[RISITAS] Il part refaire sa vie à l'étranger et finit SDF
SuppriméChapitre 9 : L’important, c’est pas la chute, c’est l’atterrissage
Eva m’a quitté en concluant par : “à bientôt”
Mais elle a simplement eu un moment de faiblesse après m’avoir dit que c’était définitivement fini entre nous et que l’on ne se reverrait pas dans 6 mois
J’essaie tant bien que mal de continuer à bosser, mais pour quoi faire ?
On vient de m’arracher ma pile de bonheur, ma vie n’a plus de sens, c’est la chute
Depuis le jour de notre rencontre, une question était en suspens :
Est-ce que je suis mort ce jour-là, 4h avant de la rencontrer, avec une bande de boxe autour du cou accrochée à la poignée de ma fenêtre ?
Notre rencontre était un miracle, la suite n’était peut-être qu’un rêve après tout…
Eh bien, le réveil est bien brutal, me voici passant du rêve au cauchemar
En quelques jours, je retombe dans un état pire que le jour de notre rencontre
J’ai la douloureuse impression qu’on me lacère les tripes
Mes ressentis internes deviennent une caricature de l’enfer
Je sens la marmite du diable faire bouillir mon âme et m’arracher les ongles un à un
J’essaie de me bourrer la gueule, mais les effets sont totalement insignifiants comparés à un simple contact avec Eva
Résultat, boire me frustre et rajoute de l’huile sur les flammes démoniaques qui me dévorent les entrailles
Encaisser n’est plus possible, je dois faire quelque chose
Dans une fuite effrénée, je spamme internet à la recherche d’une femme dans laquelle vider mon désespoir
Une semaine plus tard, je rends les clefs de mon bureau et fais 500 km en bus
Après 2h d’attente dans le froid et l’humidité dans le parc d’une ville paumée, elle arrive enfin (appelons-la Sara)
Physiquement, elle n'est pas au niveau d’Eva, mais intellectuellement, ça va
Vu mon état, je peux faire l’effort de plisser les yeux, mais pas de parler à un être dont je méprise l’esprit
Et, malgré la tristesse intersidérale que je traîne comme un boulet de bagnard…
La journée se passe à peu près bien, les discussions sont fluides… et puis arrive le soir
On prend une chambre d’hôtel et, naturellement, je fais ce que je sais faire
Seulement, les souvenirs d’Eva m’imprègnent totalement
Quand je touche Sara, c’est Eva que je sens…
Tout me rappelle Eva et, surtout, tout me rappelle que ce n’est pas Eva !
Quand j’ai fini, Sara est ravie, mais moi, je sens que mes larmes ne sont pas loin
Je fais ce que je peux pour les retenir… avant de céder lamentablement, à quoi bon de toute façon…
Me voilà en larmes dans un hôtel au milieu de nulle part, loin de celle que j’aime et avec une autre femme nue qui me regarde impuissante
Je m’excuse et elle me laisse un moment de répit en allant dans la salle de bain (j’ai été totalement transparent sur mon état depuis le début, donc elle ne prend pas trop mal la situation)
Mon être tout entier est en mille morceaux, je n’ai plus aucun plan, plus aucune vision d’avenir et je suis totalement dévasté
Quand Sara revient, je rassemble les derniers grammes de volonté qu’il me reste pour lui dire qu’il vaut mieux qu’on en reste là
Est-ce que j’ai trouvé un plan entre-temps ?
Non, je ne sais toujours pas où je dors le lendemain, mais je ne veux pas l’entrainer dans ma déchéance
Seulement, assise sur le lit en tailleur nue face à moi, elle insiste et réussit un magnifique pied-dans-la-porte :
“De toute façon, l’hôtel est payé, donc profitons de cette soirée jusqu’au bout, on verra la suite demain.”
Comme je suis un être de raison pure (et que je n’ai, accessoirement, plus une once de libre arbitre), je ne résiste pas
Le lendemain, mon stock de volonté est totalement épuisé et je suis Sara comme si j’étais sous GHB
On se retrouve alors à squatter chez un de ses proches qui est absent une semaine
Et voilà comment je me retrouve réduit à l’état de jouet sexuel et intellectuel…
J’essaie, autant que possible, de rester distant pour que Sara ne s'attache pas trop
Et, un jour, sortie de nulle part, elle m’annonce qu’elle veut que je dépucèle son anus
Il ne fallait rien de moins pour m’offrir un petit moment hors du temps au milieu de la tourmente des derniers jours et semaines…
Ainsi s’égraine les jours à parler de psychologie, de physique, de géopolitique, de nos vies et à jouir dans une tristesse crasse en pleurant l’un dans l’autre sur ce genre de symphonie
À ce moment-là, je pense tout de même à chercher un appart pour m’installer à proximité, le temps de me reconstruire… sans grande conviction
Notre idylle insoutenable se termine alors, car on doit libérer l’appart
Arrivés à la gare, on se sépare en se souhaitant bonne chance pour la suite, toujours sans grande conviction
Elle, elle rentre retrouver sa famille, moi, je me pose sur un banc, seul, sans plan et totalement amorphe dans le hall de la gare
Je n’ai nulle part où aller et surtout, je n’ai envie d’aller nulle part
Je suis une coquille vide, mon cœur ne bat plus
Je regarde les gens passer, mais l’horloge tourne, la nuit est tombée et, malgré mon gros blouson, j’ai froid…
Sans transition, abandonné par Dieu, je m’effondre en larmes au milieu des voyageurs
Une fille de mon âge plutôt mignonne sur un banc à côté me regarde, compatissante
Je pourrai aller lui parler peut-être, mais non, je n’ai plus gout à rien
Dans ce moment de désespoir où plus rien n’a d’importance, je recontacte un oncle qui habite à 3h de route
Moi qui avais coupé les ponts avec ma famille et dit adieu à tout le monde, je reviens en rampant
J’ai honte, ma dignité est anéantie, mais je m’en fous totalement, car je n’ai de toute façon plus vraiment envie de vivre
Mon oncle m’accueille alors et m’explique que, coïncidence, mes parents doivent venir chez lui 2 jours plus tard
J’ai le choix : fuir comme un voleur ou revoir mes parents
Je n’ai aucune envie de les revoir, je n’éprouve rien pour eux, mais ma famille vient de m’aider, en échange équitable, j’accepte de les revoir
Après plus d’un an sans se voir ni se parler, notre relation a bien changé
Le père qui a passé ma jeunesse à m’engueuler sans véritable raison se trouve très distant et ne se permet plus le moindre affront
La mère qui ne croyait pas en moi me croit désormais
Par fierté (enfin, ce qu’il m’en restait), je ne pouvais pas me présenter à eux sans avoir un plan
La veille, j’ai donc réfléchi à mon avenir en urgence
Ok, je vais aller à l’école 42 (j’y pensais déjà avant de partir à l’armée) et puis, en recontactant un pote qui est en Bulgarie, je me dis : pourquoi pas le rejoindre
Entre payer un loyer 3 mois en France en attendant le début du concours d’entrée de l’école 42 ou attendre en Bulgarie pour moins cher tout en bougeant un peu, je décide de partir
Données du topic
- Auteur
- SDFtoElysium
- Date de création
- 6 décembre 2023 à 20:38:19
- Date de suppression
- 14 avril 2024 à 11:34:00
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