Plutarque Vies des hommes illustres
Voici l’autre récit, celui qu’ont adopté presque tous les historiens.
Camille, nommé dictateur pour la troisième fois, ayant appris que l’armée commandée par les tribuns militaires était assiégée dans son camp par les Latins et les Volsques, fut forcé d’enrôler sous les armes même des hommes qui n’étaient plus en âge de servir. Il tourna, par un long circuit, le mont Marcius, alla placer son camp derrière les ennemis ; sans être aperçu, et fit allumer de grands feux, pour avertir les assiégés de sa présence. Ceux-ci reprennent courage à cette vue, et ils s’apprêtent à faire une sortie, et à attaquer l’ennemi. Mais les Latins et les Volsques se tintent à couvert dans leur camp, et ils se fortifièrent de tous les côtés par de bonnes palissades en croix, enfermés qu’ils se voyaient entre deux armées. Dans cette position, ils résolurent d’attendre de nouvelles troupes de leurs pays, et le secours des Étrusques. Camille, qui pénétra leur dessein, et qui craignait de se voir enveloppé à son tour, se hâta de prévenir l’événement. Les retranchements de l’ennemi étaient construits entièrement en bois ; et il s’élevait tous les matins un grand vent du côté des montagnes : Camille fait préparer une ample provision de torches ; et, dès le point du jour, il met son armée sur pied. Il ordonne à un corps de troupes de s’armer de traits, et d’assaillir l’ennemi d’un côté, en jetant de grands cris : pour lui, il se poste, avec ceux qui doivent lancer les feux, à l’endroit d’où le vent avait coutume de souffler de toute sa force, et il attend le moment favorable. L’attaque était engagée de l’autre côté ; le vent, au lever du soleil, se mit à souffler avec violence : à ce moment, Camille donne le signal aux siens, qui font pleuvoir dans les retranchements une grêle de traits enflammés. Le feu prit aisément à ces pieux de bois serrés les uns contre les autres, et garnis d’autres bois posés en travers ; et l’incendie se communiqua rapidement à toute l’enceinte. Les Latins n’avaient à leur disposition rien qui pût l’éteindre, ou en arrêter les progrès ; et tout leur camp fut bientôt en flammes. Ils se ramassèrent d’abord dans un espace étroit ; mais force leur fut bien d’en sortir, et ils tombèrent entre les mains des ennemis, rangés en bataille devant les retranchements. Il n’en échappa qu’un très-petit nombre ; et ceux qui restèrent dans le camp furent presque tous consumés par les flammes. Enfin, les Romains éteignirent le feu pour piller.
Les textes en grec et traduits, accès gratuit.
https://agoraclass.fltr.ucl.ac.be/concordances/intro.htm
PÉRICLÈS. (Né en l’an 494 environ et mort en l’an 429 avant J.-C.)
César voyant, à Rome, de riches étrangers qui allaient partout portant dans leur giron de petits chiens et de petits singes, et les caressant avec tendresse, s’enquit, dit-on, si, dans leur pays, les femmes ne faisaient pas d’enfants. C’était une façon tout impériale de reprendre ceux qui dépensent, sur des bêtes, ce sentiment d’amour et d’affection que la nature a mis dans nos cœurs, et dont les hommes doivent être l’objet. Puisque notre âme est naturellement curieuse et avide d’apprendre, n’est-il pas raisonnable aussi de blâmer ceux qui abusent de cette disposition, et qui la tournent vers des choses indignes de notre attention et de nos soins, insouciants de ce qui est vraiment beau et utile ? Les sens reçoivent une impression du contact des choses extérieures : c’est donc peut-être une nécessité que les sens s’arrêtent à considérer tout ce qui les frappe, utile ou non. Quant à l’entendement, il nous est aisé, si nous en voulons faire usage, de le tourner vers le but qui nous plaît, ou de l’en détourner à l’instant. Notre devoir est donc de poursuivre ce qu’il y a de meilleur ; et il s’agit, non-seulement de contempler le but, mais de trouver un aliment dans cette contemplation même. Les couleurs qui flattent le plus nos yeux, et qui sont comme l’aliment de la vue, se forment d’un agréable mélange de douceur et de vivacité : choisissons de même, pour notre esprit, des spectacles qui le charment, tout en le conduisant au bien qui lui est propre. Telles sont les actions vertueuses, dont le récit excite en nous une vive émulation et un désir de les imiter. Au reste, parce que nous admirons une chose, ce n’est pas toujours pour nous un motif de la faire ; et souvent même, en prenant plaisir à l’œuvre, nous méprisons l’ouvrier : ainsi, l’odeur des parfums et la vue de la pourpre nous causent du plaisir ; et pourtant nous mettons l’art du parfumeur et celui du teinturier au rang des professions mécaniques et des métiers. Aussi le mot d’Antisthène[1] est-il plein de sens. On lui vantait le talent du joueur de flûte Isménias : « Fort bien, dit-il ; mais c’est un homme de rien, sinon ce ne serait pas un excellent joueur de flûte. » Alexandre, dans un festin, avait touché du luth agréablement, et en homme qui s’y entendait : « N’es-tu pas honteux de jouer si bien ? » lui dit Philippe. C’est assez, en effet, pour un roi, qu’il fasse aux chanteurs l’honneur de les écouter, s’il en a le loisir ; et il accorde beaucoup aux Muses, lorsque seulement il veut bien assister comme spectateur à de tels exercices.
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- Loose-Sutures
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- 7 septembre 2024 à 04:18:44
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