Plutarque Vies des hommes illustres
Périclès était de la tribu Acamantide, du dème de Cholarge ; et il descendait, par son père et par sa mère, des maisons les plus distinguées et des plus anciennes races. Xanthippe, celui qui vainquit à Mycale les généraux du roi de Perse[3], avait épousé Agariste, issue de ce Clisthène qui chassa les Pisistratides, et qui, après avoir courageusement détruit la tyrannie, institua des lois, et rendit à Athènes la concorde et la sécurité, par de sages réformes dans le gouvernement. Agariste songea qu’elle avait accouché d’un lion ; et, quelques jours après, elle mit Périclès au monde. Bien conformé dans tous ses membres, l’enfant avait seulement la tête un peu oblongue et mal proportionnée. C’est pour cela sans doute que presque toutes les statues de Périclès ont le casque en tête : les sculpteurs auront craint de faire ressortir ce défaut. Mais les poëtes athéniens l’appelaient publiquement Schinocéphale ; car le mot schinos est aussi employé pour skilla, oignon marin[4]. Un poëte comique, Cratinus[5], fait allusion à Périclès, dans ce passage de sa pièce des Chirons : « De l’union de la Sédition et du vieux Saturne, naquit un immense tyran, que les dieux appelèrent Cephalégérétas[6] ; » et dans celui-ci, de sa Némésis : « Viens, Jupiter hospitalier, tête fortunée[7]. » - « Périclès, dit Téléclide[8] ne sait plus que devenir : tantôt il demeure assis dans la ville, soutenant de ses mains son crâne pesant ; et tantôt, de son énorme tête, il fait jaillir un bruit de tonnerre. » Eupolis[9], dans ses Dèmes, suppose que tous les démagogues reviennent sur la terre, et il demande tour à tour leur nom à celui qui les ramène ; et, comme c’est le nom de Périclès qui arrive le dernier, il dit :
Enfin, la tête sort donc des enfers !
La plupart des auteurs donnent à Périclès, pour maître de musique, Damon, dont le nom a, selon eux, la première syllabe brève ; mais, suivant Aristote, c’est à l’école de Pythoclide qu’il apprit la musique. Il paraît que ce Damon était un sophiste fort habile, qui se couvrait du titre de musicien, pour cacher au vulgaire son véritable talent. Il s’attacha à Périclès comme les maîtres d’escrime et les frotteurs d’huile s’attachent à l’athlète ; mais c’était pour le former à l’escrime politique. On s’aperçut, au reste, que la lyre de Damon n’était qu’un prétexte imposteur, sous lequel il cachait ses machinations sourdes et son dévouement à la tyrannie ; et, banni par l’ostracisme, Damon devint l’objet des sarcasmes des poëtes comiques. Platon[10], dans une de ses pièces, lui fait adresser cette question, par un de ses interlocuteurs :
Dis-moi d’abord, je t’en prie, n’est-ce pas toi,
Ô Chiron ! qui as fait, comme on le dit, l’éducation de Périclès ?
Périclès assista aussi aux leçons de Zénon d’Élée, physicien de l’école de Parménide. Zénon portait, dans la controverse, une force de raisonnement, ou plutôt une subtilité d’arguties, qui embarrassait tous ses adversaires ; et c’est pourquoi Timon le Phliasien[11]) a dit de lui :
L’homme aux deux langues, puissance infaillible,
Zénon, vainqueur dans toute dispute.
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- Loose-Sutures
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- 7 septembre 2024 à 04:18:44
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