Un jour nouveau se lève sur la grande Lutèce. Il est encore tôt; cinq heures sont passées depuis minuit. Les premiers esclaves rampent fastidieusement hors de leurs paillasses. La race des cloportes n'est pas matinale, mais elle n'a pas le choix. C'est bâton pour qui ne se lève pas, esclave de l'Etat, de la finance, de la bande à Basile en somme.
La ville Victorienne ne compte pas que des misérables à l'aurore. Roy parmi les cloportes, lion parmi les ânes, une caste de véritable chevalier à la mission christique se prépare, en silence. Enfilant leurs lumineuses armures, ils préparent leurs âmes et leurs corps à une énième journée de combat. Une guerre féroce et sans repos contre la décadence et la laideur, le mensonge et la saleté ; le mal. Un méthodique nettoyage de la vermine et de son engeance.
Six heures viennent maintenant de passer. Les soldats du beau, du bien et du vrai sortent enfin de leur gargantuesques château sociaux, qu'ils acceptent généreusement de partager avec leurs gens. Un gueux piètrement endimanché se permet parfois de leur adresser un regard mauvais. Les héritiers de Bayard n'ont pas de temps à perdre et n'en font point affaire, trop occupés à seller leur monture.
Le claquement des camions-bennes pour tambour de guerre, klaxon pour cor ; c'est à dos de motocrotte que la menace fécale sera combattu.