[PROJET] Devenir un MONSTRE en dessin

Le 12 avril 2023 à 01:50:56 :

J’avais arrêté le dessin un moment et j’ai repris récemment. C’est le troisième portrait que je fais (à partir
[...]

Salut !

J'ai crop ton message pour que ça ne sature pas la discussion, le mien va être assez long
Je vais essayer d'être la plus concise possible dans mon propos, au regard des réponses qui t'ont été apportées mais aussi de ton intention. Mon message n'est que ma vision des choses, vis à vis de ma pratique perso, de mes lectures et autres.

Le problème majeur n'est pas d'aborder ton dessin sous l'angle du, grosses guillemets, "réalisme" ou "hyper réalisme", mots dans lesquels on glisse l'idée que l'on se fait d'eux... Le réalisme désigne avant tout un courant qui va au delà des "apparences" mais traite aussi de sujets "réels" du "quotidien", ancrés dans un contexte spécifique... Quand à l'hyper-réalisme, lui, se réfère au monde visible, voir l'exagère ou se donne à voir de manière excessive. Exemple concret, Richard Estes qui travaille à partir de photographies mais qui supprime délibérément les flous occasionnés par son appareil photographique. De même, il enlève parfois aussi les traces humaines des villes qu'il peint, les déchets par exemple.
Il faut dépasser la simple analyse du "est-ce que ça fait assez vrai ?", mais plutôt se dire "qu'est-ce que j'ai à montrer ou dire du monde visible, au regard de mon intention ?"
Et dans ce cas, il est bien entendu utile de continuer à faire du modèle vivant, du dessin d'observation, découvrir des nouvelles techniques et approches différentes du dessin.
Le terme peut être "vraisemblable" . Et tu peux de manière tout à fait libre, au regard de ton intention, avoir des différences de traitements entre tes différentes zones de dessin. Ça ne rendra pas ton dessin moins " réaliste".

Il faudrait plutôt penser par notions que tu souhaiterais faire transparaître dans ton dessin, et qui seraient à l'origine de ton identité graphique.

Pour les cheveux, je veux quand même garder un rendu un peu « dessin » ou esquisse, je ne veux pas être dans l’hyper réalisme non plus (ça m’arrange car ça permet une plus grande marge d’erreur aussi).

puis

Et mon souhait est de savoir dessiner PLUS vite, car je perds en motivation en sachant que je vais mettre des heures sur un dessin (celui en image, il faut compter presque 8h…) et d’avoir un style genre CROQUIS.
Ajouté à ça, je veux m’améliorer dans le respect des PROPORTIONS et du réalisme des TEXTURES.

La première piste peut être issue de ces phrases ci-dessus; tu pourrais te pencher sur différents effets possibles, comme tu l'as dit. Va voir du côté des dessins des contemporains J. Saville, C. Close, et d'autres plus anciens comme E. Schiele, T. Lautrec, les dessins de Rubens... etc
Il y a tout un "vocabulaire" graphique à agrandir en termes de "non-finito" si c'est ce que tu recherches. Et parfois, l'enjeu ne se situe pas tant dans l'ajout de détails, mais plutôt dans l'économie de moyen et la capacité de savoir lever la main à temps afin de se dire "stop, je m'arrête ici, les formes sont suffisamment suggérées à cet endroit pour me pencher sur la zone suivante".

Aussi, points techniques qui pourraient t'aider, la manière dont tu vas tailler et utiliser ton outil.
- Un outil intéressant dont tu n'as pas parlé : la gomme mie de pain, qui permet justement de ne pas avoir de résidus de gomme et de ne pas (trop) abîmer le papier.
- Pour affuter ton crayon, tu peux aussi le tailler avec un cutter, en plus d'utiliser du papier de verre.
- La tenue de ton outil dans la main, en inclinant plus ou moins ton crayon (comme on tiendrait un fusain). Tu obtiendras d'autres effets possibles : surfaces + ou - larges sur le papier, qui te permettront d'obtenir des aplats texturés.
- Si tu veux travailler l'estompe, je te suggère aussi de tester la poudre graphite, qui n'est autre que la matière constitutive les mines dans les crayons. La poudre, appliquée avec des spatules-éponges, peut t'aider à réaliser des ombres de différentes nuances de manière plus rapide. Aussi, tu useras moins tes crayons lorsqu'il te faudra obtenir une grande zone très foncée.

Pour le traitement des cheveux et de la barbe, la dissonance avec le traitement de la peau et des vêtements peut être affirmée ou retravaillée. Je m'explique, le visage est traité en sfumato, alors que les cheveux et la barbe sont traités par ajouts de lignes ou traits qui se répètent, ce qui donne un effet aplani. On observe que tu as rajouté par dessus des effets d'estompe afin de suggérer le volume. Donc la barbe et les cheveux ont un traitement assez "entre-deux" et hybride, qui peut détonner du reste.
Peut-être essayer la prochaine fois de traiter les poils et cheveux par "zones" ou "masses" modulés par la lumière: penser la barbe et les cheveux posés sur une tête en volume.
Cela dit, ça serait tout aussi chouette de prendre la parti de traiter cheveux et la barbe essentiellement par un travail de la ligne, et obtenir une négation du volume de la tête !

Pistes pour s'améliorer :
- Dessiner sans gommer,
- Ombrer sans estomper,
- S'imposer un temps de dessin d'observation chronométré en début de session de dessin,
- Gribouiller, raturer. On a retrouvé des murs raturés dans les ateliers des plus grands artistes de l'HDA. On l'oublie souvent, mais le dessin, c'est aussi la danse du trait !

En bref, continue, tout en abreuvant ta pratique par des références. Aussi, se méfier des tutos "pas à pas", que l'on singe parfois de manière mécanique mais sans en comprendre vraiment les rouages.
Tous les enseignements possibles dont déjà présents dans l'observation et l'analyse des œuvres du passé ou contemporaine ! Sinon, les témoignages d'artistes sont très formateurs aussi Il existe pleins de bouquins à ces sujets.

Bon courage !