[RISITAS] Il part refaire sa vie à l'étranger et finit SDF
SuppriméChapitre 12-1 : Hermite Dream
Le temps passe vite et me voici dans l’avion, direction la France
Le plan ? Louer un Airbnb (encore !), revoir Eva (qui a rejoint son père entre-temps) et m’installer dans la forêt à côté de là où elle est, le temps de trouver un logement
Après avoir enchainé 2300 km en train, avion, covoiturage et bus, j’arrive dans le Airbnb le moins cher que j’ai trouvé
J’y réserve 4 nuits, histoire d’avoir le temps de revoir Eva et de préparer mon hermitage (acheter du matériel et trouver un endroit confortable dans les montagnes où m'installer)
Quand je pars explorer lesdites montagnes, une question surgit du tréfonds des ténèbres : “Attends, mais pourquoi je veux revoir Eva en fait ?”
Me voici marchant seul, dans les bois et totalement confus sous le soleil d’hiver (soleil d’hiver du sud cependant)
Je me retrouve réduit à l’état de fantôme, d’âme errante, je suis paumé, je ne sais plus ce que je veux
Ça fait presque 3 mois que je m’accroche à cet espoir de revoir un jour Eva et, quand j’approche enfin du but, j’ai oublié mes motivations
Le cœur et l’esprit torturé, je continue à marcher à la recherche d’un bout de forêt où m’isoler durablement
Les heures passent… et, sur le chemin du retour, mon intuition fait une percée…
Pourquoi ma relation avec Eva était-elle si belle ?
Pourquoi je m’y suis tant accroché ?
Quel était le narratif qui m’a animé depuis le jour de notre rencontre ?
C’est simple, nous étions deux êtres à l’enfance tragique et totalement inadaptés à la société
Mais, une fois réunis, tout sentiment de décalage disparaissait… ensemble, nous avons découvert le bonheur
Et ce bonheur devait être le socle sur lequel nous épanouir tous les deux
Notre relation devait inverser la tendance dépressive de nos vies pour nous hisser jusqu’aux plus hauts sommets…
Ce narratif bien en tête, je la retrouve deux jours plus tard à la gare de Collioure
La vie dans la forêt (car oui, elle vit dans la cabane de son père désormais) a l’air de lui faire du bien
Son visage rayonne, j’ai l’impression d’être face à un ange et l’ange en question me sourit
Pour autant, elle reste distante, je sens que rien n’est gagné et qu’elle “en a gros” sur le cœur
Elle m’explique qu’elle a vraiment très mal vécu la période où j’étais à l’armée
Alors qu’elle était seule, inactive et que ça se passait très mal chez sa mère, moi, j’avais l’air de m’éclater (ce qui n’est pas exact) et de ne pas me préoccuper d’elle (ce que je peux difficilement nier)
Elle me reproche aussi mon manque d’attention à son égard (ou mon incompétence relationnelle plus concrètement)
En guise d’exemple, elle me rappelle qu’après avoir été dans un refuge en montagne avec l’armée, le seul message que je lui ai envoyé était la photo d’une assiette de semoule, sans texte
J’aurais effectivement pu lui envoyer ça à la place :
Ou encore ça (ça va, je rigole…) :
Bref, à la fin de l’entrevue, on ne s’embrasse pas, mais quand elle s’éloigne, je lui envoie un baiser en soufflant sur ma main…
Baiser auquel elle répond en faisant de même avec un grand sourire
Sur le chemin jusqu’à la gare, mon âme extatique fait résonner Sarie Mares dans les rues de Collioure
"O Sarie Mares, belle amie d'autrefois
En moi, tu demeures vive.
L'amour est plus fort que la pluie et que le vent.
Qui peut arrêter son élan ?"
Le lendemain, je dois rendre l’appart
Au lieu de directement me sédentariser quelque part dans la forêt, je pars pour une rando de 40 km et 2000m de dénivelé avec 2 nuits dans des refuges (gratuits)
Quelle différence y a-t-il entre un clochard et un randonneur qui bivouac ?
C’est comme la différence entre un tas de sable et quelques grains de sable : une question de quantité un peu floue
Le premier soir, je m’installe dans une mi-chapelle mi-cabane de berger au sommet d’une montagne
Quand la nuit tombe, je m’assois devant une feuille avec un stylo et je fais le point sur ma vie
Il y a 6 ans, 1 mois après avoir débuté mes études supérieures, j’étais sur le point de me barrer vivre dans la forêt
Seulement, un prof (de marketing) m’a convaincu de rester en me survendant une opportunité
2 mois plus tard, je commençais à boire seul tous les jours et à aller en cours bourré
Heureusement, j’ai rapidement eu un accident de voiture avec 2g d’alcool dans le sang en pleine après-midi
Je suis arrivé à 120 km/h dans un petit virage de campagne sous une pluie battante et, quand j’ai vu le compteur, j’ai délibérément laissé le pied à fond sur l’accélérateur
Je suis donc allé m’encastrer dans un arbre, la voiture était HS, mais je m’en suis sorti avec seulement quelques bleus aux genoux
Après que la dépanneuse m’ait ramené chez moi, j’ai mis mes bouteilles de bière, de vin et une de rhum blanc à moitié entamée qui me restaient dans un sac et suis allé le donner à un camarade de classe
Résultat, je ne suis pas devenu alcoolique
Et, aujourd’hui, 6 ans plus tard, voilà que je me barre enfin dans la forêt
Pour l’heure, je suis dans une cabane en pierre à 1000m d’altitude, devant une feuille blanche et je me demande ce qu’aurait été ma vie si ce prof ne m’avait pas retenu
En posant par écrit mes pensées, j’ai l’impression d’être face à une singularité : je suis là où j’aurai toujours dû être
J’arrive peut-être avec 6 ans de retard, mais je passe enfin ce foutu checkpoint et la console sauvegarde enfin ma progression
Malgré l’incertitude totale de l’avenir (c’est flou avec Eva et je ne sais pas ce que je vais faire les prochains mois, ni où je dors les prochains jours), je me sens apaisé
Après 1h à naviguer dans mes pensées à la lumière de ma lampe frontale, je conclus la question : “À quel point ma vie aurait été différente si j’étais parti dans la forêt il y a 6 ans ?”
La réponse ? C’est qu’il n’y a pas de réponse
Oui, si j’étais parti il y a 6 ans, ma vie aurait surement été beaucoup plus heureuse et épanouie
Mais ce n’est pas arrivé et le passé est ce qui est arrivé
La seule chose que je peux faire aujourd’hui est d’accepter là où j’en suis et d’aller de l’avant
22h arrive et je me couche dans mon duvet en chien de fusil sur les plaques de bois qui trainent
Après une relative bonne nuit de sommeil, je longe la frontière espagnole et atterris dans un refuge où un collectif de pécheurs prépare un barbecue
Évidemment, ils ont prévu beaucoup trop de bidoche par personne et m’invitent à partager leur repas avec eux
Je délaisse donc sans scrupules mon pain de mie et mon fromage industriel pour m’empiffrer de toutes sortes de viandes délicieuses en contemplant la simplicité du francus commun
Le lendemain, je redescends dans la plaine et enchaine un train et un bus pour 1€ chacun
Ouais, en Auvergne, faire 30 km en train coute en 8€, alors que dans certaines régions, ça coute 1€
Et il y a même des mini-bus à la demande qui vous emmènent dans les coins les plus reculés des Pyrénées pour… 1€ (et encore, 1€, c’est sans abonnement !)
Ouais, j’ai été une putain de victime des injustices du communisme toute ma vie…
Bref, quand je sors du bus, je me retrouve dans une petite ville proche des montagnes et il est temps de trouver un endroit où installer mon hermitage
Chapitre 12-2 : Hermite Dream
Bref, quand je sors du bus, je me retrouve dans une petite ville proche des montagnes et il est temps de trouver un endroit où installer mon hermitage
Je marche, je marche… je parcours les chemins avec mon épée Durandil…
Je marche depuis 1h et la nuit commence à tomber, il faut que je me dépêche
Après le départ d’un petit sentier, je trouve un passage dans un taillis et arrive dans un endroit à peu près dégagé
Littéralement au moment où je finis d’installer mon hamac, je reçois un message du pote que j’avais revu en Bulgarie :
“Salut, je viens d’arriver à Dubaï et j’ai revu Victor [un pote en commun]. On a parlé de toi et il est prêt à te payer le billet d’avion pour que tu nous rejoignes.”
Je l'appelle et il me raconte un peu ce qu’ils foutent à Dubaï
Quand on raccroche, je m’allonge dans mon hamac et rentre dans mon duvet
En contemplant les étoiles (je n’ai pas encore de bâche), je rigole comme un débile en me disant que ma vie n’a vraiment aucun sens
Le lendemain soir, il annonce de la pluie, donc j’achète une bâche et l’installe
Dans les jours qui suivent, on s’appelle avec le fameux Victor
Tout au long de l’appel, il me répète : “Fais de la tune putain !” et me dit qu’il n’y a que 2 profils qui réussissent :
- Ceux qui cherchent à faire de la tune comme des bourrins
- Et ceux qui sont passionnés par un truc depuis gamin et qui font un exit (vente de leur entreprise ou de leurs actions, en gros) à plusieurs millions
Je lui dis que j’ai un projet et que j’espère pouvoir faire partie de la seconde catégorie
Quant à sa proposition, fondamentalement, je ne suis pas prêt à les rejoindre à Dubaï à cause d’un mélange de faiblesse et d’égo
Et puis, je suis en train de vivre un (très) vieux rêve : vivre dans la forêt
À ce moment-là, mon plan est simple
- Trouver un appart d’ici 2 semaines (3 max)
- Revoir Eva
- Finir d’écrire le guide sur les relations du Commando Underground en attendant de réaliser les 2 précédents objectifs
Je commence donc à chercher un appart et je continue d’écrire le guide sur les relations
Comment se passe la vie dans la forêt ?
La plupart du temps, au plus froid de la nuit, il fait 1 ou 2°C
Résultat, je me réveille plus ou moins toutes les 1h30
Les nuits à -3°C je me réveille plus souvent et, quand on dépasse les 4°C, j’arrive à enchainer 3h d’affiliées ou plus
Le vent, la pluie, l’humidité et mon alimentation joue aussi particulièrement
Mais j’ai de la chance, il ne pleut quasiment pas
Autrement, je devrais racheter des bâches, parce qu’en l’état, l’eau ruisselle le long des troncs jusque sur mon hamac
Et le contact de la bâche humide avec mon duvet finit par l’humidifier sérieusement
Mais je ne peux pas vraiment faire mieux avec ce que j’ai et, au bout du compte, ça passe, j’arrive à dormir à peu près correctement
Par contre, un jour sur deux, je dois me lever pour aller pisser au milieu de la nuit
La sortie du duvet et de mon abri de fortune humide à 3h du mat est un enfer
Je pourrais acheter une bouteille avec un gros goulot pour me vider sans sortir du duvet, mais ce campement est censé être temporairement
Normalement, dans 2 semaines, j’ai un appart, je dors au chaud et tout sera rentré dans l’ordre avec Eva…
À quoi ressemble mes journées à ce moment-là ?
Réveillé entre 6-8h, sans être capable de me rendormir, je lis sur ma Kindle jusqu’à 9h avant de partir à la bibliothèque qui ouvre à 10h
Je marche en chantant pendant 45 min en commençant par Le Bataillonnaire
"Qui voulez-vous qui nous regrette.
Puisque c'est nous les réprouvés."
Arrivé dès l’ouverture, je me pose à la bibliothèque avec mon ordi (dont la batterie est morte) en utilisant le partage de connexion de mon tel
À midi (horaire de fermeture), je marche 15 min pour aller manger sur le banc d’un Lidl en lisant Une histoire populaire de la France
Puis, quand la bibliothèque rouvre à 14h, j’y retourne et reste jusqu’à 18h avant de rentrer dans mon hermitage
Une fois “au chaud” dans mon duvet, je mange et lis jusqu’à 21-22h
Ça, c’est la V1 de mes journées
Problème, après une semaine idyllique, l’écran de mon tel rend l’âme…
Or, je dois aller à une réunion de l’école 42 pour finaliser mon inscription quelques jours plus tard et, sans tel, je n’aurais pas Google Maps, ni le QR code qui permet de rentrer dans l’école
Mais surtout, je ne peux plus appeler les proprios d’appartement ni utiliser pleinement mon ordi sans internet (et il n’y a pas de wifi dans cette bibliothèque de campagne)
L’hermite dream se transforme en clodo nightmare
J’ai l’impression d’être un migrant qui vient d’arriver dans un nouveau pays et qui se retrouve livré à lui-même
Chapitre 12-3 : Hermite Dream
L'hermite dream se transforme en clodo nightmare
J’ai l’impression d’être un migrant qui vient d’arriver dans un nouveau pays et qui se retrouve livré à lui-même
Après des heures de recherche et de réflexion, je décide de faire changer l’écran de mon tel en allant dans la grande ville d’à côté
Après 30 min de bus, j’arrive donc dans le quart-monde à Perpignan et confis mon tel à un respectable artisan de la maison SEB117
Quelques jours plus tard, c’est l’heure de la réunion à l’école 42
Problème, ça fait presque 2 semaines que je ne me suis pas douché, mes vêtements sentent les épices et, mes chaussures, le fromage
Mais qu’à cela ne tienne, j’ai une tenue et des chaussures propres que j’ai cachées dans la forêt juste avant de revoir Eva
Je vais donc les chercher avant de retourner dans le quart-monde à Perpignan
N’ayant pas de tel, donc pas Google Maps, je dessine une carte d'un bidonville de New Delhi de Perpignan sur mon carnet, avec 3 check points :
- Les douches publiques
- La bibliothèque
- L’école 42
J’arrive aux douches publiques à la frontière du paisible quartier Saint-Jacques sans encombre
Par contre, elles n’ouvrent pas avant plusieurs heures (les horaires n’étaient pas disponibles en ligne)…
Je décide donc d’aller tuer quelques heures à la bibliothèque en suivant le brouillon qui me sert plan
Résultat, après 10 min à tourner en rond, je suis paumé et vais demander mon chemin à une veille dame…
Mais elle est tout aussi paumée que moi et n’a pas de tel non plus
C’est alors que la vieille dame alpague une jeune femme métisse qui arrive vers nous en promenant son chien
“Holà noble demoiselle, nous sommes d’humbles badauds égarés, auriez-vous l’amabilité de nous guider dans les méandres de votre cité ?”
Ok, elle l’a pas dit comme ça, mais vous voyez l’idée
Finalement, la mi-Martiniquaise, mi-Aveyronnaise (appelons-la Noémie) nous réoriente et me propose de me conduire jusqu’à la bibliothèque, ce que je ne refuse pas
Après 30 sec de discussion (sans que je n’ai strictement rien dit qui ai pu l’influencer dans ce sens), elle commence à me parler de René Guénon et je souris face à la coïncidence
Le premier livre que j’ai écrit s’intitule Une philosophie éternelle et explicite la philosophia perennis proche, naturellement, du Pérennialisme de Guénon
Bref, l’échange se passe évidemment très bien et, quand je lui présente ma situation :
“Alors, il y a 4 mois, j’étais à l’armée, après, j’étais en Bulgarie et là, je vis dans la forêt.”
Je vois bien que je ne la laisse pas indifférente
Arrivé devant la bibliothèque, je récupère donc son numéro par acquit de conscience (sur un tel à touches que j’ai acheté 20€ la veille)
Noémie ne m’attire pas particulièrement intellectuellement et physiquement, mais ça ne me coute rien de prendre son contact et, qui sait, peut-être que ça me servira
Après quelques heures à la bibliothèque, il est l’heure d’aller à la douche
Je me présente alors devant la matrone des douches publiques avec mon bonnet de clodo, mon jogging de ksos, ma montre 1er prix décathlon, pas rasé et puant la mort
10 min plus tard, je la recroise, lavé, rasé, peigné, avec une chemise blanche, un chino bleu marine, des sneakers blanches presque neuves et une petite montre élégante au poignet
En 10 min, l’immonde clochard s’est métamorphosé en un petit bourgeois en école de commerce, je suis un nouvel homme
Maintenant, encore un problème, à l’heure où se terminera la réunion à l’école 42, il n’y aura plus de bus pour me ramener dans ma forêt… et je n’ai nulle part où dormir
À la base, j’imaginais marcher toute la nuit pour ne pas avoir froid, mais, hé, j’ai le numéro de Noémie, donc je lui demande si elle pourrait m’héberger ce soir
J’arrive ainsi à la réunion de l’école 42 apaisé : “Je vais dormir au chaud ce soir !”
Mais, au milieu de la réunion, je reçois un message : “Je suis vraiment désolé, ma copine vient de me faire une crise de jalousie quand je lui ai parlé de toi, je ne vais pas pouvoir t'héberger ce soir… encore désolé.”
Ouais, Noémie était bi, en couple avec une autre femme (d’ailleurs, elle m’expliquera plus tard que ma rencontre a précipité leur séparation)
Face à son message, je passe de “dormir au chaud” à “marcher pendant 10h pour ne pas crever de froid dans la rue”
Mais j’ai l’habitude des déceptions, donc le choc est léger
Désinvolte, je lui propose quand même un massage tantrique à elle et sa copine en échange de pouvoir dormir par terre chez elles
Elle me répond que si ça ne tenait qu’à elle, elle aurait accepté avec grand plaisir
Bref, c’est mort, mais, parmi les individus présents à l’école 42, je trouve un “niakoué” (il s’est désigné lui-même comme ça en rigolant) qui me ramène en voiture pas trop loin de “chez mes grands-parents” (ouais, j’avais la flemme de lui raconter ma vie, donc j’ai inventé une histoire alternative)
2 jours plus tard, je retourne dans le quart-monde (comique de répétition… mais, en France, les gamins ne pissent pas contre les murs de la gare devant tout le monde sans gêne) récupérer mon tel et débute alors la V2 de mes journées dans la forêt
La différence fondamentale avec la V1, c’est que je vais aller squatter la BU (Bibliothèque Universitaire) de Perpignan dont les horaires d’ouverture sont beaucoup plus larges (contrairement à bibliothèque de campagne où j’allais)
Le matin, je marche donc 40 min, prends un premier bus pendant 25 min, puis un autre pendant 10 min, puis marche encore 10 min pour arriver enfin à la BU et, le soir, à 18h30, je fais le chemin inverse
En partant assez tôt, ça me fait quasiment 10h à pouvoir bosser efficacement à la BU
Évidemment, pour profiter au maximum de ce temps, je mange uniquement pendant les 2x40 min de marche que j’ai entre mon campement et l’arrêt de bus
En rentrant le soir, je me fais des grosses tartines de pâté pas cher sur un banc avec les mains qui gèlent et me l’enfilent en marchant sous les étoiles
Et, le matin, quand je ne chante pas, je mange en contemplant les montagnes enneigées au loin sur le chemin
Là, vous voyez les semaines passées et vous vous demandez peut-être pourquoi je n’ai pas encore revu Eva…
Eh bien parce que quelqu’un de sa famille a perdu temporairement la vue à cause d’un problème de santé et qu’elle a dû aller s’en occuper
Résultat, les semaines défilent, je passe mes journées à écrire à la BU, je visite quelques apparts, mais les agences immobilières me font poiroter et puis Eva fait l’anguille
Mais, un dimanche, je finis par craquer
Parce que oui, le dimanche, la BU est fermée et je me retrouve à passer la plus grande partie de la journée à lire dans mon duvet
Et, ce dimanche-là en particulier, le vent se déchaine… et, si vous avez lu d’autres de mes posts, vous savez que je suis extrêmement sensible au bruit
Mais là, même avec des boules quies, le bruit du vent dans les arbres qui fait aussi gigoter ma bâche me scie les nerfs
Résultat, à un moment, je pète un câble, je sors de mon duvet, j’enroule mon tapis de sol autour d’un arbre en l’attachant avec une ficelle et je commence à mettre des coups dedans
Bon, assez vite, j’arrête pour ne pas me blesser, je respire un grand coup et je décide que si je n’ai pas un appart à la fin de la semaine, je louerai un Airbnb
Ma problématique est triple, en étant dans la forêt
- Visiter des apparts est ultra-galère
- Je ne peux pas vraiment revoir Eva
- Et, surtout, je ne peux pas développer le Commando Underground
Je n’en ai peut-être pas beaucoup parlé, mais je suis obsédé par ce projet depuis des années
Quand je dis obsédé, je veux dire qu’en 6 ans, j’ai rédigé 6 manifestes (dont 2 livres de plus de 200 pages) et créé une multitude de petits groupes sur internet
Il y a un côté pathologique, ou autistique si vous préférez
Déjà, à l’école primaire, je pensais à créer des structures pour rassembler les gens et je voulais être maire de mon petit village
Mais, malheureusement, au fin fond de la campagne, sans internet, je n’avais pas grand monde à rassembler ni les moyens de le faire
Bref, mon problème principal dans la forêt, c’est que je suis bloqué dans le développement du Commando Underground (notamment parce que je n’ai pas de réseau, ni de batterie sous ma bâche)
Et il est hors de question que je laisse mon temps de vie se consumer pour des questions d’argent
La semaine passe, je visite un nouvel appart, mais le vendredi soir, je n’ai toujours pas de logement
Je loue donc un Airbnb pour 10 jours à partir du lendemain
C’est donc ma dernière nuit dans la forêt…
Eh bien, c’est la pire de toutes !
Quand je rentre dans la forêt le soir avec ma lampe frontale, je me mets à avoir peur du noir
Et, une fois couché, j’ai tellement froid que je n’arrive pas à dormir (alors que la température n’est pas pire que d’habitude) !
Je subis donc la vie comme un clochard toute la nuit, mais je me rassure, demain, je vais enfin dormir au chaud
Après une nuit au chaud, je me vautre dans le confort en regardant un film et je contacte Eva, qui accepte que l’on se voie à la fin de la semaine
Puis, je vais courir pour me remettre dans le bain
Deux jours passent et je commence à avoir une légère douleur au mollet
De loin le meilleur chapitre jusqu'à présent
Tu t'améliore
Le 12 janvier 2024 à 21:01:07 SDFtoElysium a écrit :
La partie 3 a sauté... si vous avez une idée de ce qui pose problème, dites le moi que j'arrange la chose![]()
Le surnom de l'individu qui t'as raccompagné de l'école 42 à chez tes "grands parents" je pense
et peut-être la comparaison avec les migrants au début du chapitre (c'est moins sur)
Très bon risitas au passage
Chapitre 12-3 : Hermite Dream
L'hermite dream se transforme en clodo nightmare
J’ai l’impression d’être un migrant qui vient d’arriver dans un nouveau pays et qui se retrouve livré à lui-même
Après des heures de recherche et de réflexion, je décide de faire changer l’écran de mon tel en allant dans la grande ville d’à côté
Après 30 min de bus, j’arrive donc dans le quart-monde à Perpignan et confis mon tel à un respectable artisan de la maison SEB117
Quelques jours plus tard, c’est l’heure de la réunion à l’école 42
Problème, ça fait presque 2 semaines que je ne me suis pas douché, mes vêtements sentent les épices et, mes chaussures, le fromage
Mais qu’à cela ne tienne, j’ai une tenue et des chaussures propres que j’ai cachées dans la forêt juste avant de revoir Eva
Je vais donc les chercher avant de retourner dans le quart-monde à Perpignan
N’ayant pas de tel, donc pas Google Maps, je dessine une carte d'un bidonville de New Delhi de Perpignan sur mon carnet, avec 3 check points :
- Les douches publiques
- La bibliothèque
- L’école 42
J’arrive aux douches publiques à la frontière du paisible quartier Saint-Jacques sans encombre
Par contre, elles n’ouvrent pas avant plusieurs heures (les horaires n’étaient pas disponibles en ligne)…
Je décide donc d’aller tuer quelques heures à la bibliothèque en suivant le brouillon qui me sert plan
Résultat, après 10 min à tourner en rond, je suis paumé et vais demander mon chemin à une veille dame…
Mais elle est tout aussi paumée que moi et n’a pas de tel non plus
C’est alors que la vieille dame alpague une jeune femme métisse qui arrive vers nous en promenant son chien
“Holà noble demoiselle, nous sommes d’humbles badauds égarés, auriez-vous l’amabilité de nous guider dans les méandres de votre cité ?”
Ok, elle l’a pas dit comme ça, mais vous voyez l’idée
Finalement, la mi-Martiniquaise, mi-Aveyronnaise (appelons-la Noémie) nous réoriente et me propose de me conduire jusqu’à la bibliothèque, ce que je ne refuse pas
Après 30 sec de discussion (sans que je n’ai strictement rien dit qui ai pu l’influencer dans ce sens), elle commence à me parler de René Guénon et je souris face à la coïncidence
Le premier livre que j’ai écrit s’intitule Une philosophie éternelle et explicite la philosophia perennis proche, naturellement, du Pérennialisme de Guénon
Bref, l’échange se passe évidemment très bien et, quand je lui présente ma situation :
“Alors, il y a 4 mois, j’étais à l’armée, après, j’étais en Bulgarie et là, je vis dans la forêt.”
Je vois bien que je ne la laisse pas indifférente
Arrivé devant la bibliothèque, je récupère donc son numéro par acquit de conscience (sur un tel à touches que j’ai acheté 20€ la veille)
Noémie ne m’attire pas particulièrement intellectuellement et physiquement, mais ça ne me coute rien de prendre son contact et, qui sait, peut-être que ça me servira
Après quelques heures à la bibliothèque, il est l’heure d’aller à la douche
Je me présente alors devant la matrone des douches publiques avec mon bonnet de clodo, mon jogging de ksos, ma montre 1er prix décathlon, pas rasé et puant la mort
10 min plus tard, je la recroise, lavé, rasé, peigné, avec une chemise blanche, un chino bleu marine, des sneakers blanches presque neuves et une petite montre élégante au poignet
En 10 min, l’immonde clochard s’est métamorphosé en un petit bourgeois en école de commerce, je suis un nouvel homme
Maintenant, encore un problème, à l’heure où se terminera la réunion à l’école 42, il n’y aura plus de bus pour me ramener dans ma forêt… et je n’ai nulle part où dormir
À la base, j’imaginais marcher toute la nuit pour ne pas avoir froid, mais, hé, j’ai le numéro de Noémie, donc je lui demande si elle pourrait m’héberger ce soir
J’arrive ainsi à la réunion de l’école 42 apaisé : “Je vais dormir au chaud ce soir !”
Mais, au milieu de la réunion, je reçois un message : “Je suis vraiment désolé, ma copine vient de me faire une crise de jalousie quand je lui ai parlé de toi, je ne vais pas pouvoir t'héberger ce soir… encore désolé.”
Ouais, Noémie était bi, en couple avec une autre femme (d’ailleurs, elle m’expliquera plus tard que ma rencontre a précipité leur séparation)
Face à son message, je passe de “dormir au chaud” à “marcher pendant 10h pour ne pas crever de froid dans la rue”
Mais j’ai l’habitude des déceptions, donc le choc est léger
Désinvolte, je lui propose quand même un massage tantrique à elle et sa copine en échange de pouvoir dormir par terre chez elles
Elle me répond que si ça ne tenait qu’à elle, elle aurait accepté avec grand plaisir
Bref, c’est mort, mais, parmi les individus présents à l’école 42, je trouve un franco-japonais qui me ramène en voiture pas trop loin de “chez mes grands-parents” (ouais, j’avais la flemme de lui raconter ma vie, donc j’ai inventé une histoire alternative)
2 jours plus tard, je retourne dans le quart-monde (comique de répétition… mais, en France, les gamins ne pissent pas contre les murs de la gare devant tout le monde sans gêne) récupérer mon tel et débute alors la V2 de mes journées dans la forêt
La différence fondamentale avec la V1, c’est que je vais aller squatter la BU (Bibliothèque Universitaire) de Perpignan dont les horaires d’ouverture sont beaucoup plus larges (contrairement à bibliothèque de campagne où j’allais)
Le matin, je marche donc 40 min, prends un premier bus pendant 25 min, puis un autre pendant 10 min, puis marche encore 10 min pour arriver enfin à la BU et, le soir, à 18h30, je fais le chemin inverse
En partant assez tôt, ça me fait quasiment 10h à pouvoir bosser efficacement à la BU
Évidemment, pour profiter au maximum de ce temps, je mange uniquement pendant les 2x40 min de marche que j’ai entre mon campement et l’arrêt de bus
En rentrant le soir, je me fais des grosses tartines de pâté pas cher sur un banc avec les mains qui gèlent et me l’enfilent en marchant sous les étoiles
Et, le matin, quand je ne chante pas, je mange en contemplant les montagnes enneigées au loin sur le chemin
Là, vous voyez les semaines passées et vous vous demandez peut-être pourquoi je n’ai pas encore revu Eva…
Eh bien parce que quelqu’un de sa famille a perdu temporairement la vue à cause d’un problème de santé et qu’elle a dû aller s’en occuper
Résultat, les semaines défilent, je passe mes journées à écrire à la BU, je visite quelques apparts, mais les agences immobilières me font poiroter et puis Eva fait l’anguille
Mais, un dimanche, je finis par craquer
Parce que oui, le dimanche, la BU est fermée et je me retrouve à passer la plus grande partie de la journée à lire dans mon duvet
Et, ce dimanche-là en particulier, le vent se déchaine… et, si vous avez lu d’autres de mes posts, vous savez que je suis extrêmement sensible au bruit
Mais là, même avec des boules quies, le bruit du vent dans les arbres qui fait aussi gigoter ma bâche me scie les nerfs
Résultat, à un moment, je pète un câble, je sors de mon duvet, j’enroule mon tapis de sol autour d’un arbre en l’attachant avec une ficelle et je commence à mettre des coups dedans
Bon, assez vite, j’arrête pour ne pas me blesser, je respire un grand coup et je décide que si je n’ai pas un appart à la fin de la semaine, je louerai un Airbnb
Ma problématique est triple, en étant dans la forêt
- Visiter des apparts est ultra-galère
- Je ne peux pas vraiment revoir Eva
- Et, surtout, je ne peux pas développer le Commando Underground
Je n’en ai peut-être pas beaucoup parlé, mais je suis obsédé par ce projet depuis des années
Quand je dis obsédé, je veux dire qu’en 6 ans, j’ai rédigé 6 manifestes (dont 2 livres de plus de 200 pages) et créé une multitude de petits groupes sur internet
Il y a un côté pathologique, ou autistique si vous préférez
Déjà, à l’école primaire, je pensais à créer des structures pour rassembler les gens et je voulais être maire de mon petit village
Mais, malheureusement, au fin fond de la campagne, sans internet, je n’avais pas grand monde à rassembler ni les moyens de le faire
Bref, mon problème principal dans la forêt, c’est que je suis bloqué dans le développement du Commando Underground (notamment parce que je n’ai pas de réseau, ni de batterie sous ma bâche)
Et il est hors de question que je laisse mon temps de vie se consumer pour des questions d’argent
La semaine passe, je visite un nouvel appart, mais le vendredi soir, je n’ai toujours pas de logement
Je loue donc un Airbnb pour 10 jours à partir du lendemain
C’est donc ma dernière nuit dans la forêt…
Eh bien, c’est la pire de toutes !
Quand je rentre dans la forêt le soir avec ma lampe frontale, je me mets à avoir peur du noir
Et, une fois couché, j’ai tellement froid que je n’arrive pas à dormir (alors que la température n’est pas pire que d’habitude) !
Je subis donc la vie comme un clochard toute la nuit, mais je me rassure, demain, je vais enfin dormir au chaud
Après une nuit au chaud, je me vautre dans le confort en regardant un film et je contacte Eva, qui accepte que l’on se voie à la fin de la semaine
Puis, je vais courir pour me remettre dans le bain
Deux jours passent et je commence à avoir une légère douleur au mollet
Le 12 janvier 2024 à 22:09:11 :
Le 12 janvier 2024 à 21:01:07 SDFtoElysium a écrit :
La partie 3 a sauté... si vous avez une idée de ce qui pose problème, dites le moi que j'arrange la chose![]()
Le surnom de l'individu qui t'as raccompagné de l'école 42 à chez tes "grands parents" je pense
![]()
et peut-être la comparaison avec les migrants au début du chapitre (c'est moins sur)Très bon risitas au passage
Le 12 janvier 2024 à 23:21:31 :
Le 12 janvier 2024 à 22:09:11 :
Le 12 janvier 2024 à 21:01:07 SDFtoElysium a écrit :
La partie 3 a sauté... si vous avez une idée de ce qui pose problème, dites le moi que j'arrange la chose![]()
Le surnom de l'individu qui t'as raccompagné de l'école 42 à chez tes "grands parents" je pense
![]()
et peut-être la comparaison avec les migrants au début du chapitre (c'est moins sur)Très bon risitas au passage
Mec j'ai tout lu, par contre je comprend pas ce que tu cherches dans la vie, et je crois que toi meme tu ne sais pas
sinon ce Victor a tout compris, faut maxer les pepettes puis tu te barres
"Dans les jours qui suivent, on s’appelle avec le fameux Victor
Tout au long de l’appel, il me répète : “Fais de la tune putain !” et me dit qu’il n’y a que 2 profils qui réussissent :
Ceux qui cherchent à faire de la tune comme des bourrins
Et ceux qui sont passionnés par un truc depuis gamin et qui font un exit (vente de leur entreprise ou de leurs actions, en gros) à plusieurs millions
Je lui dis que j’ai un projet et que j’espère pouvoir faire partie de la seconde"
Repense a ce que ce Victor ta dit, il sait de quoi il parle.
+ j'ai pas compris tu as pas demandé le rsa ?
Le 13 janvier 2024 à 08:48:51 :
Mec j'ai tout lu, par contre je comprend pas ce que tu cherches dans la vie, et je crois que toi meme tu ne sais passinon ce Victor a tout compris, faut maxer les pepettes puis tu te barres
"Dans les jours qui suivent, on s’appelle avec le fameux Victor
![]()
Tout au long de l’appel, il me répète : “Fais de la tune putain !” et me dit qu’il n’y a que 2 profils qui réussissent :
![]()
Ceux qui cherchent à faire de la tune comme des bourrins
Et ceux qui sont passionnés par un truc depuis gamin et qui font un exit (vente de leur entreprise ou de leurs actions, en gros) à plusieurs millions
Je lui dis que j’ai un projet et que j’espère pouvoir faire partie de la seconde"Repense a ce que ce Victor ta dit, il sait de quoi il parle.
+ j'ai pas compris tu as pas demandé le rsa ?
Je souhaite créer une religion, les biens matériels m'importent peu
Le 13 janvier 2024 à 14:39:49 :
Comme l'a dit un des vdd, je pense que ce sont les meilleurs chapitres que tu a écrit.
En fait, à l'origine, je pensais que ma vie n'intéresserait personne
Mais un pote m'a dit que, justement, raconter mes galères, ça pouvait intéresser, donc j'ai commencé à rédiger et partager un peu sur le forum
Mais j'imaginais les retours me dire : "on s'en branle de ta vie et de tes états d'âme, raconte-nous concrètement ce que tu fous"
Donc ce risitas a été un peu expéditif, jusqu'à il y a quelques jours où ma petite nuit et journée de marche dans la neige a débloqué un truc en moi
Bon, par contre, là, j'ai un peu trop d'énergie, je risque d'exploser en vol si je ne fais pas attention
Données du topic
- Auteur
- SDFtoElysium
- Date de création
- 6 décembre 2023 à 21:38:19
- Date de suppression
- 14 avril 2024 à 13:34:00
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