Accepter sa dépression, selon Jung

La dépression est un état psychique qui plonge son sujet dans un désespoir si grand qu'il l'empêche d'accomplir la moindre action, de ressentir la moindre émotion positive, et d'envisager la moindre amélioration de sa propre condition. Elle est même vécue comme une annihilation complète de l'individu, privé d'essence vitale, condamné à subsister dans le monde matériel plutôt qu'exister comme personne autonome.

Beaucoup considèrent la dépression comme une maladie, mais Jung n'est pas d'accord avec cette catégorisation. Il voit dans la dépression une opportunité à mieux nous connaître profondément, et à discerner les choses qui sont réellement importantes dans l'existence. Pour Jung, la dépression est un signal envoyé par votre psyché quand vous avez trop longtemps négligé un aspect de votre identité qui doit nécessairement s'exprimer à travers vos actions.

Pour accepter cet état de fait, il prend l'exemple devenu célèbre d'une femme endeuillée qui viendrait sonner à notre porte sans prévenir. Comment réagirions-nous si cette femme demandait un peu de repos chez nous ? Evidemment, nous accepterions qu'elle vienne et nous prendrions soin d'elle, nous écouterions ce qu'elle a à dire, les peines qui habitent son coeur. Cependant, accorderions-nous assez de crédit à ses plaintes - légitimes - pour finir par penser comme elle, à voir le monde aussi noir qu'elle, et à adhérer à son discours sombre ?

Il en va de même pour la dépression : comme une femme endeuillée, ce mal-être a quelque chose de vrai à nous raconter sur nous-mêmes, et nous devons l'accueillir en l'écoutant avec attention et sympathie, mais sans jamais adhérer totalement à ses idées. La dépression est le moyen par lequel votre psyché vous oblige à mieux vous écouter, à changer votre direction de vie, et à davantage respecter l'incroyable singularité qui vous définit, mais que vous négligez.

Ainsi, vivre une dépression devient l'assurance concrète que nous représentons bien plus que ce que notre société nous propose ou nous impose comme horizon existentiel. C'est ressentir en soi le vide infini de cette norme aliénante, vide qui, devenu proéminent au quotidien, nous rappelle sans cesse la nécessité urgente de changer, de s'écouter, et de patiemment trouver qui nous sommes réellement. En effet, si le monde ne nous offre pas de modèle adapté à notre nature profonde, il nous revient comme obligation de créer le nôtre, afin de vivre épanoui dans la pleine réalisation de notre potentiel individuel.

Jung nous propose une vision optimiste et pleine de charme de la dépression, et nous permet de changer radicalement notre point de vue sur elle. Ainsi, nous trouvons le courage d'exister dans la curiosité envers nous-mêmes, tout en considérant l'autre comme une richesse, afin d'apprendre patiemment et humblement l'audace d'être soi.

Le 26 janvier 2025 à 20:13:17 :
Je pense que c'est lié à l'athéisme.

Le 26 janvier 2025 à 20:13:52 :
Résumé ?

Comme les cookies sur internet : "Accepter et continuer"

Le 26 janvier 2025 à 20:15:07 :
JAI LECHEZ MON CACA

J'aime cet esprit

Le 26 janvier 2025 à 20:13:17 :
Je pense que c'est lié à l'athéisme.

Très juste, les croyants sont immunisés contre la dépression.

Le 26 janvier 2025 à 20:19:18 :

Le 26 janvier 2025 à 20:13:17 :
Je pense que c'est lié à l'athéisme.

Très juste, les croyants sont immunisés contre la dépression.

Nous savons que la justice est inéluctable.
L'inverse du nihilisme en somme.

Le 26 janvier 2025 à 20:20:53 :
Super topic

Cimer Carl Jung putain

Le 26 janvier 2025 à 20:19:46 :
La dépression est considérée comme une maladie car la société a besoin de vous pour la servir, elle a besoin d'esclaves heureux qui se contentent de pas grand chose. Ainsi elle refuse votre état

Bien dit

Le 26 janvier 2025 à 20:23:54 :

Le 26 janvier 2025 à 20:19:46 :
La dépression est considérée comme une maladie car la société a besoin de vous pour la servir, elle a besoin d'esclaves heureux qui se contentent de pas grand chose. Ainsi elle refuse votre état

Bien dit

La société est telle qu'elle est. On ne peut pas la changer. On ne peut changer que notre façon de vivre dans cette société, et changer notre façon d'agir passe d'abord par changer notre façon de percevoir le monde

Le 26 janvier 2025 à 20:27:30 :
Intéressant, j'aime beaucoup cette vision et je suis d'accord, quand tu es au fond du trou à pleurer dans la salle de bain en pleine semaine, tu te rends compte que tu ne vis pas ta vie comme tu le devrais, et tu remets tout en question pour avancer vers une nouvelle vie plus adaptée (mais c'est compliqué).

C'est compliqué mais tout ce qui a de la valeur est compliqué. On ne peut avoir quelque chose de satisfaisant qu'en souffrant pour l'obtenir. Souffrir, ce n'est pas un problème en soi, c'est souffrir sans but qui est nous est à tous insupportable. En changeant notre façon de voir la dépression, on se libère du poids de la culpabilité et par-là suffisamment d'énergie pour entamer une nouvelle expérience. Peu importe laquelle, ce qui compte est de s'écouter et d'essayer. Les échecs sont bénéfiques à l'âme tant qu'on abandonne pas la modeste quête que l'on s'est fixés

Le 26 janvier 2025 à 20:30:40 :
Merci c'était intéressant

Je t'en prie, cimer Carl Jung surtout

"tout en considérant l'autre comme une richesse"

C'est la faille dans le concept.