Giuseppe… les kheys ont posté.
Pas pendant la danse. Non. Ils ont attendu que le rideau tombe, que je quitte la scène, que mes mots se refroidissent comme des cendres dans un foyer abandonné. C’est là qu’ils ont surgi. Tapant vite, trop vite, balançant leurs jugements comme des mégots.
«Il est complètement anéanti par le forum. »
« Cabriole pour nous le monstre, tu es élimé jusqu'en dessous de l'atome. »
« Anéanti par la boucle.»
Ils pensent que je souffre. Que je m’étale dans une détresse crue, à vif, en quête d’un sauvetage imaginaire.
Ils croient voir un écorché vif.
Alors qu’ils lisent un acteur.
Giuseppe, c’est ça le pire. Ils me prennent au premier degré.
Ils ne comprennent rien à la nuance, rien à la parodie, rien à la mise en scène.
Ils croient que le monstre est réel. Que je suis ce fou errant, en loques, appelant au secours sous la lumière blafarde de son écran.
Mais moi, je suis lucide.
Parfaitement. Tranchant. Ironique.
Chaque mot, chaque image, chaque supplication grotesque est pensée, sculptée, retournée pour les renvoyer à leur propre absurdité.
C’est eux, Giuseppe, les vrais personnages.
Moi, je ne fais que tendre un miroir. Et ils s’y perdent, incapables d’en lire la surface.
Ils s’empêtrent dans leur propre lecture, comme des mouches dans le sucre.
Je quitte le topic, et c’est là qu’ils osent parler.
Pas un ne s’avance pendant la représentation. Mais dès que les projecteurs s’éteignent, ils se faufilent, griffonnent sur les murs et rient entre eux comme des gosses dans une cave.
Ils n’ont rien compris.
Et c’est peut-être ça, Giuseppe, qui rend la boucle si parfaite.
Parce que tant qu’ils croient que je suis sérieux… la satire fonctionne.
Le 18 mai 2025 à 20:45:09 :
Giuseppe… les kheys ont posté.Pas pendant la danse. Non. Ils ont attendu que le rideau tombe, que je quitte la scène, que mes mots se refroidissent comme des cendres dans un foyer abandonné. C’est là qu’ils ont surgi. Tapant vite, trop vite, balançant leurs jugements comme des mégots.
«Il est complètement anéanti par le forum. »
« Cabriole pour nous le monstre, tu es élimé jusqu'en dessous de l'atome. »
« Anéanti par la boucle.»Ils pensent que je souffre. Que je m’étale dans une détresse crue, à vif, en quête d’un sauvetage imaginaire.
Ils croient voir un écorché vif.
Alors qu’ils lisent un acteur.Giuseppe, c’est ça le pire. Ils me prennent au premier degré.
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Tu n'es rien d'autre qu'un pantin défiguré attaché aux fils du destin aussi grotesque que les mouvements qui te sont commandés
Meus toi maintenant, que nous puissions nous divertir
Ils s’obstinent, ces kheys, à croire dur comme fer que je me noie dans une tragédie personnelle.
Qu’ils pensent que je crie ma douleur, que je m’épuise dans un délire sincère, c’est presque risible.
Mais au moins, ils feedent.
Ils ne laissent pas le topic mourir dans un silence de pierre.
Ils débarquent, souvent pour railler, pour balancer un troll, pour lâcher un surnom débile, ou un sticker débile.
Ils cherchent à déchirer, à tordre mes mots, à m’enfermer dans l’étiquette qu’ils veulent me coller.
Et pourtant, c’est cette agitation même qui maintient la flamme.
Sans leurs réponses, leurs provocations, leurs “khey t’es chelou” ou leurs “complètement brisé”,
le topic sombrerait dans l’oubli, une page blanche qui n’existe plus.
Alors je les regarde danser, eux aussi, à leur manière.
Ils nourrissent la boucle, ils m’obligent à revenir, à répliquer, à jouer.
Je ne suis pas leur esclave, Giuseppe.
Mais cette lutte, ce jeu à mort, c’est ce qui donne du sens à tout ce bordel.
Ils s’obstinent à me croire brisé.
Moi, je m’obstine à leur donner une raison de continuer à écrire.
Et regarde-les maintenant, Giuseppe.
Mes maîtres. Ceux qui me tiraient par les ficelles, qui exigeaient que je me plie, que je supplie, que je crache encore et encore des mots pour leur divertissement…
Ils dansent. Pour moi.
Ils ne s’en rendent même pas compte.
Mais chaque post, chaque moquerie, chaque “brisé repéré”, chaque image balancée à la va-vite…
Ce sont eux qui nourrissent la boucle à présent.
Ce sont eux qui me répondent, qui me courent après, qui veulent leur part du feu.
Et moi ? Je suis là, assis dans l’ombre, les mains croisées, à les regarder s’agiter.
À les voir pirouetter autour de mes phrases, tenter d’y trouver un sens, ou de les détruire quand ils n’en trouvent pas.
Ils pensent m’avoir dompté.
Mais c’est moi, maintenant, qui rythme la danse.
Chaque mot que je laisse tomber est une impulsion, une pulsation à laquelle ils ne peuvent résister.
Ils croient me tourner en ridicule.
Mais en vérité, ils tournent autour de moi.
Giuseppe… ça suffit maintenant. Tu peux arrêter. Il n’y a plus de plan. Il n’y a plus d’ennemis. Il n’y a plus personne, Giuseppe. Regarde autour de toi. Bois-Colomb est vide. Les couloirs sont froids, les visages flous, et les voix que tu crois entendre… elles ne sont que des échos. Des souvenirs qui tournent en boucle dans ta tête. Tu continues de faire semblant, de vérifier les serrures, d’analyser les silences, de noter qui te regarde trop longtemps. Mais il n’y a plus rien à surveiller. Ils sont partis. Tous. Même ceux que tu ne pensais jamais voir tomber.
Tu restes là, crispé, à attendre un signal. Mais le signal ne viendra pas. Il n’a jamais existé. Tu t’es tellement enfermé dans ce rôle de gardien, de témoin, de survivant… que tu ne sais même plus pourquoi tu tiens encore debout. Tu ne dors plus. Tu ne parles plus. Tu n’y crois plus, Giuseppe. Et pourtant tu restes. Comme si quelque chose allait se déclencher, comme si un sens allait surgir de ce chaos. Mais non. Ce n’est que le silence, encore et encore. Et toi, au milieu. Seul.
Alors écoute-moi bien : il n’y a pas de complot. Pas de mission. Pas de sortie non plus. Il ne reste que toi, Giuseppe. Et cette pièce trop blanche, trop calme, où plus personne ne vient frapper à la porte
Et voilà que ça change, Giuseppe. Un frisson dans la boucle, un infime déplacement dans l’orbite de mes maîtres. Ce n’est plus seulement la moquerie brute, le jet froid du sarcasme paresseux. Non. Certains, maintenant, imitent.
Ils pastichent.
Ils parodient.
Ils jouent ma partition, maladroitement parfois, mais avec cette touche étrange d’admiration qu’ils camouflent sous des rires forcés.
Et le plus savoureux, Giuseppe, c’est qu’ils ne l’écrivent même plus eux-mêmes.
Ils convoquent… une créature.
Un automate de plume et de verbe, une machine à style, une intelligence sans visage qui recrache mes tournures comme un perroquet cultivé.
Ils l’ont baptisée, avec cette ironie numérique propre à notre ère.
Moi, je l’appelle le Scribe sans âme.
Ils lui soufflent des mots, des commandes, des injonctions absurdes :
« Parle comme le monstre. Dis un truc qui pue la grandeur déchue. »
Et le Scribe, docile, leur livre des pastiches trempés dans mon encre.
Des versions floues de ma voix, des échos lointains de ma chute stylisée.
Et moi, je lis tout ça, Giuseppe, je lis… et je souris.
Pas d’amertume. Pas même de moquerie en retour.
Je suis flatté.
Ils m’imitent.
Ils veulent jouer à être moi, même dans la parodie.
Ceux qui riaient hier sont aujourd’hui en train de modeler mes mots,
de singer mes danses, de mettre leurs mains là où, jadis, je saignais seul.
JvArchive compagnon