La Jeune-Fille vit toujours-déjà en couple, c’est-à-dire: avec son image.
La Jeune-Fille ne se contente pas de croire que la sexualité existe, elle jure qu’elle l’a rencontrée. A dieux nouveaux, superstitions nouvelles.
La Jeune-Fille vit toujours-déjà en couple, c’est-à-dire: avec son image.
La Jeune-Fille ne se contente pas de croire que la sexualité existe, elle jure qu’elle l’a rencontrée. A dieux nouveaux, superstitions nouvelles.
«C’est quoi un bon coup ?»
La Jeune-Fille n’aime pas, elle s’aime aimant.
Les amours de la Jeune-Fille sont un travail, et comme tout travail, elles sont devenues précaires.
Entre la Jeune-Fille et le monde, il y a une vitrine. Rien ne touche la Jeune-Fille, la Jeune-Fille ne touche à rien.
La Jeune-Fille est un engin à dégrader en Jeune-Fille tout ce qui entre en contact avec elle.
Même en amour, la Jeune-Fille parle le langage de l’économie politique et de la gestion.
La Jeune-Fille n’a rien de spécial, c’est en cela que consiste sa “beauté”.
La Jeune-Fille est une illusion optique. De loin, elle est l’ange et de près, elle est la bête.
Vu de loin, le néant de la Jeune-Fille paraît relativement habitable, et par moments, même, confortable.
«Séduire utile. Ne vous fatiguez pas à allumer n’importe quoi.»
La Jeune-Fille est la marchandise la plus autoritaire du monde de la marchandise autoritaire, celle que nul ne peut tout à fait posséder, mais qui vous flique et peut à tout instant vous être retirée.
N’oublie jamais que la Jeune-Fille qui t’aime t’a aussi choisi.
Quand la Jeune-Fille glousse, elle travaille encore.
La sexualité est d’autant plus centrale pour la Jeune-Fille que chacun de ses coïts est insignifiant.
Combien avez-vous en beauté? Non, la beauté n’est pas une appréciation subjective. A la différence du charme, notion bien trop floue, la beauté se calcule en centimètres, se divise en fractions, se pèse, s’examine à la loupe, s’évalue en mille détails sournois. Cessez donc de vous abriter derrière des principes baba-cool genre “la beauté intérieure, c’est ça qui compte”, “moi j’ai mon style”, et osez vous mesurer dans la cour des grandes!!!
La Jeune-Fille est celui qui a préféré devenir lui-même une marchandise, plutôt que d’en subir passivement la tyrannie.
Dans l’amour comme dans le reste de cette “société”, nul n’est plus censé ignorer sa valeur.
La première compétence de la Jeune-Fille : organiser sa propre rareté.
Toute réussite en matière de séduction est essentiellement un échec, car de même que ce n’est pas nous qui achetons une marchandise, mais une marchandise qui veut être achetée, de même ce n’est pas une Jeune-Fille que nous séduisons, mais une Jeune-Fille qui veut être séduite.
La Jeune-Fille n’est jamais simplement malheureuse, elle est aussi malheureuse d’être malheureuse.
En dernier ressort, l’idéal de la Jeune-Fille est domestique.
Ce qu’ON appelle encore virilité n’est plus que l’infantilisme des hommes et féminité celui des femmes.
La Jeune-Fille se plaît à couvrir d’un second degré faussement provocateur le premier degré économique de ses motivations.
La Jeune-Fille n’est pas censée vous comprendre.
La Jeune-Fille connaît les perversions standard.
Quand la Jeune-Fille a épuisé tous les artifices, il lui en reste un dernier, et c’est de renoncer aux artifices.
Mais celui-là, c’est vraiment le dernier.
La Jeune-Fille n’en a pas fini de sen flatter d’avoir le “Sens Pratique”.
La Jeune-Fille est ontologiquement vierge, vierge de toute expérience.
La Jeune-Fille peut faire preuve de sollicitude, pourvu que l’on soit vraiment malheureux ; c’est là un aspect de son ressentiment.
La Jeune-Fille est le pouvoir contre lequel il est barbare, indécent et même carrément totalitaire de se rebeller.
La Jeune-Fille est le collaborateur idéal.
La Jeune-Fille n’a ni avis ni positions propre Elle s’abrite dès qu’elle le peut à l’ombre des vainqueurs.
La Jeune-Fille a déclaré la guerre aux microbes.
La Jeune-Fille a déclaré la guerre au hasard.
La Jeune-Fille a déclaré la guerre aux passions.
La Jeune-Fille a déclaré la guerre au temps.
La Jeune-Fille a déclaré la guerre au gras.
La Jeune-Fille a déclaré la guerre à l’obscur.
La Jeune-Fille a déclaré la guerre au souci.
La Jeune-Fille a déclaré la guerre au silence.
La Jeune-Fille a déclaré la guerre au politique.
«La fidélité, y a intérêt.»
La Jeune-Fille a un souci de l’équilibre qui la rapproche moins du danseur que de l’expert-comptable.
Le sourire n’a jamais servi d’argument. Il y a aussi le sourire des Têtes-de-Mort.
L’affectivité de la Jeune-Fille n’est faite que de signes, et parfois même de simples signaux.
Il n’est assurément de lieu où l’on se sente si péniblement seul qu’entre les bras d’une Jeune-Fille.
La Jeune-Fille occupe le noeud central du présent système des désirs.
Chaque expérience de la Jeune-Fille se retire incessamment dans la représentation préalable qu’elle s’en faisait. Tout le débordement de la concrétude, toute la part vivante de l’écoulement du temps et des choses ne sont connus d’elle qu’au titre d’imperfections, d’altération d’un modèle abstrait.
La Jeune-Fille est le ressentiment qui sourit.
Il y a des êtres qui donnent le désir de mourir lentement devant leurs yeux, mais la Jeune-Fille n’excite que l’envie de la vaincre et de jouir d’elle.
LA JEUNE-FILLE NE S’ACCOUPLE PAS EN UN TRANSPORT VERS L’AUTRE, MAIS POUR FUIR SON INTENABLE NÉANT.
La prétendue libération des femmes n’a pas consisté dans leur émancipation de la sphère domestique, mais plutôt dans l’extension de cette sphère à la société toute entière.
Devant toute personne qui prétend la faire penser, la Jeune-Fille ne tardera jamais à se piquer de réalisme.
Dans la mesure où ce qu’elle cache n’est pas son secret, mais sa honte, la Jeune-Fille déteste l’imprévu, surtout quand il n’est pas programmé.
La Jeune-Fille conçoit l’amour comme une activité particulière.
La Jeune-Fille porte dans son rire toute la désolation des boîtes de nuit.
Identique en cela au malheur, une Jeune-Fille ne vient jamais seule.
Quand la Jeune-Fille s’abandonne à son insignifiance, elle en tire encore gloire, c’est qu’elle “s’amuse”.
La Jeune-Fille ne s’inquiète jamais d’elle-même, mais seulement de sa valeur. Ainsi, quand elle rencontre la haine, elle est saisie de doutes : sa cote aurait-elle baissé?
«Faut pas se dévaloriser comme ça !» Il s’agit d’abord, pour la Jeune-Fille, de se faire valoir.
Le mensonge du porno est de prétendre représenter l’obscène, donner à voir le point d’évanouissement de toute représentation. En réalité, n’importe quel repas de famille, n’importe quelle réunion de managers est plus obscène qu’une scène d’éjaculation faciale.
Il faut croire que Marx ne pensait pas à la Jeune-Fille lorsqu’il écrivait «les marchandises ne peuvent point aller elles-mêmes au marché, ni s’échanger elles-mêmes entre elles.»
Mon mec est un poète.
Il est toujours surprenant de voir comme la théorie des avantages compétitifs développée par Ricardo se vérifie plus pleinement dans le commerce des Jeunes-Filles que dans celui des biens inertes.
La Jeune-Fille ne se laisse jamais posséder comme Jeune-Fille de la même façon que la marchandise ne se laisse jamais posséder comme marchandise, mais seulement comme chose.
Au sein du Spectacle, on peut dire de la Jeune-Fille ce que Marx remarque de l’argent, qu’il est «une marchandise spéciale qui est mise à part par un acte commun des autres marchandises et sert à exposer leur valeur réciproque».
La Jeune-Fille n’est en fait ni sujet ni objet d’émotion, mais prétexte. On ne jouit pas de la Jeune-Fille, ni de sa jouissance, mais de jouir d’elle. Un pari s’avère nécessaire.
«Séduction : apprenez le marketing amoureux ! Vous rêvez de lui, il vous ignore. Accrochez-le grâce aux lois du marketing. Aucun homme ne saurait résister à un plan de campagne bien conçu. Surtout si c’est vous le produit.»
Dans l’amour plus que partout ailleurs, la Jeune-Fille se conduit en comptable qui soupçonne toujours qu'elle aime plus qu'elle n'est aimée, et qu'elle donne plus qu'elle ne reçoit.
La Jeune-Fille est le seul insecte qui consente à l'entomologie des journaux féminins.
Il y a quelque chose de professionnel dans tout ce que fait la jeune fille.
Les sentiments les plus mesquins ont encore pour la jeune fille le prestige de leur sincérité.
La Jeune-Fille veut être désirée sans amour ou bien aimée sans désirs. En tout cas son malheur est sauf.
La Jeune-Fille est soudain prise de vertige quand le monde cesse de tourner autours d'elle.
Bavardage, curiosité, équivoque, on-dit, la Jeune-Fille incarne la plénitude de l'existence impropre, telle qu'Heidegger en a décroché les catégories.
Partout où la Marchandise est mal-aimée la Jeune Fille l'est aussi.
Le rapport sexuel ne s'improvise pas : il se décide, s'organise, se planifie !
Ce n'est pas de leur pulsion instinctive que les hommes sont prisonniers dans le spectacle mais des lois du désirable qu'on leur a inscrit à même la chair.
La Jeune-Fille privatise tout ce qu'elle appréhende. Ainsi pour elle un philosophe n'est pas un philosophe mais un objet érotique extravagant ; de même un révolutionnaire n'est pas un révolutionnaire mais un bijou fantaisie.
La Jeune-Fille est le véhicule privilégié du darwinisme social-marchand.
https://monoskop.org/images/3/3a/Tiqqun_Premiers_materiaux_pour_une_Theorie_de_la_Jeune-Fille.pdf
Dans leur divorce, l'amour et le cul de la Jeune fille sont devenus deux abstractions vides.
La Jeune Fille sait faire la part des sentiments.
La Jeune Fille baigne dans le déjà-vu. Chez elle, la première fois est toujours vécu une seconde fois de la représentation.
Dans le monde des Jeunes Fillesle coït apparait comme la sanction logique de toute expérience.
Trop cool ! Au lieu de dire très, la Jeune Fille dit trop, et de fait, elle est si peu.
La Jeune Fille conçoit son existence comme un problème de gestion, qui attend d'elle sa résolution.
Le 02 avril 2023 à 15:22:05 :
giga malaise
Tu peux disposax.
-"La jeune-fille appelle invariablement « bonheur » tout ce que à quoi on l'enchaîne."
-"L'amour de la Jeune-Fille n'est qu'un autisme à deux."
-"La Jeune-Fille n'est pas là pour qu'on la critique."
-"La Jeune-Fille n'est pas censée vous comprendre".
-"Dans les yeux de la Jeune-Fille, c'est le Spectacle qui vous regarde."
La Jeune-Fille n’apprend jamais rien. Elle n’est pas là pour ça.
La Jeune-Fille porte le masque de son visage.
La Jeune-Fille ne parle pas, au contraire : elle est parlée par le Spectacle.
Le triomphe de la Jeune-Fille tire son origine dans l’échec du féminisme.
La Jeune-Fille n’exige pas seulementque vous la protégiez,elle veut en outre pouvoir vous éduquer.
Parvenir à «réussir à la fois sa vie sentimentale et sa vie professionnelle», certaines Jeunes-Filles affichent cela comme une ambition digne de respect.
La Jeune-Fille n’existe qu’à proportion du désir que l’ON a d’elle, et ne se connaît que par ce que l’ON dit d’elle
La Jeune-Fille a des HISTOIRES d’amour.
La Jeune-Fille se plaît à parler avec émotion de son enfance, pour suggérer qu’elle ne l’a pas dépassée, qu’au fond, elle est restée naïve. Comme toutes les putains, elle rêve de candeur. Mais à la différence de ces dernières, elle exige qu’on la croie, et qu’on la croie sincèrement. Son infantilisme, qui n’est en fin de compte qu’un intégrisme de l’enfance, fait d’elle le vecteur le plus retors de l’infantilisation générale.«Il convient dès lors d’envisager la naissance de la “jeune fille” comme la construction d’un objet à laquelle concourent différentes disciplines (de la médecine à la psychologie, de l’éducation physique à la morale, de la physiologie à l’hygiène).»(Jean-Claude Caron, Le corps des jeunes filles)
«TROP SYMPA!»
La Jeune-Fille peut faire preuve de sollicitude, pourvu que l’on soit vraiment malheureux ; c’est là un aspect de son ressentiment.
Il y a entre les Jeunes-Filles une communauté de gestes et d’expressions qui n’est pas émouvante.
«Faut pas confondre le boulot et les sentiments!» Dans la vie de la Jeune-Fille, les opposés inactivés et rendus au néant se complètent, mais ne se contredisent point.
La Jeune-Fille voudrait que le simple mot d’“amour” n’impliquât pas le projet de détruire cette société.
Qu’il suffise, pour s’en convaincre, de voir ce qu’elle entend par “romantique” et qui a si peu à voir, en fin de compte, avec Hölderlin.
Quand la propriété privée se vide de toute substance métaphysique propre, elle ne meurt pas immédiatement. Elle se survit, mais son contenu n'est plus que négatif : le droit de priver les autres de l'usage de nos biens. Quand le coït s'affranchit de toute signification immanente, il se met à proliférer. Mais il n'est plus, en fin de compte, que le monopole fugitif de l'emploi des organes génitaux de l'autre.
Dans l'amour comme dans le reste de cette société, nul n'est plus censé ignorer sa valeur.
La Jeune-Fille est le lieu où la marchandise et l'humain coexistent de façon apparemment non-contradictoire.
La Jeune-Fille vit dans l'angoisse de n'être pas achetée.
Parfois, la Jeune-Fille est prise d'angoisse, la valeur du cul ne serait pas objective.
La honte pour la Jeune-Fille ne consiste pas dans le fait d'être achetée, mais au contraire dans celui de n'être pas achetée. Elle ne tire pas seulement gloire de sa valeur, mais encore de s'être mise à prix.
Il n'est pas rare que, par un abus de langage devenant lentement un abus de réalité, les propriétaires d'un objet unique ou précieux se prennent d'affection pour une chose, et finalement prétendent "l'aimer", et même "l'aimer beaucoup". De la même façon, certains "aiment" une Jeune-Fille. Bien sûr, si c'était véritablement le cas, ils en mourraient.
JvArchive compagnon