L'oeil sacrifié est en fait commencé à regarder en lui-même, dans son esprit, dans son centre infini qui, par rapport au monde matériel extérieur, apparaît comme une obscurité absolue.
L'oeil matériel s'est sacrifié pour devenir un oeil spirituel. L'autre oeil qu'il a gardé s'il regarde le monde extérieur mais il le fait toujours en se référant et en discernant de son centre toutes les informations qu'il reçoit par les sens. Odin vit et regarde simultanément vers deux mondes : avec l'oeil qu'il a perdu, il regarde vers l'origine infinie et avec l'oeil qu'il a gardé, il regarde vers le monde matériel. Dès le premier regard, il s'appuie pour agir selon l'influence et l'éthique du monde inconnaissable et éternel.
Une moitié d'Odin est dans l'éternité et l'autre moitié est dans l'univers matériel conditionné. Odin monte le cheval Sleipner qui a huit pattes car la moitié d'entre elles sont l'ombre ou le reflet matériel de ce qui est vrai et éternel, ceci étant similaire au mythe des cavernes de Platon dans lequel l'homme du commun voit des images qu'il croit être réelles mais qui ne sont que les ombres projetées du monde réel. Odin vit donc simultanément dans deux univers, l'un infini, non créé, qui est en réalité lui-même, sa propre création, et l'autre fini, créé et régi par des lois qui se déploient dans le processus de manifestation du temps et de l'espace.
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