Avant l'islam, aucun empire puissant n'existait en Ifriqiya ; car les romains et les francs n'avaient fait que traverser la mer pour occuper ce pays ; les provinces du littoral, et ne pouvaient compter sur l'obéissance des berbères, peuple qui ne leur témoignaient qu'un semblant de soumission et qui était toujours à changer de place et à voyager. Les habitants du Maghreb n'eurent jamais dans leur voisinage un grand empire ; ils se bornèrent à envoyer aux goths d'Espagne des déclarations d'obéissance. Lorsque Dieu eut donné l'islam au monde et que les ar*bes eurent effectués la conquête de l'Ifriqiya et du Maghreb, le royaume qu'ils y fondèrent n'eut pas une grande durée, puisqu'il ne s'y maintint que pendant les premiers temps de l'islam. A cette époque, ils étaient encore eux-mêmes dans une des phases de la civilisation nomade, et ceux qui se fixèrent dans ces pays n'y trouvèrent rien d'une civilisation sédentaire qu'ils auraient pu emprunter. Les habitants étaient des berbères tout à fait habitué à la civilisation grossière de la vie nomade. Peu de temps après, sous le califat Hicham, fils d'Abd el-Melek, les berbères du Maghreb el-Acsa se soulevèrent à l'instigation de Meîcera el-Matghari, pour ne plus rentrer sous la domination arabe. Dès lors ils se gouvernèrent eux-mêmes, et, bien qu'ils aient prêté le serment de fidélité à Idris, on ne peut pas regarder le royaume qu'ils fondèrent en ce temps-là comme un empire arabe
(Ibn Khaldoun, El Muqaddima, sur les villages, les villes, les cités et autres lieux)![]()
Même les historiens berbères disent qu'il y'avait pas grand chose dans cette zone
Pourquoi les cités et les villes sont peu nombreuses dans le Maghreb ?
La cause en est que ces contrées ont appartenu aux berbères depuis plusieurs milliers d'années avant l'*slam, et que toutes ces populations, étant nomades, n'ont jamais pratiqué les usages de la vie sédentaire assez longtemps pour s'y former complètement. Les dynasties des francs et des ar*bes qui régnèrent sur les pays des berbères s'y maintenir trop peu de temps pour façonner ce peuple aux usages de la vie sédentaire. Les berbères, trouvant la vie nomade plus appropriée à leurs besoins, en ont toujours conservé la pratique et les habitudes ; voilà pourquoi les édifices ne sont pas nombreux chez eux.
D'ailleurs les usages de la vie nomade ont toujours été si profondément enracinés chez les berbères, qu'ils n'eurent jamais de dispositions pour la pratique des arts. La connaissance des arts, produit de la vie à demeure fixe, est nécessaire pour l'achèvement des grands édifices, et son acquisition exige un certain degré d'intelligence. Les berbères, ne les ayant jamais exercés, n'ont eu, en aucun temps, le désir d'élever de grandes constructions et encore moins de bâtir des villes...
Comment les villes tombent en ruine
Quand la prospérité de la ville commence à décliner et sa population diminuer, un grand ralentissement se manifeste dans l'exercice des arts ; l'habitude de construire avec élégance et solidité se perd, ainsi que l'usage d'orner les mures des édifices. Les travaux diminuent en même temps que la population ; les pierres, les marbres et les autres matériaux de construction n'arrivent plus à la ville qu'en petite quantité, et au bout de quelque temps il manquent tout à fait...
...Alors reprend l'usage de construire à la manière bédouine ; on emploie des briques cuites au soleil au lieu de pierres, et l'on abandonné tout à fait l'usage de l'ornement. Les édifices redeviennent comme ceux des villages et des hameaux, et montrent partout les marques de la civilisation grossière qui est propre aux nomades...
(Ibn Khaldûn, El Muqadima, sur les villages, les villes, les cités et autres lieux)
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