CHAPITRE VIII
Delatour besognait maintenant depuis plusieurs heures. Son sang Ă©tait brĂ»lant et tapait dans ses tempes au rythme des percussions interprĂ©tĂ©es par Moretti. Sa nature endurante lui permettait de supporter physiquement cet impĂ©rieux labeur sans en subir trop de dommages, mais son esprit ne pouvait endurer tant de peines. La rĂ©pĂ©tition, mĂȘlĂ©e Ă l'absurditĂ© apparente de son travail abattait son Ăąme. Il s'interrompit un instant pour scruter les diffĂ©rents visages que sa vue dessinait. Il les observa avec attention, les Ă©tudia mĂȘme. Il voulait saisir comment il leur Ă©tait possible de se rĂ©signer Ă Ă©voluer ainsi dans un si vain marasme. Un homme, d'ascendance europĂ©enne, avec une jarre pleine d'eau dans les bras avançait vers lui et s'apprĂȘtait Ă le croiser. Le commissaire le toisa en fronçant les sourcils, mais l'homme ne le remarqua pas. Ses yeux divaguaient, ses lĂšvres bougeaient sans raison et sa tĂȘte se balançait de droite Ă gauche, vaguement soumise Ă la rythmique imposĂ©e par le monstre musicien. Quand il arriva Ă la hauteur de RĂ©my, ce dernier fit un pas de cĂŽtĂ© dans sa direction, comme pour le pousser Ă la collision. L'homme le bouscula un peu, mais sans le vouloir. Il releva vivement la tĂȘte, les yeux Ă©carquillĂ©s, et s'excusa platement.
Pardon ! Je... je vous avais pas vu !
Ce n'est rien mon brave... ce sont mes torts, pas les vĂŽtres.
L'ouvrier hocha la tĂȘte et reprit sa route. Delatour sourit un peu. Il avait enfin compris que si ces damnĂ©s Ă©taient si rĂ©silients, c'est parce qu'ils se rĂ©fugiaient dans un univers intĂ©rieur dans lequel ils pouvaient oublier l'interminable affliction de leur quotidien, qui les embarrassait de honte et d'ennui. Le commissaire Ă©tait satisfait de constater qu'il avait sur conserver sa perspicacitĂ©. Son engouement fut de courte durĂ©e ; un cri aigu l'assourdit. Il grimaça et leva la tĂȘte vers la source du bruit. PerchĂ© sur un arbre, un oiseau avec un visage de femme le toisait avec sĂ©vĂ©ritĂ© en hurlant hystĂ©riquement. Delatour se boucha les oreilles en grimaçant, mais l'Ă©trange crĂ©ature continuait de s'Ă©gosiller sans raison apparente. Delatour se releva et chercha une pierre Ă lui jeter au visage, mais un homme l'interrompit.
Ne fais pas ça si tu tiens à la vie. Cette harpie sait parler, elle ira tout raconter à Teryel si tu la bats.
Mais pourquoi crie t-elle comme ça ?
Tu t'es arrĂȘtĂ© de travailler trop longtemps. Reprends ta jarre et retourne Ă ton labeur.
Delatour, accablé par les hurlements perçants de la harpie reprit sa cruche à la hùte et remercia l'homme.
Merci, je ne savais pas... mais que faites vous ici ? Vous n'avez pas de jarre, comme tout le monde ?
Non. Je ne m'abaisse plus à ça depuis longtemps déjà . Aujourd'hui je surveille le bon déroulement des travaux.
Delatour observa l'homme quelques secondes, silencieusement. Il s'agissait d'un arabe, et son turban ne laissait qu'un seul Ćil apparent. Delatour le soupçonnait d'ĂȘtre borgne. Il lui demanda, tout en marchant avec sa jarre vide en main :
Ah, je vois... il est possible de faire carriĂšre ici aussi ?
Si tu sais sacrifier les choses futiles, oui.
Quelques mois plus tĂŽt, Delatour aurait probablement souri en entendant ce genre de formule. Il a toujours trouvĂ© ridicule l'air grave que se donnaient les arabes, qu'il jugeait faux et vaniteux. Mais il n'Ă©tait plus en position de force dĂ©sormais, alors il hocha la tĂȘte avant de retourner travailler.
Le 31 octobre 2021 Ă 12:55:30 :
Le 31 octobre 2021 Ă 10:16:36 :
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Le 31 octobre 2021 Ă 09:59:06 :
Les harpies ces p*tes sataniquesQuel matricule ?
Hop hop hop on va s'inscrire et plus vite que ça https://www.jeuxvideo.com/forums/42-51-67957311-1-0-1-0-officiel-no-nut-november-2021.htm
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