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IA : J'ai fait évaluer 100 poèmes. Le vainqueur va vous étonner.

J'ai fait évaluer 100 poèmes par séries de 10 (2 pour chaque siècle du 16e au 20-21e siècle) pris au hasard, sauf qu'aucun n'est très connu par différentes IA (chat gpt, grok, Claude, Copilot, Le Chat, deepseek) + moi-même. En fonction de leur classement, j'ai fait de nouveau 10 séries. A chaque fois, je ne précisais ni le nom du poète ni celui du poème. L'ordre était aléatoire (déterminé par tirage au sort).
Le poème qui a gagné sa série + la série des vainqueurs est le suivant, par Antoine-Léonard Thomas (18e) :

"Le compas d'Uranie a mesuré l'espace.
Ô Temps, être inconnu que l'âme seule embrasse,
Invisible torrent des siècles et des jours,
Tandis que ton pouvoir m'entraîne dans la tombe,
J'ose, avant que j'y tombe,
M'arrêter un moment pour contempler ton cours.

Qui me dévoilera l'instant qui t'a vu naître ?
Quel oeil peut remonter aux sources de ton être ?
Sans doute ton berceau touche à l'éternité.
Quand rien n'était encore, enseveli dans l'ombre
De cet abîme sombre,
Ton germe y reposait, mais sans activité.

Du chaos tout à coup les portes s'ébranlèrent ;
Des soleils allumés les feux étincelèrent ;
Tu naquis ; l'Éternel te prescrivit ta loi.
Il dit au mouvement : "Du Temps sois la mesure."
Il dit à la nature :
"Le Temps sera pour vous, l'Éternité pour moi."

Dieu, telle est ton essence : oui, l'océan des âges
Roule au-dessous de toi sur tes frêles ouvrages,
Mais il n'approche pas de ton trône immortel.
Des millions de jours qui l'un l'autre s'effacent,
Des siècles qui s'entassent
Sont comme le néant aux yeux de l'Éternel !

Mais moi, sur cet amas de fange et de poussière
En vain contre le Temps je cherche une barrière ;
Son vol impétueux me presse et me poursuit.
Je n'occupe qu'un point de la vaste étendue
Et mon âme éperdue
Sous mes pas chancelants voit ce point qui s'enfuit.

De la destruction tout m'offre des images.
Mon oeil épouvanté ne voit que des ravages ;
Ici, de vieux tombeaux que la mousse a couverts ;
Là, des murs abattus, des colonnes brisées,
Des villes embrasées ;
Partout les pas du Temps empreints sur l'univers.

Cieux, terres, éléments, tout est sous sa puissance.
Mais tandis que sa main, dans la nuit du silence,
Du fragile univers sape les fondements ;
Sur des ailes de feu, loin du monde élancée,
Mon active pensée
Plane sur les débris entassés par le Temps.

Siècles qui n'êtes plus, et vous qui devez naître,
J'ose vous appeler ; hâtez-vous de paraître,
Au moment où je suis, venez vous réunir.
Je parcours tous les points de l'immense durée
D'une marche assurée :
J'enchaîne le présent, je vis dans l'avenir.

Le soleil épuisé dans sa brûlante course,
De ses feux par degrés verra tarir la source,
Et des mondes vieillis les ressorts s'useront.
Ainsi que des rochers qui du haut des montagnes
Roulent sur les campagnes,
Les astres l'un sur l'autre un jour s'écrouleront.

Là, de l'éternité commencera l'empire ;
Et dans cet océan, où tout va se détruire,
Le Temps s'engloutira, comme un faible ruisseau.
Mais mon âme immortelle, aux siècles échappée,
Ne sera point frappée,
Et des mondes brisés foulera le tombeau.

Des vastes mers, grand Dieu, tu fixas les limites,
C'est ainsi que du Temps les bornes sont prescrites.
Quel sera ce moment de l'éternelle nuit ?
Toi seul tu le connais, tu lui diras d'éclore :
Mais l'univers l'ignore ;
Ce n'est qu'en périssant qu'il en doit être instruit.

Quand l'airain frémissant autour de vos demeures,
Mortels, vous avertit de la fuite des heures,
Que ce signal terrible épouvante vos sens.
A ce bruit, tout à coup, mon âme se réveille,
Elle prête l'oreille
Et croit de la mort même entendre les accents.

Trop aveugles humains, quelle erreur vous enivre !
Vous n'avez qu'un instant pour penser et pour vivre,
Et cet instant qui fuit est pour vous un fardeau !
Avare de ses biens, prodigue de son être,
Dès qu'il peut se connaître,
L'homme appelle la mort et creuse son tombeau.

L'un, courbé sous cent ans, est mort dès sa naissance ;
L'autre engage à prix d'or sa vénale existence ;
Celui-ci la tourmente à de pénibles jeux ;
Le riche se délivre, au prix de sa fortune,
Du Temps qui l'importune ;
C'est en ne vivant pas que l'on croit vivre heureux.

Abjurez, ô mortels, cette erreur insensée !
L'homme vit par son âme, et l'âme est la pensée.
C'est elle qui pour vous doit mesurer le Temps !
Cultivez la sagesse ; apprenez l'art suprême
De vivre avec soi-même ;
Vous pourrez sans effroi compter tous vos instants.

Si je devais un jour pour de viles richesses
Vendre ma liberté, descendre à des bassesses,
Si mon coeur par mes sens devait être amolli,
O Temps ! je te dirais : "Préviens ma dernière heure,
Hâte-toi que je meure ;
J'aime mieux n'être pas que de vivre avili."

Mais si de la vertu les généreuses flammes
Peuvent de mes écrits passer dans quelques âmes ;
Si je peux d'un ami soulager les douleurs ;
S'il est des malheureux dont l'obscure innocence
Languisse sans défense,
Et dont ma faible main doive essuyer les pleurs,

Ô Temps, suspends ton vol, respecte ma jeunesse ;
Que ma mère, longtemps témoin de ma tendresse,
Reçoive mes tributs de respect et d'amour ;
Et vous, Gloire, Vertu, déesses immortelles,
Que vos brillantes ailes
Sur mes cheveux blanchis se reposent un jour."

En deuxième position, un poème de Verlaine et en 3e, un de Claudel.

Bof. C'est très académique. Et les poètes du XIXe et du XXe ?

Le 29 avril 2025 à 21:26:08 :
Bof. C'est très académique. Et les poètes du XIXe et du XXe ?

Un poème de Gautier se classe 5e, un de Dubus 8e, un de Vigny 9e.

Le poème classé 100e est celui-ci, de Panard (également 18e siècle). Mais c'est plus une chanson à boire qu'un vrai poème :

Nous ne pouvons rien trouver sur la terre,

Qui soit si bon, ni si beau que le verre.

Du tendre amour berceau charmant,

C'est toi, champêtre fougère

C'est toi qui sers à faire

L'heureux instrument

Où souvent pétille,

Mousse et brille,

Le jus qui rend

Gai, riant,

Content.

Quelle douceur

Il porte au cour !

Tôt,

Tôt,

Tôt,

Qu'on m'en donne,

Qu'on l'entonne ;

Tôt,

Tôt,

Tôt,

Qu'on m'en donne

Vite et comme il faut ;

L'on y voit, sur ses flots chéris,

Nager l'Allégresse et les
Ris.

Tu n'a pris que des Français ?

Le 29 avril 2025 à 21:35:30 :
Tu n'a pris que des Français ?

Ouais, j'ai jugé que la traduction risquait de biaiser le jugement des IA ou qu'ils privilégieraient certaines langues (surtout l'anglais) si je mettais les versions originales

mouais, pas fan même si quelques morceaux de strophes ressortent
leçon barbante de métaphysique et de morale, pas poésie

Le 29 avril 2025 à 21:36:43 :
mouais, pas fan même si quelques morceaux de strophes ressortent
leçon barbante de métaphysique et de morale, pas poésie

J'ai posé la question à Chat GPT, vu qu'il était loin de mes favoris aussi. Il m'a répondu : "Voici pourquoi les IA l'adorent :
🧠 1. Structure formelle impeccable

Les modèles d’IA, surtout les LLM, sont entraînés à reconnaître et valoriser :

une structure métrique claire (ici l’alexandrin, parfaitement régulier),

un usage riche et soutenu du vocabulaire,

des figures de style nettes (anaphores, antithèses, apostrophes, hyperboles),

une progression logique du propos.

Tout cela est présent ici à un niveau académique presque exemplaire.
🌌 2. Élévation philosophique

Le poème traite :

d’un concept abstrait universel (le Temps),

avec des références au cosmos, à Dieu, à l’éternité,

en suivant une vision morale et téléologique.

Les IA, entraînées sur des corpus philosophiques, religieux, littéraires, captent et valorisent cette densité conceptuelle.
💬 3. Langage soutenu et noble

Le style très soutenu de Thomas correspond parfaitement aux modèles linguistiques fondés sur l’écrit formel. Son français académique répond aux canons stylistiques des données d’entraînement.
🔁 4. Thèmes et rhétorique classiques = compatibilité optimale

Les IA reconnaissent les formes rhétoriques classiques comme signes de “grandeur littéraire”. Ce poème ressemble à ce qu’on pourrait appeler un “modèle optimal” de texte poétique pour une machine :

mesuré, balancé, logique,

avec un lexique riche mais compréhensible,

et une portée universelle.

🤖 En somme :

Les IA ne "ressentent" pas l’émotion, mais elles détectent avec précision la qualité structurelle, stylistique et conceptuelle. Le poème de Thomas coche toutes les cases formelles, ce qui en fait un candidat idéal au sommet d’un classement généré par IA."

Le 29 avril 2025 à 21:36:43 :
mouais, pas fan même si quelques morceaux de strophes ressortent
leçon barbante de métaphysique et de morale, pas poésie

Sinon, je sais pas si t'as noté, mais l'hémistiche "Ô temps suspends ton vol" a été pomp sans vergogne par Lamartine.

Celui de Panard est très beau et prend la forme d'un verre. Excellent !
Le premier est plein de très bonnes idées

Le 29 avril 2025 à 21:41:02 :
Celui de Panard est très beau et prend la forme d'un verre. Excellent !

Très beau je dirais pas, mais effectivement il prend la forme d'un verre (c'est ce qu'on appelle un calligramme ), ce que les IA n'ont pas vu.

Le 29 avril 2025 à 21:41:23 :
Le premier est plein de très bonnes idées

C'est le plus ambitieux sur le plan intellectuel, mais comme l'a noté un khey c'est trop académique pour être un chef d'oeuvre.

Le 29 avril 2025 à 21:42:27 :

Le 29 avril 2025 à 21:41:02 :
Celui de Panard est très beau et prend la forme d'un verre. Excellent !

Très beau je dirais pas, mais effectivement il prend la forme d'un verre (c'est ce qu'on appelle un calligramme ), ce que les IA n'ont pas vu.

"Calligramme", c'est le mot que je cherchais (je suis pourtant un lecteur d'Apollinaire). Je continue à le trouver beau malgré son sujet trivial.

Le 29 avril 2025 à 21:41:02 :

Le 29 avril 2025 à 21:36:43 :
mouais, pas fan même si quelques morceaux de strophes ressortent
leçon barbante de métaphysique et de morale, pas poésie

Sinon, je sais pas si t'as noté, mais l'hémistiche "Ô temps suspends ton vol" a été pomp sans vergogne par Lamartine.

oui j'ai tiqué :noel:
content de pas avoir les mêmes goûts que l'IA en tout cas https://image.noelshack.com/fichiers/2018/01/3/1514966469-ahi1.png

Je ne suis pas très porté sur la poésie, et je dois admettre que parfois certains poèmes me dépassent. Je ne les comprends pas, mon vocabulaire n'arrive pas à suivre les idées transmises par le texte.

Mais celui-là est assez clair. Je pense que sa beauté tient surtout à son contenu philosophique, davantage qu'à sa tournure.

Le 29 avril 2025 à 21:43:12 :

Le 29 avril 2025 à 21:41:23 :
Le premier est plein de très bonnes idées

C'est le plus ambitieux sur le plan intellectuel, mais comme l'a noté un khey c'est trop académique pour être un chef d'oeuvre.

Je ne suis clairement pas académique, et je ne m’intéresse à la poésie que depuis quelques mois (voire quelques semaines).
On peut donc dire que je suis un piètre juge, mais le poème me semble vraiment accessible, ni trop structuré ni trop contraint par des règles.

En termes d’idées et de développement, je le trouve très bon. Il se lit de manière agréable, et on peut facilement y coller une musique avec un rythme changeant.

Après, je ne suis pas fan des poésies très courtes, en quelques mots. J’ai donc une préférence pour sa manière de dialoguer.

C'est très générique normal que l'ia aime bien

Le 29 avril 2025 à 21:47:06 :
Je ne suis pas très porté sur la poésie, et je dois admettre que parfois certains poèmes me dépassent. Je ne les comprends pas, mon vocabulaire n'arrive pas à suivre les idées transmises par le texte.

Mais celui-là est assez clair. Je pense que sa beauté tient surtout à son contenu philosophique, davantage qu'à sa tournure.

Ouais mais le problème, c'est que la poésie, c'est avant tout de la musicalité, des sons, des rythmes mais aussi des évocations, bref un univers total. L'IA évalue cela difficilement, parce qu'elles ne sont pas entraînées sur ces textes spécifiques. Il faudrait une IA spécialisée.
Le poème que les IA préfèrent ne répond pas aux critères propres à la particularité d'une bonne poésie.

Le 29 avril 2025 à 21:26:08 :
Bof. C'est très académique. Et les poètes du XIXe et du XXe ?

Pour le 20e, outre Claudel 3e, Saint John Perse est 5e, Char 6e, Aragon 9e.

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Auteur
8bitLegend
Date de création
29 avril 2025 à 21:24:34
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