Laura pensait avoir trouvé le grand amour. Après trois ans de relation, la distance et ses doutes ont fragilisé leur couple. Elle a choisi de rompre.
Il avait tout. La tendresse, l’ambition, l’humour… Laura n’en finit pas d’énumérer ses qualités et cherche encore ses éventuels défauts. À 26 ans, la jeune femme avait trouvé « l’homme parfait », selon ses propres mots. Mais, au début de ce mois de mai, elle a mis fin à plus de trois ans de relation.
« Je ne me sentais plus heureuse », assure-t-elle, encore sonnée par sa propre décision. Les deux amoureux avaient plein de projets : faire un voyage cet hiver, vivre sous le même toit à la rentrée… « Tout était fluide, rien n’allait mal. Seulement, j’avais de plus en plus la sensation de ne pas être à ma place. »
Une séparation « nécessaire »
Cette séparation, qu’elle qualifie de « nécessaire », Laura la vit alors comme une défaite. Elle ne dort plus très bien. Elle guette les signes de vie de son désormais ex-petit copain sur les réseaux sociaux, en s’empêchant de lui réécrire dès qu’elle se sent mal.
Et, surtout, elle s’interroge : pourquoi avoir quitté quelqu’un qui cochait toutes les cases ? Est-ce elle, le problème ? « J’ai quitté l’homme parfait… Que me faut-il de plus ? » s’agace la jeune femme au téléphone.
Laura et Maxime (ce prénom a été changé) se sont rencontrés durant leurs études. Tous les deux étaient inscrits dans une école de communication, dans le sud de la France. Leur histoire n’est pas celle d’un coup de foudre, ponctuée de regards amoureux échangés dans un amphithéâtre bondé.
Non, c’est d’abord celle de deux amis : ceux qui s’attendent pour aller en cours, se filent leurs fiches de révisions, et refont le monde autour d’un verre. « La première fois qu’on s’est parlé, c’était lors d’une classe de travaux pratiques. On avait été mis ensemble pour un exposé. Ça s’était très bien passé entre nous, tout était naturel, comme si on se connaissait depuis longtemps », raconte Laura.
Très vite, les deux étudiants ont appris à s’apprécier, d’autant plus qu’une passion commune les rapprochait : la photographie. « On partait souvent en vadrouille le week-end, on captait des scènes de rue, des détails d’architecture. On n’était pas très bons, mais c’était notre truc », détaille Laura, nostalgique.
Le mythe des âmes sœurs
La jeune femme n’était pas célibataire à cette période : « Je vivais une histoire pas très sérieuse avec un mec rencontré sur une appli. » Ce garçon-là l’a quittée du jour au lendemain. Et c’est naturellement vers Maxime que Laura s’est tournée pour panser ses plaies. « C’était une évidence. Avec lui, tout était facile. Il me comprenait sans que j’aie besoin de trop parler », confie-t-elle.
Puis, peu à peu, leur façon d’être ensemble a changé. Des rapprochements physiques se sont installés, une ambiguïté douce, mais de plus en plus présente. Ils se collaient sur le canapé, échangeaient des regards longs, troublants. « Et, un soir, j’étais chez lui, et on s’est embrassés. C’était quatre mois après la fin de ma précédente relation », résume Laura avec pudeur.
Ensuite, tout s’est enchaîné. Les deux amis sont devenus des amoureux. Laura passait tout son temps chez Maxime. « Je squattais son appart, on cuisinait ensemble, on se couchait tard, on bossait côte à côte. On était dans notre bulle. J’avais l’impression d’avoir trouvé mon autre moitié, comme dans le mythe de l’âme sœur de Platon. On se comprenait d’un regard. On parlait peu de l’avenir, mais on se projetait sans même s’en rendre compte. »
« Une amitié hyper forte »
Depuis plus de trois semaines, Laura est déboussolée. Son « âme sœur » n’est plus là pour la consoler sans même qu’elle ait à expliquer ce qu’elle ressent. La rupture, c’est elle qui l’a voulue, mais elle n’avait pas anticipé le vertige. Le vide. L’absence de ce pilier. « Sans lui, je n’ai plus de repères. Mais ce n’est pas une raison pour rester avec quelqu’un », s’acharne-t-elle à répéter comme pour se convaincre.
Pourquoi l’a-t-elle quitté ? Parce que cela faisait près de six mois qu’ils vivaient à distance, et que cette nouvelle vie a bousculé ses certitudes. « J’ai commencé à être attirée par d’autres hommes, ça a remis en question ma vision de l’amour, que j’avais imaginé comme unique et éternel avec Maxime. » Le couple a alors envisagé l’union libre, « pour ne pas se frustrer », mais ça n’a pas marché.
« Pour être honnête, je tombais amoureuse d’un autre garçon, même si je me sentais toujours attachée à Maxime, à qui je me confiais beaucoup… Avec le recul, je me rends compte que je le voyais peut-être plus comme une amitié hyper forte… je ne sais pas, je m’interroge sans cesse », déballe-t-elle.
Être son propre pilier
Depuis sa rupture avec Maxime, Laura n’a pas revu l’homme dont elle estime être « tombée amoureuse ». « J’ai besoin de me retrouver avec moi-même. En fait, depuis le lycée, j’ai toujours eu un petit copain. J’ai toujours eu la sensation qu’il fallait être en couple pour être heureuse… Aujourd’hui, je n’en suis plus si sûre. »
Laura essaye de s’émanciper de cette image qu’elle s’est faite de l’amour. Pour cela, elle lit des livres sur la dépendance affective, écoute des podcasts sur les relations amoureuses, note ses pensées dans un carnet.
« Je crois que j’ai longtemps confondu amour et attachement. J’ai toujours cru qu’il fallait que l’autre devine mes émotions, qu’il soit tout pour moi. Aujourd’hui, j’aimerais juste apprendre à être mon propre pilier », analyse la jeune femme, qui a également fait la démarche d’aller voir un psychologue.
Elle admet tout de même que Maxime lui manque. Ils ne se parlent plus, ou très peu. « J’espère qu’il ne va pas totalement partir de ma vie, mais je dois laisser du temps au temps », admet Laura. La jeune femme poursuit : « Puis, je dois apprendre à m’aimer seule avant d’aimer quelqu’un d’autre. Le seul truc, c’est que c’est plus facile à dire qu’à faire. »
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