Ici on poste des beaux textes

Le 03 mai 2023 à 00:47:23 :

Le 03 mai 2023 à 00:45:56 :

Le 03 mai 2023 à 00:39:57 :

Le 03 mai 2023 à 00:38:52 GusFrime a écrit :

Le 03 mai 2023 à 00:30:13 :
Gus j ai mes poèmes en page 1 et 2, peux tu me roast arguments à l appui ? Merci

ok

Le 02 mai 2023 à 23:32:59 :
Obéis y moi, mon corps
Obéis à toi-même
Que la discipline
Sois ta vertu nouvelle.

Territoire vaste,
Jamais conquis.
Desseins cachés.

Je veux conquérir mon âme,
Régner en maître sur moi-même,
Qu'a ma volonté, je cède.

plusieurs répétitions sémantiques lourdes, marque des poètes amateurs en vers libres (quelle différence de fond et de forme entre " Je veux conquérir mon âme " et " Régner en maître sur moi-même " ? )

Le fond c'est du stoïcisme un peu gogole qui convainc personne.

Aucune finesse dans la forme, plusieurs occurences de mots auxquelles tu donnes aucun écho donc elles alourdissent le texte ( " Obéis y moi, mon corps " " Obéis à toi-même " ) et ta tentative de renversement de personne fonctionne pas.

L'ensemble de ton poème aurait pu être compris en un distique, mais tu as préféré l'étaler
Preuve venant de La mort du loup qui résume ton poème en un distique :

Fais énergiquement ta longue et lourde tâche
Dans la voie où le Sort a voulu t'appeler,

suicide toi

ah c'est toi qui joues le rôle du poète dark sasuke du topic

Salut Charles Guérin, fais gaffe car il est si tard là

C'est quoi tes poèmes préférés si tu as dix ans de lecture derrière toi ?

En ce moment je suis dans une boucle introspective et dépressive sur El desdichado de Nerval. Je relis le poème plusieurs fois par jour depuis 2 semaines

Les poèmes que j'ai le plus poncé c'est Le voyage de Baudelaire et L'ecclésiaste 1 de la Bible (j'ai d'ailleurs fait l'exégèse d'un de ses versets ici, cf j*archive)

Sinon j'ai pas de poème préféré, j'aime bien la verve pamphlétaire et irrévérencieuse de l'intro d'Un sourire à visage humain, j'aime bien les échos de Seul de Poe, j'aime bien la ballade métaphysique d'Eleusis de Hegel, j'aime bien le cynisme de l'Aumône de Mallarmé.

Le 03 mai 2023 à 00:55:32 :
D accord je prend note. sur le fond ça correspond à quelque chose c est pas tout a fait au hasard. Du boulot c est clair et oui paysage et âme c est un peu au hasard puisque je n ai pas pris le temps de décrire plus précisément ce que je cherchais à montrer.

si tu as du fond et que tu y crois, arrête d'employer des termes chargés à part si tu en as besoin bon sang

cheatcode de débutant : quand tu fais rimer, fais en sorte que les mots rimés se font écho, ça marché assez bien pour ton "imaginer"/"inventer", ça donne de la teneur au poème

attention l'arnaque se verra pour les habitués de poésie

et par pitié abandonne à tout jamais la rime pauvre en [é]

Le 03 mai 2023 à 00:55:32 :
D accord je prend note. sur le fond ça correspond à quelque chose c est pas tout a fait au hasard. Du boulot c est clair et oui paysage et âme c est un peu au hasard puisque je n ai pas pris le temps de décrire plus précisément ce que je cherchais à montrer.

Il a pas tort sur certains aspects mais ne le prends pas trop au sérieux non plus, il vient pour jouter plus qu'autre chose

Le 03 mai 2023 à 00:59:40 :

Le 03 mai 2023 à 00:55:32 :
D accord je prend note. sur le fond ça correspond à quelque chose c est pas tout a fait au hasard. Du boulot c est clair et oui paysage et âme c est un peu au hasard puisque je n ai pas pris le temps de décrire plus précisément ce que je cherchais à montrer.

si tu as du fond et que tu y crois, arrête d'employer des termes chargés à part si tu en as besoin bon sang

cheatcode de débutant : quand tu fais rimer, fais en sorte que les mots rimés se font écho, ça marchait assez bien pour ton "imaginer"/"inventer", ça donne de la teneur au poème

attention l'arnaque se verra pour les habitués de poésie

et par pitié abandonne à tout jamais la rime pauvre en [é]

Au passage le fond et la forme ça n'existe pas, c'est un schisme arbitraire. Donc avoir du fond ça n'est pas une idée valable mais un fourre-tout abstrait

Le 03 mai 2023 à 01:05:57 :

Le 03 mai 2023 à 00:59:40 :

Le 03 mai 2023 à 00:55:32 :
D accord je prend note. sur le fond ça correspond à quelque chose c est pas tout a fait au hasard. Du boulot c est clair et oui paysage et âme c est un peu au hasard puisque je n ai pas pris le temps de décrire plus précisément ce que je cherchais à montrer.

si tu as du fond et que tu y crois, arrête d'employer des termes chargés à part si tu en as besoin bon sang

cheatcode de débutant : quand tu fais rimer, fais en sorte que les mots rimés se font écho, ça marchait assez bien pour ton "imaginer"/"inventer", ça donne de la teneur au poème

attention l'arnaque se verra pour les habitués de poésie

et par pitié abandonne à tout jamais la rime pauvre en [é]

Au passage le fond et la forme ça n'existe pas, c'est un schisme arbitraire. Donc avoir du fond ça n'est pas une idée valable mais un fourre-tout abstrait

si ça a un sens même si je vois ce que tu veux dire et que je suis d'accord

Par fond j entends que ça correspond à un état intérieur que je peux précisément décrire.

C est une tentative de sortir de la compulsion pour aller vers un état "meilleur" mais que je ne peux imaginer puisque je ne l ai jamais connu. Donc je navigue à vue et mes seuls repères sont ceux de la vie quotidienne ( heures des repas, lever etc)
L'inattendu m attend et je peux a tout moment retomber dans mes schémas habituels

Le 03 mai 2023 à 01:08:33 :

Le 03 mai 2023 à 01:05:57 :

Le 03 mai 2023 à 00:59:40 :

Le 03 mai 2023 à 00:55:32 :
D accord je prend note. sur le fond ça correspond à quelque chose c est pas tout a fait au hasard. Du boulot c est clair et oui paysage et âme c est un peu au hasard puisque je n ai pas pris le temps de décrire plus précisément ce que je cherchais à montrer.

si tu as du fond et que tu y crois, arrête d'employer des termes chargés à part si tu en as besoin bon sang

cheatcode de débutant : quand tu fais rimer, fais en sorte que les mots rimés se font écho, ça marchait assez bien pour ton "imaginer"/"inventer", ça donne de la teneur au poème

attention l'arnaque se verra pour les habitués de poésie

et par pitié abandonne à tout jamais la rime pauvre en [é]

Au passage le fond et la forme ça n'existe pas, c'est un schisme arbitraire. Donc avoir du fond ça n'est pas une idée valable mais un fourre-tout abstrait

si ça a un sens même si je vois ce que tu veux dire et que je suis d'accord

Non, je réitère, c'est un abus de langage. En distinguant fond et forme tu laisses entendre que les deux ont une existence indépendante et qu'un écrivain pourrait avoir du "fond" (=des idées originales à exprimer) sans "forme" (=une expression originale des susdites idées) ou inversement sauf que non, ça n'est pas le cas. Les deux s'épousent

MVD- n’avait pas à utiliser des gros mots tels que « tu seras toujours » ou « tu n’as jamais été ». Tout simplement car elle ne voulait pas d’ennuis. Et encore moins le nom de ses ennemis. MVD- en connait plein des noms. Il lui suffit d’utiliser tout un tas de symboles. Imprégner les noms de symboles, imprégner les symboles de sens, imprégner les sens de noms. Toucher le fond le comme si c’était réel ou que quelque chose pouvait être réel. Jeter ses bottes dans la flaque, puis sauter dedans juste après, juste pour vérifier. MVD- en était tout simplement dé-sé-spéréé, à dire vrai.

Elle raconta tout cela à son Papa des semaines plus tard lorsqu'il lui a téléphoforomé, comme il en avait parfois l’habitude. Mais cette fois c'est lui qui était désespéré, car sa Maman avait décidé de divorcer. C'est avec une forme toute particulière de psychopathie qu'il a continué de lui téléphoromer chaque jour. Il lui dit à quel point qu’il voulait revenir en ville et descendre la grande avenue les yeux fermés et qu'il espérait avoir enfin touché le fond, mais qu'il y avait toujours une trappe. MVD- lui dit qu'il avait l'air d'un enfant imaginant qu'il y avait un "fond" ou une "trappe" au désespoir qu'il vivait, que tous ces concepts étaient imaginaires et que le seul véritable fond possible était un engourdissement qu’il développait face à sa douleur, mais que les événements qui lui causait sa douleur ne s'arrêteront jamais parce qu'il n'y avait pas de "fond".
Alors un jour MVD- lui dit au téléphorome :
« J'ai serré tellement fort mes mains derrière moi en descendant la grande avenue, en pensant tellement fort à toi Papa, qui me disait que tu aimais Maman parce qu'elle avait une vision lachrymosée du monde et que tu avais besoin d'être avec quelqu'un qui avait une vision lachrymosée du monde, mais que tu disais désormais que tu avais besoin d'être quelqu'un qui avait une vision maniaque du monde, et que de toute façon tu ne pouvais pas être avec quelqu'un qui n'avait pas une vision maniaque du monde. »
« Tout ce qui me venait à l'esprit à ce moment-là, continua MVD-, était que je ne voulais pas marcher avec ces pensées parce qu'elles n'étaient plus du tous les miennes, mais plutôt celles d'autres personnes qui avaient été distillées en moi, et qu'avec le temps, les crises de colère que j'écoutais quotidiennement deviendraient mes crises de colère, car je commencerais désespérément à agir selon les pensées d'autres personnes à Forom City. »
Papa ne dit plus un mot à l’autre bout du téléphorome…
« J'ai tant écrit et parlé de la misère, de la miseria même, parce que je ne l'ai jamais ressentie moi-même. Maintenant j’ai très bien compris que même lorsque j'étais en proie au désespoir, ce n'était pas le désespoir mais l'absence de désespoir et l'idée que je manquais de désespoir au moment où je pensais le ressentir le plus m'a conduit à un faux désespoir encore plus grand parce que je ne ressentais vraiment rien, mais que je voulais juste ressentir. Papa, toi tu ressens tout, et tu veux ressentir plus, c'est pour ça que je me suis coupé les cheveux avec les petits ciseaux à couture et ai marché très vite sur la grande avenue les yeux fermés. Je ne sais pas ce qu'est la misère, le désespoir ou le chagrin, ni pourquoi ce garçon avait des coquilles de cacahuètes sur les genoux quand j’ai arrêté de marcher, mais je suis capable d'observer ces choses avec le plus grand intérêt parce que je n'en ai jamais fait l'expérience moi-même. »

Cet été-là. Elle continua à écrire des fan-fictions sur les théories du crépuscule et à s’énerver sur les avatars de l’antipape à la téloche. Un jour elle essaya de générer un putain de millier de visages de filles-lapins d’anime super sexy bombasses dans son appartement, dépourvu de toute forme de meuble, et se sentie comme une société cotée en bourse. Comme gravir une sacrée montagne sacrée. Et elle dit avant de s’endormir dans son lit : “Stuff used to matter everyday. But don’t worry I’m not even me this is just a story no irony no sincerity just a story. Just go on without me. Neuf demains. Sept jour. Trois nuits. I’m not even me. No Irony. No sincerity just a story.”

Le 03 mai 2023 à 01:14:20 :

Le 03 mai 2023 à 01:08:33 :

Le 03 mai 2023 à 01:05:57 :

Le 03 mai 2023 à 00:59:40 :

Le 03 mai 2023 à 00:55:32 :
D accord je prend note. sur le fond ça correspond à quelque chose c est pas tout a fait au hasard. Du boulot c est clair et oui paysage et âme c est un peu au hasard puisque je n ai pas pris le temps de décrire plus précisément ce que je cherchais à montrer.

si tu as du fond et que tu y crois, arrête d'employer des termes chargés à part si tu en as besoin bon sang

cheatcode de débutant : quand tu fais rimer, fais en sorte que les mots rimés se font écho, ça marchait assez bien pour ton "imaginer"/"inventer", ça donne de la teneur au poème

attention l'arnaque se verra pour les habitués de poésie

et par pitié abandonne à tout jamais la rime pauvre en [é]

Au passage le fond et la forme ça n'existe pas, c'est un schisme arbitraire. Donc avoir du fond ça n'est pas une idée valable mais un fourre-tout abstrait

si ça a un sens même si je vois ce que tu veux dire et que je suis d'accord

Non, je réitère, c'est un abus de langage. En distinguant fond et forme tu laisses entendre que les deux ont une existence indépendante et qu'un écrivain pourrait avoir du "fond" (=des idées originales à exprimer) sans "forme" (=une expression originale des susdites idées) sauf que non, ça n'est pas le cas. Les deux s'épousent

Non mais c'est pire que ça hein, le fond n'a aucune valeur artistique, tout simplement

Ton vocabulaire est peu précis en plus, " idée à exprimer " ça veut rien dire, tu parles d'idée de medium ou d'un propos extra-medium ? Quand Baudelaire fait son 2/4/4/2 dans Chant d'Automne c'est une idée de medium, de forme, quand il fait aborde la dépression comme attitude face à un vide existentiel, c'est du fond. Et c'est bien ça le problème du fond. A partir du moment où on critique le fond, donc l'ensemble des propos qui ne concernent pas le médium en tant quel, alors on part nécessairement de la critique poétique. La seule critique pertinente est celle de la manipulation du médium poétique .

Par analogie avec les autres grands arts, il viendrait jamais à quelqu'un l'idée de critiquer le fond de Requiem de Mozart ou le fond de Notre-Dame de Paris en architecture. Pourtant, la poésie étant ce qu'elle est, beaucoup cherchent dans la poésie un " fond " (une vérité métaphysique, un discours sur l'émotion suscitée, voire plus récemment un discours politique). Susciter une réflexion permettant l'introspection, c'est noble, mais c'est plus de la poésie, quand bien même c'est la poésie qui permet cette réflexion.

Après le fait que tu dises " les deux s'épousent " je suis d'accord, mais pour que les deux s'épousent il faut que les deux existent. La forme existe (l'ensemble des techniques et surtout des démarches à propos du travail du mot) et le fond aussi (l'ensemble des réflexions extra-medium).

Le 03 mai 2023 à 01:19:35 :
Un écrivain qui aurait le style sans l'idée c'est une absurdité. Le style n'arrive pas ex nihilo mais via tes propres influences. Un écrivain qui écrirait de manière "élégante" sans savoir pourquoi il écrirait comme ça, c'est simplement un disciple raté d'un écrivain qui copie des codes ou un style sans comprendre pourquoi le style ou les tropes fonctionnent au sein de l'oeuvre qu'il tente de reproduire. Un pasticheur, par définition, est dépourvu de style

Non tu montres là une complète méconnaissance de la poésie, beaucoup de poètes se sont attardés à se détacher de toute réflexion ou rapport au réel, pour se concentrer sur la manipulation du médium. C'est d'ailleurs tout l'intérêt du processus d'abstraction en art au court du XXème siècle.

Et encore une fois tu utilises le mot " idée " sans être précis. Une idée sur une manière de manipuler le vers, c'est une idée de médium mais rien de plus.

Gus

Tu me parles de poésie quand je suis plutôt un prosateur mais soit. La poésie est un peu différente car extrêmement codifiée et souvent d'une manière particulièrement rigide et stéréotypée, suffit de voir que le pissage de sonnet classiques était pratiquement une discipline académique au 19e

Propos extra-medium. Je te donne un exemple dans ton domaine : le sonnet du trou du cul de Rimbaud. Tu ne peux absolument pas dissocier la "forme" du "fond" puisqu'une critique formelle de la "forme" (en gros une critique sur la maîtrise technique du blason) te ferait passer pour une andouille dans ce cas précis. On est sur un cas où le "fond" et la "forme" prennent sens l'un par rapport à l'autre

Le 03 mai 2023 à 01:25:19 :

Le 03 mai 2023 à 01:19:35 :
Un écrivain qui aurait le style sans l'idée c'est une absurdité. Le style n'arrive pas ex nihilo mais via tes propres influences. Un écrivain qui écrirait de manière "élégante" sans savoir pourquoi il écrirait comme ça, c'est simplement un disciple raté d'un écrivain qui copie des codes ou un style sans comprendre pourquoi le style ou les tropes fonctionnent au sein de l'oeuvre qu'il tente de reproduire. Un pasticheur, par définition, est dépourvu de style

Non tu montres là une complète méconnaissance de la poésie, beaucoup de poètes se sont attardés à se détacher de toute réflexion ou rapport au réel, pour se concentrer sur la manipulation du médium. C'est d'ailleurs tout l'intérêt du processus d'abstraction en art au court du XXème siècle.

Et encore une fois tu utilises le mot " idée " sans être précis. Une idée sur une manière de manipuler le vers, c'est une idée de médium mais rien de plus.

Sauf que c'est une chimère absolue. Tu retranscris une perception que tu habilles comme tu veux, mais historiquement tu repenses un medium lorsque ses codes sont impuissants à rendre compte d'une réalité nouvelle. La mort des héros modernes en littérature par exemple est une réaction plus large au pessimisme post WW2. C'est donc bien pour la volonté d'exprimer une réalité que l'on a changé notre rapport au héros de roman

Le 03 mai 2023 à 00:30:11 :

Le 03 mai 2023 à 00:28:12 :
Dieu n'est que la trotteuse de ta montre.

Le vers à la fin de l'Horloge de Baudelaire sur le repentir broie ta merde

Je prend ton déni ou ton absurdité en compte

Comme d'habitude je scrolle sans lire (parce que je ne lis plus vraiment depuis des années) et arrive après la bataille, quand tout a déjà été dit. Mais je poste quand même ça ici au cas où :

Des éclairs éperdus avaient sabré la fête,
Et le duo s’aigrit à jamais en duel.
Nos lèvres perdirent le secret des baisers
D’eau douce, de menthe et de souffles d’oranger.
Nos silences croisaient des épées de pierre.
Que janvier rallume la rose porcelaine
Ou le candélabre royal du flamboyant,
Nous ne retournerons jamais plus ensemble à
La colline du triomphe où nous élevâmes
Avec ferveur la fleur versatile du bonheur.
La lune et le soleil ont tissé tant de jours
Et de nuits sur ton visage que ton visage
N’est plus que songe au miroir sans tain de l’absence.
Ton nom, un cri perdu au cœur des fondrières.
Aux ronces de l’oubli s’effiloche ton ombre.
Désormais je suis le seul pasteur de mes rêves.

C'était le jour de la chandeleur, le jour où toutes les crêpes, au lieu de retomber dans la poêle, s'envoleront plus haut que les clochers. Elles iront, ensemble, embrasser leurs frères les oiseaux et ça fera un scandale épouvantable.

Ma voix est pleine de cicatrices. Ainsi, on voit bien que je ne mens pas lorsque je dis que je raconte n'importe quoi. Hé, junior, si tu as seize ans, éloigne-toi. Ma voix est embuée de lessives douteuses ; les bidasses et les baudruches qui nous gouvernent y ont vidé leurs poubelles ; ma voix est une chienne qui a traîné dans les ruisseaux des pharmaciens, forniqué avec la laideur et la mort quotidiennes qui sont la loi de ce monde.

J'ai survécu au spectacle hallucinant de la solitude et de la dureté qui règnent sur nous, j'ai survécu au froid, j'ai survécu au mépris que les gens se portent les uns aux autres et à eux-mêmes, j'ai survécu à tous les racismes, à tous les mensonges, à toutes les laideurs ; junior, ne m'écoute pas. Mais si tu ne m'écoutes pas, n'écoute personne d'autre.

Alors écoute : je suis sincère dans mon mensonge ; c'est pourquoi on ne peut pas m'en vouloir de ce que Dieu m'aime d'un amour non partagé. D'ailleurs, un tel amour est-il possible?

Il n'existe nulle part un lien qui ne soit pas complice de ce qui te mutile. À moins que tu ne soies en rébellion ouverte, — c'est à dire fou, — et tu seras étouffé.

Quelques gammes te feront du bien, elles découpent le temps comme il faut et tu reprend ta place au sein tiède du complot.

L'amitié est elle possible entre un lisant et un écrivant ; entre une patronne et une bonne ; entre une victime et son assassin ? l'amitié est-elle possible entre l'air et l'eau ?

Où sont les colchiques vénéneuses, les rimes à "naufrage", le seau de champagne?

Le piano qui murmure et la fenêtre ouverte, les manteaux de voyage, les grands chiens inquiets ? C'était le drame très évident que jouaient les gens dans la maison blanche pour ceux de la rue, jadis, autrefois, naguère, tout à l'heure.

Je voudrais te dire une chose impossible.

C'est impossible ?

Je ne veux plus être fidèle à la souffrance. Pourquoi ne parles-tu jamais à mon coude, à mon genou ? Je suis là aussi, écoute-les aussi. Alors écoute, j'écris ceci sous l'emprise de la colère, de la drogue et de la torture. Ceux qui me croiront sont magnifiquement doués pour la foi et je les envie.

Donc voici : chaque être, à chaque seconde, porte dans ses profondeurs marines un bonheur absolu et rayonnant, quoiqu'il se passe à la surface. C'est dommage que celui qu'il appelle "Je" ne soit pas au courant et n'en profite pas.

Mais bien souvent, il ne veut pas s'en occuper, car il a du lait sur le feu. Cette casserole de lait qu'il appelle "Moi'".

~
Brigitte Fontaine