Topic de Mangeprout6 :

Quelle est la gériatricité de votre flatulât ?

Il est vingt-deux heures. L’heure moite des intestins craintifs, où chaque gargouillis est une prophétie, où le ventre rumine des regrets alimentaires. Vous êtes seul, ou presque. Le fauteuil grince sous votre poids, la tisane camomille tiédit sur la tablette bancale, et déjà, quelque chose se prépare. Une lente montée, insidieuse, pré-gériatrique. Le flatulât.

Il ne vient jamais d’un coup, non. Il s’annonce. Par une légère pression, un étirement intime des sphincters fatigués. Ce n’est pas le cri de la jeunesse, non, c’est le soupir des âges, une complainte intestinale, une élégie du côlon. Il flotte d’abord, hésite entre discrétion et éclat, puis se lance : un souffle long, tremblotant, presque pathétique, comme si chaque bulle d’air portait le souvenir d’un gigot trop cuit ou d’un gratin douteux.

La gériatricité du flatulât ne se mesure pas à son volume, mais à sa sagesse. Ce n’est pas un pet de jeune fou, bruyant et sec, lancé avec insolence dans les escaliers d’un lycée. Non. C’est un pet de velours, un murmure anal. Il glisse lentement hors de l’organisme, avec une prudence de centenaire traversant une rue mouillée. Il sait. Il a vu. Il a survécu à des dizaines de plats en sauce, à des années de charcuterie, à des buffets de mariage et des réveillons traîtres.

Parfois, il craque. La vieillesse est un naufrage, disait l’autre. Alors il se fissure : un couinement mou, dépressif, comme une porte de placard mal huilée dans une maison abandonnée. Il n’a plus la tonicité d’antan. Il est flasque. Mélancolique. Parfois même, il trahit : un filet humide, une traînée lâche, une note liquoreuse qui s’épanche dans le silence du salon. Le flatulât devient alors témoin d’une déchéance plus vaste, celle du périnée lâche et de la dignité en charpie.

Et pourtant, il persiste. Têtu. Démocratique. Il vient à tous, tôt ou tard. Vous pouvez le nier, le maquiller sous une toux ou une envolée de Beethoven, mais il est là. Fidèle. Il traverse les générations, de l’enfant rieur au vieillard constipé, et devient avec l’âge un compagnon régulier, un marqueur de la décomposition lente, mais certaine.

Alors, quelle est la gériatricité de votre flatulât ?
Élevée, peut-être. Ou modérée. Mais certaine.
Car à l’heure des ombres longues et des intestins prudents, le pet ne ment plus.
Il vous connaît mieux que vous-même.

Données du topic

Auteur
Mangeprout6
Date de création
23 mai 2025 à 16:58:09
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