CHAPITRE VI
Un cor sonna puissamment. Le cœur de Rémy se souleva et il ouvrit les yeux. Autour de lui, tout le monde s'agitait précipitamment. Son dos le faisait souffrir. Il se leva et s'habilla à la hâte, tandis que le groupe qui partageait son dortoir se dirigeait déjà vers les couloirs du palais. Il les rattrapa rapidement et les suivit en tachant de rester alerte sur son environnement, qu'il essayait d'appréhender au mieux. Quelques minutes plus tard, l'ensemble de la cohorte pénétra dans un grand réfectoire, où des centaines d'hommes poireautaient dans un vacarme assourdissant. Rémy cherchait Philippe du regard. Il finit par l'apercevoir et constata qu'une place était libre en face de lui. Il se faufila entre les tables pour le rejoindre. Ce dernier le salua.
Oh Rémy, ça me fait plaisir de te voir. Tu te sens prêt pour ta première journée de travail ?
On verra... je ne sais pas à quoi m'attendre.
Je préfère être honnête, ce sera long et pénible. Cela ne fait que quelques mois que je suis ici et j'en ai déjà ma claque.
Mais il doit bien y avoir un moyen de partir non ?
Philippe regarda autour de lui, comme si il avait peur d'être entendu, avant de dire à Rémy :
Nous sommes piégés ici Rémy. Il y en a certains qui sont enfermés depuis des décennies entre ces murs, tu te rends compte ? Tu vois le noir derrière toi ?
Rémy se retourna et aperçut au loin un africain avec des cheveux blancs et le visage recouvert de rides.
Eh bien lui, tu vois, ça fait trente deux ans qu'il est là, et il n'a jamais réussi à s'en aller.
Rémy observa l'homme quelques secondes, puis se retourna vers Philippe.
Tu n'as pas trouvé un moyen de sortir ?
Non. J'ai cherché, mais il y a des gardes partout. Et on n'a pas le droit de sortir des quartiers qui nous sont assignés.
Il y a forcément une faille quelque part. On doit la trouver.
J'espère que tu as raison. Mais je commençais à désespérer avant que tu arrives...
Rémy allait répondre, mais une très grande porte s'ouvrit avec fracas derrière lui. Un silence pesant gagna le réfectoire. Il se retourna et dévisagea avec effroi une immense créature qui sortait d'une cuisine sordide. Elle devait faire quatre mètres de haut pour quelques centaines de kilos, et six bras fins et musculeux étaient accrochés à son tronc décharné. Avec deux de ses mains, cette chose tenait une énorme marmite remplie d'une bouillie sombre et visqueuse, et ses quatre autres bras tenaient des cuillères dont elle se servait pour servir les prisonniers qui lui tendaient lascivement leur assiette. Sa bouche était cousue avec ce qui ressemblait à des fils barbelés, et un œil unique et injecté de sang trônait au milieu de son front. Cette étrange créature toisait les serviteurs de Teryel avec un regard plein de haine, comme si elle avait envie de hurler malgré sa mutilation. Elle errait entre les tables silencieusement en servant les différents prisonniers avant d'arriver vers la table de Rémy. Philippe tendit l'assiette en baissant la tête. Son ami l'imita. Le monstre plongea sa cuillère dans la marmite puis jeta brusquement la mixture dégoutante dans l'assiette de Rémy qui faillit lâcher sa gamelle sous le choc. La créature acheva son service puis retourna dans sa cuisine en fermant bruyamment la porte. Le commissaire observa son repas quelques instants. Le plat était froid et il n'arrivait pas à discerner les ingrédients qui le composaient. Il leva les yeux vers Philippe et lui demanda :
Je crois qu'ils mettent de la viande hachée et des haricots, mais je ne suis pas tout à fait sûr.
Non, pas ça... je parle du monstre qui est sorti de la cuisine.
Ah lui... ! Apparemment c'est un ogre. Teryel l'appelle Moretti. C'est l'intendant du palais en quelque sorte. Il est effrayant mais docile. Il obéit au doigt et à l’œil à Teryel. Il ne te fera rien si elle ne lui en donne pas l'ordre.
Surpris, Delatour fut subitement pris de compassion pour cette étrange créature. Il plongea sa cuillère dans son bol et gouta sa pitance. Il grimaça de dégout. Il cacha son visage dans ses mains en se retenant de pleurer. La cuisine de Claire lui manquait.
Le 22 septembre 2021 à 11:58:01 :
Le 22 septembre 2021 à 11:55:53 :
First![]()
Ah lui... ! Apparemment c'est un ogre. Teryel l'appelle Moretti.
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Un défi annuel qui se déroule au mois de Novembre, sur https://nanowrimo.org/, le site est en anglais mais tu peux écrire dans la langue que tu souhaites. Le défi consiste à écrire au moins 50 000 mots en 1 mois, ça commence le 1er Novembre.
Le 22 septembre 2021 à 13:11:24 :
Le 22 septembre 2021 à 11:58:01 :
Le 22 septembre 2021 à 11:55:53 :
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Ah lui... ! Apparemment c'est un ogre. Teryel l'appelle Moretti.
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Un défi annuel qui se déroule au mois de Novembre, sur https://nanowrimo.org/, le site est en anglais mais tu peux écrire dans la langue que tu souhaites. Le défi consiste à écrire au moins 50 000 mots en 1 mois, ça commence le 1er Novembre.
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D'accord. Merci de l'info. Ceci dit ça ne m'intéresse pas vraiment.
Le 22 septembre 2021 à 21:07:12 :
Le 22 septembre 2021 à 14:22:09 :
Bon chapitre.
Ça fait plaisir de voir que tu as repris ta motivation pour écrire en tout cas.![]()
Bon courage pour ton boulot à l'usine.Merci du compliment. Par contre je ne reconnais pas ton pseudo marlou.
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Je ne suis personne de particulier, tu m'avais demandé d'où venait ma signature, j'ai changé de compte simplement.
Le 28 septembre 2021 à 02:28:21 :
Le 22 septembre 2021 à 21:07:12 :
Le 22 septembre 2021 à 14:22:09 :
Bon chapitre.
Ça fait plaisir de voir que tu as repris ta motivation pour écrire en tout cas.![]()
Bon courage pour ton boulot à l'usine.Merci du compliment. Par contre je ne reconnais pas ton pseudo marlou.
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Je ne suis personne de particulier, tu m'avais demandé d'où venait ma signature, j'ai changé de compte simplement.
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CHAPITRE VII
Quand ils eurent achevé leur repas, un cor sonna de nouveau et les prisonniers sortirent en trombe du réfectoire. Ils cheminèrent rapidement dans les couloirs du palais avant d'arriver devant une grande porte en bois. Delatour observait avec angoisse les visages fermés de ses congénères entassés autour de lui. Ils étaient fatalistes, résignés, écrasés par le poids du temps et du labeur. Ils ressemblaient à autant de poupées de chair que l'on aurait vidées de leur sang puis séchées dans la cuvette d'un désert. Rémy se réjouissait un peu de ne pas être comme eux. Pas encore. "Je ne dois pas leur ressembler" se dit il avec conviction. Soudain, un mécanisme bruyant s'actionna et la porte s'ouvrit devant lui. Les hommes s'empressèrent de rentrer et le commissaire découvrit un paysage étonnant. Devant lui se trouvait une sorte d'oasis, qui devait occuper une surface de trois ou quatre hectares, à vue d’œil. Cette même oasis était cernée par des falaises qui devaient mesurer une vingtaine de mètres de hauteur et desquelles s'écoulaient de nombreuses cascades. Rémy se réjouissait de pouvoir enfin voir la lumière du jour, mais quand il leva la tête, il constata qu'un dôme en or surplombait les prisonniers. Il ne pouvait voir ni le ciel, ni le soleil, et toute la lumière qui inondait cette gigantesque salle semblait émaner de ce même dôme. Delatour était inquiet. Il ne trouvait aucune issue. Mais il restait confiant, il savait qu'il allait trouver un moyen de s'échapper. Philippe l'interpella :
Rémy, viens, je vais te montrer ce que tu devras faire.
Les deux hommes marchèrent jusqu'aux abords d'une petite rivière qui tirait sa source d'une cascade qui s'écoulait indéfiniment dans un roulement grondeur. Un petit pont en bois passait au dessus de celle ci. Lenoir désigna une jarre vide à son ami puis lui expliqua sa mission.
C'est tout bête en fait... tu dois juste remplir la jarre avec l'eau de la rivière et la porter jusqu'à la grande cuve que tu vois devant nous, de l'autre coté du pont. Arrivé là bas, tu vides ta jarre dans la cuve, tu reviens ici puis tu recommences. Tout simplement.
Tu plaisantes ? Et on va faire ça tout la journée ?
Oui, c'est tout ce qu'on fait ici.
Delatour était perplexe. Il observait Philippe, interdit. Il voulut dire quelque chose, mais le son d'un tambour l'interrompit.
C'est Moretti, il vient jouer de la musique tous les jours. Regarde, il est là bas.
Le commissaire se retourna et aperçut Moretti, perché sur les rebords d'une falaise. Il dominait les parages depuis sa position. Il tenait une mailloche dans chacune de ses six mains et tambourinait frénétiquement sur les caisses disposées devant lui. Une mélodie primitive et entrainante résonnait sous le dôme désormais. Philippe dit à Rémy :
Quand il commence à jouer, c'est qu'on doit aller au charbon. Sois prudent, il nous surveille.
Les deux hommes s'emparèrent chacun d'une jarre, la remplirent, et se dirigèrent jusqu'à la cuve. Quand Delatour vida la jarre, il constata que la cuve était vide, et pour cause, un siphon se trouvait au fond de celle ci.
Pas vraiment. On suppose qu'elle est mise en bouteille après, mais on ne sait pas qui s'occupe de gérer ça.
Bon, je vois. Retournons là bas dans ce cas.
Les deux hommes firent plusieurs allers retours ainsi, puis Philippe interrompit Rémy.
J'ai soif, tu viens à la fontaine avec moi ?
Eh bien, il y a de l'eau dans la rivière, il suffit de sa baisser pour en boire...
Non, on n'a pas le droit de la gouter celle là. Mais viens avec moi, il y a certaines choses que je ne t'ai pas encore expliquées.
Rémy suivit donc son camarade, qui lui expliquait le règlement intérieur au cours du chemin.
Déjà tu ne dois pas boire l'eau de l'oasis, mais ça je te l'ai déjà dit. Ensuite, je ne sais pas si tu as remarqué, mais depuis tout à l'heure on suit des chemins en pierre blanche pour faire notre travail. Tu dois toujours les suivre, sinon tu risques des sanctions. Je rajouterais enfin que tu ne dois pas prendre de trop longues pauses. Tu es surveillé constamment ici. C'est à peu près tout ce que j'ai à te dire.
Je vois. Mais pourquoi n'a t-on pas le droit de quitter les chemins balisés ?
Ce sont les voies d'accès les plus rapides jusqu'à nos postes. C'est pour améliorer notre productivité.
Rémy hocha la tête en soupirant. Il se demandait encore si il était en train de rêver ou non. Finalement, les deux hommes retournèrent au charbon, le visage fermé.
JvArchive compagnon