Avant son départ il était déjà moins bavard que lorsque je l’ai connu, huit ans plus tôt.
C’est qu’il n’y a pas d’âge pour avoir de vieux démons.
Les siens lui parlaient, je crois, de filiation et d’arbre généalogique. A celui-là aussi on coupe les branches qui font ombrage et les feuilles y meurent à l’automne.
Alors j’ai compris ses silences et je les partageais.
Je me suis aussi dit que j’étais sans doute moi-même moins fougueux, moins dispendieux qu’en notre prime adolescence.
Lors on découvrait, comme tout le monde, le péril de toute véritable entreprise de séduction et la saveur des lèvres maladroites et conquises.
On apprenait aussi par cœur les mystères âpres et charnus du con féminin qu’on touche d’abord avec les doigts.
Et surtout -- surtout ! -- l’insolent et naïf sentiment de liberté, les poumons amples, quand on prend la route du voyage pour la première fois !
Il est parti. C'est qu'il se lève à l'aube.
C'est qu'il se lève à l'aube.