Dans les tréfonds d’un hospice oublié, là où l’odeur de chair vieillissante se mêle aux relents d’urine stagnante, un rituel innommable a lieu chaque jeudi matin : le grand défécât flatulique. C’est un moment sacré pour ces anciens dont les intestins, tels des tuyaux d’orgue encrassés, peinent à libérer le fruit de décennies d’un transit capricieux.
On installe les pensionnaires en rang, croupes offertes à la postérité, leur imposant une diète laxative savamment dosée la veille au soir. Vient alors l’instant tant attendu : un soignant enfile ses gants, tapote quelques ventres ballonnés, et au signal, les sphincters fripés s’ouvrent dans une symphonie de pets mouillés et d’éjections fécales hachées. Certains, trop enthousiastes, relâchent non pas une bouse honorable, mais une coulée de merde semi-solide qui s’étale en nappe tiède sur les draps plastifiés.
Marcel, vétéran incontesté de la discipline, trône au sommet de la performance avec un jet si puissant qu’il éclabousse la cloison carrelée. Un exploit immédiatement salué par un chœur de flatulences en cascade, tandis que son voisin, pris d’un spasme ultime, lâche un dernier râle avant de s’effondrer face contre sol, souillé et vidé.
Ainsi s’achève une nouvelle session, dans la puanteur triomphante des vieux corps lessivés, tandis que l’infirmière en chef, les yeux embués de fierté et de désespoir, griffonne un énième rapport d’incident.