de faire ça, mais quel intérêt hormis pourrir les dossiers de mes étudiants alors que, à la lecture de certains, tu sens un potentiel intéressant qui ne demande juste qu'à apprendre à être plus rigoureux (car oui, la rigueur, ça relève absolument pas de l'inné).
J'ai du aussi apprendre, à mes étudiants, à faire une recherche sur les bases de donnée. Ca m'a pas dérangé de le faire par gain de temps... Seulement, c'est pas mon boulot. Mais si je le fais pas, je me retrouve avec des gusses qui me demanderont à chaque fois pourquoi l'article est introuvable sur Google.
Et lorsque t'es doctorant, la première réalité que tu te prends en pleine bouche, c'est que t'as en réalité un giga retard face aux meilleurs enseignants (voire aux meilleurs doctorants) et que si tu te reprends pas très vite en progressant de toi même (souvent seul), t'es vite baisé. Rien que ça te fout une pression phénoménale. Tu dois à la fois apprendre ET produire de la doctrine, alors que, et là encore je te rejoins, oui, on reste des étudiants tout juste diplomés et on a encore tout à apprendre ou à revoir.
En revanche, là où je te donne tort, c'est sur une baisse de niveau également des enseignants. Alors c'est un propos qu'on entend de plus en plus. Mais je dirai que ça fait abstraction d'une chose: la complexification monstrueuse du droit. Faut quand même rappeler qu'on a jamais eu autant de codes... et jamais eu autant de textes "volatiles". Et c'est pas l'arrêt GISTI et sa reconnaissance d'un droit souple qui va arranger quelque chose. Et on a jamais eu autant de droits spécialisés et de spécialisation dans la spécialisation. Alors qu'avant parler de transport revenait à parler, quasiment, de service public et à avoir juste une adaptation, on se retrouve avec une matière à part entière (et même carrément des masters droit du transport, y'en a je crois dix en France). Une matière qui, d'ailleurs, est devenue suffisamment autonome pour être enseigné par des enseignants qui font que du transport et évoque le transport "en lui même". J'ai d'ailleurs suivi un de ces cours, je crois pas me tromper en disant qu'à aucun moment, on a eu une référence aux lois de Rolland. Je sais pas si c'est normal, mais quand on sait que ce cours est avant tout destiné à des privatistes qui seraient incapables de citer les lois de Rolland pour 60% d'entre eux (et les autres se contenteraient d'une lecture superficielle), forcément, c'est quand même un peu gênant.
Autrement dit, le droit se complexifie tellement qu'à terme, il va falloir repenser intégralement la matière. On se plaint de juristes trop techaimes incapables de produire de la pensée... Je pense au contraire que notre avenir se trouve dans la techaime, parce que ça va être si chiant de tout articuler qu'on aura plus le temps de produire de la pensée "globalisante" (et tu vas pas faire de l'analyse à partir d'un cas spécifique, sauf à étonner des mouches). Et ça se ressent énormément sur les cours. Quand j'ai évoqué les lois du service public avec mes étudiants, ça a été un supplice parce que j'avais même pas une heure pour évoquer les quatre lois (oui, j'inclue la neutralité ). Soit un quart d'heure pour chaque loi du SP si je suis équitable. Tu veux traiter quoi, exactement, à un tel rythme ? Ben rien, tu cites les décisions "de base", tu les expliques et t'espères que ça passe et qu'ils approfondiront eux mêmes (les renvoyer au GAJA m'a paru pas teubé, notamment car il y a une mine de décisions en la matière, mais ça aurait été top de les évoquer avec eux et d'avoir leur avis).
Mais à terme, c'est tout ce que t'auras de prime abord: des gros techniciens qui sauront parfaitement interpréter le droit dont ils parlent, parfaitement l'interpréter et capable d'anticiper les solutions à des espèces "neuves".
Est-ce que ça conduira à plus de thèse synthétisant le droit ? Peut être. Mais est-ce un souci ? On remarque quand même à la lecture des revues que les articles "explicatifs" sont assez fréquents, l'actualité ou simplement la jurisprudence permet de faire quelques rappels sur des aspects très méconnus du droit. Puis ça a toujours existé. Suffit de voir les Lois du service public qui émanent d'une déduction de Louis Rolland à partir du droit en vigueur. Qui niera pourtant que sa théorie n'était pas révolutionnaire ? Au contraire, elle a participé grandement au renouveau du service public après la crise Eloka.
Autre chose aussi, cette baisse de niveau ne me paraît pas inhérente aux professeurs mais à l'ensemble des juristes. Y'a des docteurs nuls mais aussi des avocats bien nuls et des juges tout aussi nuls. Ma DT, pourtant émérite (elle a de la bouteille donc) n'est pas spécialement choquée par le niveau des nouveaux enseignants (elle pense, par contre, qu'il y a de plus en plus de carriéristes). Par contre, elle trouve alarmant le niveau des conseillers d'Etat qu'elle n'hésite plus à conspuer (et cette critique persistante semble se retrouver chez bien des enseignants). Faut dire que l'ENA, c'est un peu en droit, un bon gros zéro pointé. Et si l'ENA a pu produire des conseillers d'Etat de qualité (même Valérie Pécresse était une très bonne conseillère du Gouvernement), force est d'admettre qu'on a parfois de belles catastrophes. Bertrand Dacosta, franchement, c'est un supplice à lire parfois et force est d'admettre que ses conclusions sur Tarn-et-Garonne frolent la nullité (alors qu'on parle de l'arrêt considéré, à l'époque, comme le plus important du XXIe siècle, mais y'a rien qui va: c'est mal organisé, mal justifié, transparait une volonté politique qui se cache même pas correctement et juridiquement, il contredit entièrement les conclusions de Didier Casas sur l'arrêt Tropic qui, s'il présentait bien des défauts, semblait constituer l'équilibre le plus intéressant entre légalité et sécurité juridique).
Un autre point qui m'inquiète, c'est justement des erreurs commis justement par des enseignants qui ont une grosse expérience. Des erreurs pourtant grossières. Ma DT est une ponte, ça l'a pas empêché de croire que lorsqu'un bien de l'administration était affecté à l'usage du public, il devait être indispensablement aménagé à cet effet. Or ce n'est légalement plus le cas depuis la publication du CG3P et le Conseil d'Etat l'avait confirmé d'emblée. Elle était littéralement en retard de dix ans.
Ou encore, Pierre Delvolvé qui fait croire dans une note sur Tarn et Garonne (oui, encore) qu'il était logique d'abandonner la possibilité pour des tiers de former des recours contre les décisions de l'administration de résilier un contrat administratif en considérant qu'il s'agissait d'une "sanction". Or s'il est vrai que le Conseil d'Etat a toujours dénié un intérêt à agir aux tiers lorsque l'administration prend une décision de sanction contre un administré, j'aimerai bien savoir depuis quand toutes les résiliations constituent des mesures de sanction. La résiliation unilatérale d'un contrat pour motif d'intérêt général n'en a jamais été une, ce qu'on peut très facilement prouver. C'est une erreur quand même grossière qu'un quatrième année pourrait repérer. Et on parle de Pierre Delvolvé là, une référence quasi absolue du droit public, pas d'un doctorant lambda. Aussi, c'est pas issu d'un blog, mais bel et bien d'un article sur Dalloz (AJDA ou RFDA, je sais plus).
Et enfin, ce qui me gave, c'est que justement, plus d'un confond faire de la pensée juridique et faire de la pensée politique. Ca commence sérieusement à me casser les couilles de voir des juristes donner des opinions de juriste sur des textes qui se révèlent, en réalité, être des opinions politiques. Combien d'enseignants se sont insurgés face à la décision d'accroître les frais d'inscription pour les étrangers non-européens alors que la décision était complètement prévisible compte tenu de la Constitution et de la jurisprudence administrative ? Pas un pour dire que notre taf consistait justement à dire que l'Etat pouvait le faire, pas un pour prendre de la hauteur en indiquant qu'il pouvait y avoir, au besoin, quelques gardes fou si jamais il y avait des atteintes à des droits fondamentaux à une échelle non pas générale mais individuelle.
Et ça, c'est ultra commun. Tout comme ça me pompe le dard de voir les gens parler de laïcité comme un droit à part entière alors qu'il s'agit, avant tout (exclusivement ?) d'un mode de fonctionnement administratif qui n'est en aucun cas essentiel pour garantir les libertés de conscience et de religion de chacun. et d'autres droits fondamentaux, ce que confirme chaque jour l'Angleterre, l'Islande, Malte et le Danemark (tous ayant une religion d'Etat). Non, c'est un enjeu politique où chacun raconte sa bouse et ajoute sa bouse quitte à ce que ça n'est plus le moindre sens.
Des doctorants, par naïveté, tombent dans l'écueil constamment.
Bref, je veux bien qu'on critique le niveau des doctorants. Mais c'est notre science qui, doucement, crève à petit feu et se fait manger de partout. Le problème principal est d'ordre politique avant tout et de vouloir des exceptions pour chaque fait d'actualité en permanence (le droit s'est clairement pris le mur de l'actu H24 qui permet d'appuyer des cas particuliers qui, à eux seuls parfois, vont justifier un régime dérogatoire parfois complètement lent)
Un dernier point à souligner, c'est justement la tendance, au nom de la pluridisciplinarité, à méler un peu tout et n'importe quoi. Alors là encore, je dis pas que le droit ne peut pas le faire (et j'ai clairement pas envie de substance jauner sur la tombe de Duguit et de bien des théoriciens allemands). Ca soulève deux soucis. Déjà, ça prouve bien que notre droit se complexifie au point que maintenant, faut aussi avoir des bases en histoire, en économie et en sciences politiques, sciences qui se sont eux mêmes complexifiés. Ca, admettons, faut de toute façon avoir une bonne culture générale pour légiférer le monde. Par contre, ça fait croire à quelques pignoufs qu'ils sont légitimes, car professeurs en économie/histoire/sociologie qu'ils peuvent donner leur avis de juriste. Et souvent, ils racontent de la belle grosse chiasse.
Récemment sur Twitter, un sociologue s'est cru intelligent à reprendre Macron lorsqu'il envisageait de conditionner le RSA à la réalisation de missions d'intérêt général et autres conneries, en se fondant sur la DDHC en chiant le sempiternel débat sur ce qui vient en premier entre les droits et les devoirs, en partant du principe que le premier passe avant le second. Outre que la DDHC prévoit bel et bien des devoirs et qu'à l'époque de son édiction, il était clair que ces droits fondamentaux se "méritaient" en un sens, il faut m'expliquer la logique d'aller chercher du côté des droits fondamentaux pour démontrer que TOUS les droits viennent bien avant les devoirs. La malhonnêteté est assez évidente, mais non, il s'est cru malin, il a posté sa bouse et a été bien RT comme il faut car professeur + anti-Macron + tweet à punchline. Alors que, fatalement, il raconte de la bouse.
Moi ce que je demande surtout, c'est comment résoudre ce merdier. Tu évoques les doctorants un peu comme si on était des profiteurs, mais on subit tout autant la douille et on doit, tout autant, faire face à ces métamorphoses.
Le 15 février 2022 à 22:55:52 :
Le 15 février 2022 à 22:17:06 :
https://twitter.com/EnConfinement/status/1493676559286345729?t=csOc_O1NNt7PxEtHOIXp3Q&s=19Bordel
Vidal l'inutile
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Ah
Parce que tu le consultait beaucoup le Journal officiel de la République quand tu étais étudiant de droit hors TD?
Le 16 février 2022 à 07:36:51 :
Autre chose aussi, cette baisse de niveau ne me paraît pas inhérente aux professeurs mais à l'ensemble des juristes. Y'a des docteurs nuls mais aussi des avocats bien nuls et des juges tout aussi nuls. Ma DT, pourtant émérite (elle a de la bouteille donc) n'est pas spécialement choquée par le niveau des nouveaux enseignants (elle pense, par contre, qu'il y a de plus en plus de carriéristes). Par contre, elle trouve alarmant le niveau des conseillers d'Etat qu'elle n'hésite plus à conspuer (et cette critique persistante semble se retrouver chez bien des enseignants). Faut dire que l'ENA, c'est un peu en droit, un bon gros zéro pointé. Et si l'ENA a pu produire des conseillers d'Etat de qualité (même Valérie Pécresse était une très bonne conseillère du Gouvernement), force est d'admettre qu'on a parfois de belles catastrophes. Bertrand Dacosta, franchement, c'est un supplice à lire parfois et force est d'admettre que ses conclusions sur Tarn-et-Garonne frôlent la nullité (alors qu'on parle de l'arrêt considéré, à l'époque, comme le plus important du XXIe siècle, mais y'a rien qui va: c'est mal organisé, mal justifié, transparait une volonté politique qui se cache même pas correctement et juridiquement, il contredit entièrement les conclusions de Didier Casas sur l'arrêt Tropic qui, s'il présentait bien des défauts, semblait constituer l'équilibre le plus intéressant entre légalité et sécurité juridique).
Ah mais on est d'accord pour la baisse de niveau de l'ensemble des juristes. Mais ça m'amuse de voir les professeurs de droit se foutrent de la gueule du Conseil d'Etat, parce que je pense très sérieusement qu'ils n'ont pas vu l'état de la doctrine universitaire ni le niveau de recrutement de leurs doctorants, sans même parler de certains professeurs qui n'avaient rien d'extraordinaire mais qu'on nous présentait comme des demi-dieux vivants : Olivier Duhamel, soi-disant grand constitutionnaliste, alors que le gars a une technique juridique exécrable (c'était un grand professeur surtout à ses propres yeux et à celui de ses amis), ou encore Stéphane Rials, qui développe des idées banales mais qui le fait dans un langage tellement abscons et hermétique (des profs de droit m'ont carrément dit que "se faire comprendre" n'était pas sa priorité ) que ça lui permet de se faire passer pour un grand doctrinaire aux yeux des gens simples.
Un autre point qui m'inquiète, c'est justement des erreurs commis justement par des enseignants qui ont une grosse expérience. Des erreurs pourtant grossières. Ma DT est une ponte, ça l'a pas empêché de croire que lorsqu'un bien de l'administration était affecté à l'usage du public, il devait être indispensablement aménagé à cet effet. Or ce n'est légalement plus le cas depuis la publication du CG3P et le Conseil d'Etat l'avait confirmé d'emblée. Elle était littéralement en retard de dix ans.
Ou encore, Pierre Delvolvé qui fait croire dans une note sur Tarn et Garonne (oui, encore) qu'il était logique d'abandonner la possibilité pour des tiers de former des recours contre les décisions de l'administration de résilier un contrat administratif en considérant qu'il s'agissait d'une "sanction". Or s'il est vrai que le Conseil d'Etat a toujours dénié un intérêt à agir aux tiers lorsque l'administration prend une décision de sanction contre un administré, j'aimerai bien savoir depuis quand toutes les résiliations constituent des mesures de sanction. La résiliation unilatérale d'un contrat pour motif d'intérêt général n'en a jamais été une, ce qu'on peut très facilement prouver. C'est une erreur quand même grossière qu'un quatrième année pourrait repérer. Et on parle de Pierre Delvolvé là, une référence quasi absolue du droit public, pas d'un doctorant lambda. Aussi, c'est pas issu d'un blog, mais bel et bien d'un article sur Dalloz (AJDA ou RFDA, je sais plus).
C'est ce que j'ai dit plus haut, donc rien à signaler.
Et enfin, ce qui me gave, c'est que justement, plus d'un confond faire de la pensée juridique et faire de la pensée politique. Ca commence sérieusement à me casser les couilles de voir des juristes donner des opinions de juriste sur des textes qui se révèlent, en réalité, être des opinions politiques. Combien d'enseignants se sont insurgés face à la décision d'accroître les frais d'inscription pour les étrangers non-européens alors que la décision était complètement prévisible compte tenu de la Constitution et de la jurisprudence administrative ? Pas un pour dire que notre taf consistait justement à dire que l'Etat pouvait le faire, pas un pour prendre de la hauteur en indiquant qu'il pouvait y avoir, au besoin, quelques gardes fou si jamais il y avait des atteintes à des droits fondamentaux à une échelle non pas générale mais individuelle.
Et ça, c'est ultra commun. Tout comme ça me pompe le dard de voir les gens parler de laïcité comme un droit à part entière alors qu'il s'agit, avant tout (exclusivement ?) d'un mode de fonctionnement administratif qui n'est en aucun cas essentiel pour garantir les libertés de conscience et de religion de chacun. et d'autres droits fondamentaux, ce que confirme chaque jour l'Angleterre, l'Islande, Malte et le Danemark (tous ayant une religion d'Etat). Non, c'est un enjeu politique où chacun raconte sa bouse et ajoute sa bouse quitte à ce que ça n'est plus le moindre sens.
Des doctorants, par naïveté, tombent dans l'écueil constamment.
Je confirme. Mais tu sais très bien que le droit donne une tournure d'esprit particulière, et que l'on se met à tout analyser sous l'angle du droit. Et effectivement, la laïcité est un principe politique (et non pas juridique) qui n'est pas synonyme de liberté de conscience et de liberté des cultes, ni même d'ailleurs de neutralité de l’État en matière religieuse contrairement à ce que l'on entend.
Bref, je veux bien qu'on critique le niveau des doctorants. Mais c'est notre science qui, doucement, crève à petit feu et se fait manger de partout. Le problème principal est d'ordre politique avant tout et de vouloir des exceptions pour chaque fait d'actualité en permanence (le droit s'est clairement pris le mur de l'actu H24 qui permet d'appuyer des cas particuliers qui, à eux seuls parfois, vont justifier un régime dérogatoire parfois complètement lent)
Un dernier point à souligner, c'est justement la tendance, au nom de la pluridisciplinarité, à méler un peu tout et n'importe quoi. Alors là encore, je dis pas que le droit ne peut pas le faire (et j'ai clairement pas envie de substance jauner sur la tombe de Duguit et de bien des théoriciens allemands). Ca soulève deux soucis. Déjà, ça prouve bien que notre droit se complexifie au point que maintenant, faut aussi avoir des bases en histoire, en économie et en sciences politiques, sciences qui se sont eux mêmes complexifiés. Ca, admettons, faut de toute façon avoir une bonne culture générale pour légiférer le monde. Par contre, ça fait croire à quelques pignoufs qu'ils sont légitimes, car professeurs en économie/histoire/sociologie qu'ils peuvent donner leur avis de juriste. Et souvent, ils racontent de la belle grosse chiasse.
Sur les avis juridiques donnés par des gens qui ne sont pas juristes, oui, tu as raison... dans un sens. Parce qu'en réalité, cela peut devenir beaucoup plus compliqué si la masse elle-même partage l'interprétation juridique du sociologue dont tu parles.
Maintenant, il faut distinguer de tels avis ... de l'impérialisme des autres disciplines, ce qui n'est déjà pas la même chose et que tu sembles toucher du doigt (je me trompe peut-être) en disant que le droit se fait bouffer de partout.
Je vais préciser un détail, en reprenant d'ailleurs l'exemple précédent du sociologue. Quand celui-ci donne un avis juridique, c'est la plupart du temps un avis tout pété par manque de connaissances juridiques certes, mais un sociologue est parfaitement légitime pour dire ce qu'est le droit dans la société, dans la mesure où la sociologie considère le droit comme un pur fait social et donc comme objet d'étude. Et c'est pareil pour l'économiste. Ça a d'ailleurs donné l'Analyse économique du droit aux États-Unis (un peu en France aussi dans les années 1920-1930, mais c'était des juristes comme Georges Ripert qui le portaient donc ça n'avait déjà plus grand-chose à voir avec le courant américain).
Là je vais te décevoir, mais pour les avis proprement dit qui touchent aux autres disciplines, c'est surtout chez les professeurs de droit que j'ai vu ça, et l'agrégation (y compris la débile leçon de 24h) a aggravé le travers en leur donnant une prétention au savoir universel, ce qui fait que beaucoup de professeurs de droit donnent justement leur avis (dans leurs manuels par exemple) sur des disciplines étrangères au droit, la science politique, la philosophie, l'histoire, alors que précisément leurs développements révèlent d'énormes lacunes et une méconnaissance de l'état réel de ces disciplines. Par exemple, pour affirmer en cours de droit constitutionnel approfondi (M1), comme l'a fait un agrégé d'UT1 devant son amphithéâtre, que le marxisme se fait au nom de... l'égalité, faut le faire (encore heureux pour lui que personne n'ait moufté et relevé l'erreur) !
Et cela a commencé dès la fin du 19e siècle, par que, tu n'as peut-être pas envie de dégueuler sur Léon Duguit et d'autres "théoriciens allemands" (en oubliant quand même, au passage, que Duguit vomissait les théoriciens allemands, et que Maurice Hauriou, de son côté, était tombé exactement dans le même travers avec ses ouvrages de sociologie et sa théorie de l'institution), mais ils ont contribué à faire sombrer les juristes dans l'illusion qu'ils n'avaient rien à apprendre des autres sciences sociales (en réaction, d'ailleurs, à l'apparition de la sociologie).
Pour le coup, je ne suis donc absolument pas d'accord, c'est même surtout les professeurs de droit, de ce que j'ai vu, qui donnent des avis débiles sur les autres sujets en croyant que le droit, parce qu'il est une discipline majeure pour la "Polis" (ou juste une filière prestigieuse), leur donnent toute légitimité pour raconter la moindre connerie qui leur passe par la tête : et là aussi, permets-moi de dire qu'ils racontent de la grosse merde.
Le 15 février 2022 à 18:38:38 :
Le 15 février 2022 à 18:33:55 :
Ayaaaaa ma chargé de td en droit de l'union européenne concernant la selecao des masters : "n'oubliez pas de bien personnaliser vos cv, spécifiez vos sports et vos loisirs pour que les directeurs de master le voit"
Mais rien sur la ligne de flottaison de 12 de moyenne général a avoir pour passer le premier filtre
, rien sur les stages, sur les matieres ect
Bordel, je méprise tellement ces petits bras qui nourrissent a coup de bluepill eclatax le système hautement cynique et destructeur de la fac de droit
Réunion avec Yolande Sérandour (M1 daff) l'autre jour
Elle a dit qu'elle regardait les loisirs en premier
Elle fait le coup chaque année
"Oui blabla passez des certifications, les loisirs ent..."
Réalité : les 15 premiers de son partiel
Le 15 février 2022 à 12:16:22 :
https://twitter.com/Eric_Anceau/status/1493538399524896774?t=KZobi5qVCG1MrKPm_e4c8w&s=19Jacqueline Gourault bientôt à la tête du conseil constitutionnel, sa formation juridique ? Aucune
Comme quoi être prof d’histoire de géo et élue locale + quelques bons contacts suffit à accéder aux plus grandes institutions juridiques dans ce pays
Le droit et la politique
Macron prépare le terrain pour son prochain mandats
Députés incompétents
Juges corrompus ou incompétents
Autorités administratives dirigées par les copains
C'est carré
Le 15 février 2022 à 18:33:55 :
Ayaaaaa ma chargé de td en droit de l'union européenne concernant la selecao des masters : "n'oubliez pas de bien personnaliser vos cv, spécifiez vos sports et vos loisirs pour que les directeurs de master le voit"
Mais rien sur la ligne de flottaison de 12 de moyenne général a avoir pour passer le premier filtre
, rien sur les stages, sur les matieres ect
Bordel, je méprise tellement ces petits bras qui nourrissent a coup de bluepill eclatax le système hautement cynique et destructeur de la fac de droit
Sans vouloir donner de faux espoirs, parfois les chargés balancent ce genre de conneries a défaut de connaître les vraies modalités.
Et ils ont pas totalement tort.
J’en ai vu des gars qui se retrouvent dans des masters plutôt prisés alors qu’ils plafonnaient à 10-11 depuis la L1 (je parle DPRT, PI à P2). Dans mon propre master, des gens qui n’avaient rien à foutre là, qui n’avaient pas le niveau et qui se cachaient derrière les autres, il y en avait bien 2-3. Et ils sont tous sortis avec un joli diplôme de P2
Bref, tout ça pour dire que les notes, y’a un monde ou tu t’en fous car tu peux toujours arnaquer.
Donc, quand tu as vu ça et que tu deviens chargé, je pense que tu balances des trucs super floues car toi-même tu ne comprends pas
Complètement d'accord avec mon VDD , j'ai fais un DJCE donc censé être un master sélectif ou en gros avec -12 impossible de rentrer
Pourtant il y en avait 3 ou 4 dans la promo de perdu , askip il y en même un qui avait redoublé sa L3
Bref il y a toujours des mecs qui arrivent à douiller je ne sais pas comment
Le 16 février 2022 à 12:42:31 :
Complètement d'accord avec mon VDD , j'ai fais un DJCE donc censé être un master sélectif ou en gros avec -12 impossible de rentrerPourtant il y en avait 3 ou 4 dans la promo de perdu , askip il y en même un qui avait redoublé sa L3
Bref il y a toujours des mecs qui arrivent à douiller je ne sais pas comment
DJCE en recrutement local c'est connu
Quel est le pb avec le Conseiller d'État Bertrand Da Costa ?
Au contraire, j'ai l'impression qu'il a bonne réputation. En tous cas, plusieurs de mes enseignants ont loué ses travaux, notamment en matière de commande publique.
Le 16 février 2022 à 07:36:51 :
Faut dire que l'ENA, c'est un peu en droit, un bon gros zéro pointé. Et si l'ENA a pu produire des conseillers d'Etat de qualité (même Valérie Pécresse était une très bonne conseillère du Gouvernement), force est d'admettre qu'on a parfois de belles catastrophes. Bertrand Dacosta, franchement, c'est un supplice à lire parfois et force est d'admettre que ses conclusions sur Tarn-et-Garonne frolent la nullité (alors qu'on parle de l'arrêt considéré, à l'époque, comme le plus important du XXIe siècle, mais y'a rien qui va: c'est mal organisé, mal justifié, transparait une volonté politique qui se cache même pas correctement et juridiquement, il contredit entièrement les conclusions de Didier Casas sur l'arrêt Tropic qui, s'il présentait bien des défauts, semblait constituer l'équilibre le plus intéressant entre légalité et sécurité juridique).
Précision, Dacosta, même si énarque, n'a pas accédé au CE via l'ENA, mais par le tour extérieur (oui ça change rien au fond de ton message ).
Mes camarades publicistes, que pensez-vous du décret de l'exécutif ayant modifié la durée de validité du certificat de rétablissement au Covid (passant de 6 à 4 mois) ?
Dès lors que le décret est venu modifier la durée de validité d'un certificat entré en vigueur antérieurement à ce décret, n'est-on pas en présence d'une petite rétroactivité de l'acte administratif ?
Le 16 février 2022 à 16:20:37 :
En principe, n'y aurait-il pas fallu que tous les certificats de rétablissement ayant commencé à produire des effets avant ce décret puissent durer 6 mois ?
Totalement, alors qui a les couilles de faire le R.E.P ?
JvArchive compagnon