Le 07 janvier 2020 à 02:03:06 Cisla_officiel a écrit :
Le 07 janvier 2020 à 01:59:43 Alakazam_ a écrit :
Le 07 janvier 2020 à 01:55:17 Cisla_officiel a écrit :
Le 07 janvier 2020 à 01:51:55 ScheaTt a écrit :
Le 07 janvier 2020 à 01:49:10 Cisla_officiel a écrit :
Le 07 janvier 2020 à 01:48:01 ScheaTt a écrit :
Le 07 janvier 2020 à 01:46:23 Cisla_officiel a écrit :
Le 07 janvier 2020 à 01:44:39 ScheaTt a écrit :
Le 07 janvier 2020 à 01:42:19 Cisla_officiel a écrit :
Le 07 janvier 2020 à 01:40:21 Bykj234 a écrit :
Le pire en 3-8 c'est 13h-21h je trouve, t'arrive chez toi il est 21h30, tu vas te coucher a minuit max vue que t'es mort et tu te réveilles le lendemain il est 10h, dans 3 heures tu vas bosserApres c'est en journee donc tu peut te lever un oeu plus tot pour profiter de ta mâtiné
je suis posté en 2/8, une semaine matin puis une semaine après midi et rebelote.
L'après midi c'est chiant. En plus d'être ultra long, je confirme. Pour peu que tu te détendes un peu en rentrant, tu te couches à minuit, tu te lèves à 9h. Le temps de te sortir la tête du cul et de déjeuner 10h. Tu t'occupes un peu, arrivé 11h tu dois te faire à bouffer et t'arrives déjà à 12h, l'heure d'aller bosser.
Je préfère 100 fois être du matin
Le matin le truc c'est que tu dors toute la journee et au final bah tu profite pas de ton aprem ?
N'imp. Je me lève à 4h, j'arrive au taf à 5h, un petit café pour me mettre un coup de pied au cul. Je quitte à 12h30, 13h je suis chez moi, 13h30/14h j'ai fini de bouffer. Si vraiment c'est nécessaire (c'est rare), petite sieste 14h-14h30. Et ensuite tranquille jusqu'à 21h, l'heure où je dois me coucher pour faire une bonne nuit
Dit comme ça, ça vend du reve sans troll. Tu te fais ta petite routine tranquille etc
Tu as une bonne equipe ?Bah quand tu grandis tu penses aux côtés positifs, plus emmerdé pour récupérer des colis, plus emmerdé pour les rendez vous etc. Et si t'as rien à faire, tu peux te poser, te balader, geeker tranquillou.
J'ai une bonne équipe oui, avec des mecs avec qui je déconne bien. En plus de ça, pas de chef jusque 7h30 voire 8h30. Donc de 5h à 7h30 sans pression. Je bosse mais personne sur mon dos.
Apres le petit soucis ça doit etre pour la vie sociale, genre les soirees entre potes ou meme passer du temps avec ta copine si tu en as une. Bon il y a les week end si tu travail pas, mais tu arrive a faire des trucs quand meme ?
C'est ça qui me fait peur, c'est finir dans une equipe de con avec un patron tyrannique qui chie une pendule car tu part 2 min plus tot
Ah bah ça les chefs c’est la loterie. Le miens est super cool dans le sens où si je me barre chercher un café t que je m’rrete 5 minutes pour discuter sur le chemin du retour, s’il me voit sur mon tel, dans la majorité des cas il ne me dit rien.
Vie sociale aucun soucis. Avec ma copine le seul petit problème c’est que je dois me coucher tôt en semaine.
Si un truc de prévu le vendredi soir, je fais une sieste dans l’apres Midi. Et rarement j’ai des trucs prévus le soir en semaine. Bah je me couche tard ... des fois je me réveille en pleine forme, des fois c’est un peu plus dur, je fais mon taf, je rentre et petit sieste d’une demie heure et je suis reparti comme en 40.
C’est le piège les siestes, ne jamais faire plus de 30 minutes, sinon après c’est foutu, non seulement tu te niques l’apres Midi parce que t’as dormi 2h. Mais en plus de ça pour te rendormir la nuit c’est mort.
Donc non aucun soucis vis sociale, juste un peu dur lendemain au réveil en semaine mais sinon nickel.
Édit : c’est ScheaTt
Et bah comment tu raconte ta vie en usine ça donne envie. En tout cas je te remercie de m'éclairer, ça m'aide a un peu mieux aborder l'usine
Mais c'est cool que tu soit parvenu a trouver la stabilité. Et je prend note pour les siestes courtes
Les gens sous estiment la sieste de 30 minutes. Que tu dormes ou pas t’as l’impression de revivre .
Je vais me coucher, hésite pas à mp si t’as des questions.
Après voilà mes journées sont pas toujours roses non plus. Y a des journees où ça va aller nickel et d’autre où ça va être merde sur merde. Mais ça c’est propre au travail pas spécialement à l’usine.
Le 07 janvier 2020 à 02:00:56 Exceline a écrit :
Je suis desco depuis Juin (licence histoire avorté. J'ai fait quand meme la L1 pour la forme, mais j'etais desco deja depuis 2017. J'ai voulu retenter les etudes apres 1 an sabbatique a faire des petits taff au black. Mais finalement pas fait pour moi):
J'ai fait plein de petit metier en interim (le taff au black a force c'est chiant). Franchement si tu cherche dans les trucs pépère, fais les metiers genre receptionniste ou ce genre de connerie
J'ai fait receptionniste en Juillet car j'avais rien a faire ce mois la (ma copine de l'epoque etait libre qu'a partir de fin juillet). Et vraiment c'était tranquille:
Je faisait du 10h-12h/13h-18h du lundi au jeudi et le samedi. Et a part pour donner les clés au client, tu reste toute la journee sir ton tel ou parler a tes collègues
Le 07 janvier 2020 à 02:05:11 ScheaTt a écrit :
Le 07 janvier 2020 à 02:03:06 Cisla_officiel a écrit :
Le 07 janvier 2020 à 01:59:43 Alakazam_ a écrit :
Le 07 janvier 2020 à 01:55:17 Cisla_officiel a écrit :
Le 07 janvier 2020 à 01:51:55 ScheaTt a écrit :
Le 07 janvier 2020 à 01:49:10 Cisla_officiel a écrit :
Le 07 janvier 2020 à 01:48:01 ScheaTt a écrit :
Le 07 janvier 2020 à 01:46:23 Cisla_officiel a écrit :
Le 07 janvier 2020 à 01:44:39 ScheaTt a écrit :
Le 07 janvier 2020 à 01:42:19 Cisla_officiel a écrit :
Le 07 janvier 2020 à 01:40:21 Bykj234 a écrit :
Le pire en 3-8 c'est 13h-21h je trouve, t'arrive chez toi il est 21h30, tu vas te coucher a minuit max vue que t'es mort et tu te réveilles le lendemain il est 10h, dans 3 heures tu vas bosserApres c'est en journee donc tu peut te lever un oeu plus tot pour profiter de ta mâtiné
je suis posté en 2/8, une semaine matin puis une semaine après midi et rebelote.
L'après midi c'est chiant. En plus d'être ultra long, je confirme. Pour peu que tu te détendes un peu en rentrant, tu te couches à minuit, tu te lèves à 9h. Le temps de te sortir la tête du cul et de déjeuner 10h. Tu t'occupes un peu, arrivé 11h tu dois te faire à bouffer et t'arrives déjà à 12h, l'heure d'aller bosser.
Je préfère 100 fois être du matin
Le matin le truc c'est que tu dors toute la journee et au final bah tu profite pas de ton aprem ?
N'imp. Je me lève à 4h, j'arrive au taf à 5h, un petit café pour me mettre un coup de pied au cul. Je quitte à 12h30, 13h je suis chez moi, 13h30/14h j'ai fini de bouffer. Si vraiment c'est nécessaire (c'est rare), petite sieste 14h-14h30. Et ensuite tranquille jusqu'à 21h, l'heure où je dois me coucher pour faire une bonne nuit
Dit comme ça, ça vend du reve sans troll. Tu te fais ta petite routine tranquille etc
Tu as une bonne equipe ?Bah quand tu grandis tu penses aux côtés positifs, plus emmerdé pour récupérer des colis, plus emmerdé pour les rendez vous etc. Et si t'as rien à faire, tu peux te poser, te balader, geeker tranquillou.
J'ai une bonne équipe oui, avec des mecs avec qui je déconne bien. En plus de ça, pas de chef jusque 7h30 voire 8h30. Donc de 5h à 7h30 sans pression. Je bosse mais personne sur mon dos.
Apres le petit soucis ça doit etre pour la vie sociale, genre les soirees entre potes ou meme passer du temps avec ta copine si tu en as une. Bon il y a les week end si tu travail pas, mais tu arrive a faire des trucs quand meme ?
C'est ça qui me fait peur, c'est finir dans une equipe de con avec un patron tyrannique qui chie une pendule car tu part 2 min plus tot
Ah bah ça les chefs c’est la loterie. Le miens est super cool dans le sens où si je me barre chercher un café t que je m’rrete 5 minutes pour discuter sur le chemin du retour, s’il me voit sur mon tel, dans la majorité des cas il ne me dit rien.
Vie sociale aucun soucis. Avec ma copine le seul petit problème c’est que je dois me coucher tôt en semaine.
Si un truc de prévu le vendredi soir, je fais une sieste dans l’apres Midi. Et rarement j’ai des trucs prévus le soir en semaine. Bah je me couche tard ... des fois je me réveille en pleine forme, des fois c’est un peu plus dur, je fais mon taf, je rentre et petit sieste d’une demie heure et je suis reparti comme en 40.
C’est le piège les siestes, ne jamais faire plus de 30 minutes, sinon après c’est foutu, non seulement tu te niques l’apres Midi parce que t’as dormi 2h. Mais en plus de ça pour te rendormir la nuit c’est mort.
Donc non aucun soucis vis sociale, juste un peu dur lendemain au réveil en semaine mais sinon nickel.
Édit : c’est ScheaTt
Et bah comment tu raconte ta vie en usine ça donne envie. En tout cas je te remercie de m'éclairer, ça m'aide a un peu mieux aborder l'usine
Mais c'est cool que tu soit parvenu a trouver la stabilité. Et je prend note pour les siestes courtesLes gens sous estiment la sieste de 30 minutes. Que tu dormes ou pas t’as l’impression de revivre
.
Je vais me coucher, hésite pas à mp si t’as des questions.
Après voilà mes journées sont pas toujours roses non plus. Y a des journees où ça va aller nickel et d’autre où ça va être merde sur merde. Mais ça c’est propre au travail pas spécialement à l’usine.
Surtout je pense si un debut de mal de tete commence a venir. Une petite sieste et hop !
Pas de soucis khey et bonne chance pour demain et merci
Je suis d’aprem cette semaine. D’où le fait que je sois encore éveillé ^^.
Merci et de rien.
Le 07 janvier 2020 à 02:08:56 Bykj234 a écrit :
Quand je pense que certaines personnes que j'ai croisé là-bas y'a 4-5 ans et qu'ils y sont encore, ils ont pas forcément le choix mais bordel je les plains
Le cauchemar quand tu realises qu'eux aussi on une seule et unique vie
Le 07 janvier 2020 à 01:22:06 Cisla_officiel a écrit :
On me propose un contrat de 2 mois aux salades chez Daunat. 1300€ net
C'est comment l'usine ?
Ne fais pas ça, mes parents l'ont fait pendant 6 mois par pure nécessité (ils remontent une boîte) et je les ai jamais vu dans un état aussi piteux
"Hein euuuuuuh quoi quoi? ah merde... c'est l'heure... 3h35... l'usine"
Toujours seul, toujours puceau, toujours triste, personne à côté de moi dans ce grand lit. Je me réveille difficilement et j'allume la lumière dans ma chambre Lidl en bordel et puant le sperme.
Je vire ma couette, assit sur le côté gauche du lit je me lève puis j'enfile un boxer célio et mon jogging, je descends dans la cuisine pour manger vite fait. Dehors il fait nuit noire et sûrement frais. Je vois ces abrutis de papillons de nuit attirés par la lumière, se poser sur les fenêtres. Ils sont vraiment cons ces insectes.
Je tremble à cause de la fatigue et de la fraîcheur de l'air, je me verse un café de la veille, je le passe au micro onde vite fait et je l'avale en 3 gorgées. Je mange 2 tranches de brioche et je vais dans la salle de bain.
Je me brosse les dents, il est 3h50, je me lave le visage mais avant ça je m'observe. J'observe ma gueule dépitée de puceau tardif bossant à l'usine. Je suis cerné, calvitié, j'ai aussi des marques rouges de la veille dues à de l'acné et à un rasage trop agressif.
Je soupire et j'ai une grosse pression dans ma poitrine. Bon je taille.
Évidemment je n'oublie pas mon sac d'usiniste. A l'usine tout le monde a un sac, souvent un sac kipsta éclaté ou un décathlon pas cher, à l'intérieur on y met le casse dalle, dans une boîte en plastique souvent. Je prépare le mien la veille, j'y mets toujours la même chose : un jambon beurre éco+, un sachet de chips Lidl, une brioche aux pépites de chocolat noir maître Jean-Pierre (cimer chef), une banane, une pomme. Quand je suis à l'usine j'ai tout le temps faim.
4h00 il est l'heure que j'y aille. Habitant dans le nord, il fait toujours moins de 15°C la nuit et j'ai donc froid, j'ai froid dehors, j'ai froid dans ma caisse. J'allume les feux et je démarre, je fous le chauffage à fond puis je roule tranquille direction l'usine, j'ai environ 8 minutes de trajet et je prends tout le temps la même route. Le chauffage souffle de l'air froid tout le long du trajet, il se réchauffe un peu juste avant l'arrivée sur le parking de l'usine.
Je ne roule ni vite ni lentement, des fois j'éteins mes feux et j'essaie de rouler à la lumière de la lune comme les truands dans les films mais je ne fais ça que 3 secondes car je ne vois vraiment rien.
Une fois arrivé à l'usine je me gare puis j'arrive au tourniquet, je sors mon badge j'entre dans le site (tout est grillagé) puis je vais aux vestiaires. L'enfer commence.
En général peu de gens disent bonjour. On s'en branle on veut juste que les 8 heures d'enfer se terminent le plus rapidement. Travaillant dans l'agro, je dois porter un pantalon en coton blanc ainsi qu'une veste en coton blanc. Je me dirige vers les cintres ou sont rangés les habits propres et comme d'habitude, rien à ma taille. Je suis de taille normale et de poids normal mais les habits à ma taille sont soit troués ou volatilisés, merci aux cons qui prennent 3 chemises et 3 pantalons puis qui les planquent dans leur casier. Du coup je me retrouve avec un futal qui traîne par terre et une chemise qui me sert de voile, je suis grotesque.
J'ai aussi mes chaussures de sécurité bien sûr, inconfortables au possible et qui défoncent le dos.
Je passe devant les chiottes, je quitte les vestiaires puis je pointe. Prise de poste à 4h30 mais je dois arriver à 4h25 afin que le collègue avant moi me donne la relève. Souvent la journée se passe normalement, des fois c'est la merde et dans ce cas la je suis tout seul à gérer des pannes, des commandes à rattraper ou d'autres trucs chiants.
Si je devais résumer mon travail ce serait : courir partout dans l'atelier et courir encore plus quand ça merde. Rien de plus. Je m'occupe de 4 lignes de production, je dois avoir l'oeil sur tout et à tout moment, parfois je fais de la manutention. C'est très chiant et aliénant, personne ne parle car il y a trop de bruit dans l'atelier.
De toute façon de quoi parler et avec qui ? On parle souvent de la boucle sur ce forum mais la plus grosse boucle c'est l'usine et de loin. Les mecs qui viennent la tous les jours depuis des années sont atteints mentalement. Je les estime mais ils ont un grain. Certains n'ont qu'un seul sujet de conversation, leur jardin, leurs achats (la plupart sont de gros consuméristes), les voitures ou les jeux vidéos. Ça s'arrête la. Des fois on rencontre des gens intéressants et assez malins, on se demande comment ils ont pu atterrir ici, dans ce merdier.
Les pires sont ceux qui ne parlent QUE de l'usine, c'est rare mais c'est le cas de certains, si on a le malheur de les rencontrer au café ou au supermarché, ils parleront des pannes, des commandes à venir, des erreurs commises par tel ou tel employé, de la conjoncture économique dans l'industrie agroalimentaire (des remarques qui ne viennent pas d'eux mais qu'ils répètent sans cesse et de jours en jours).
Du coup j'attends la pause, et je pense. Je pense énormément car c'est la seule chose à faire. Je pense à Karl Marx et au surtravail, je pense aux gamins dans les usines d'allumettes au XVIIIe siècle en Angleterre, je me dis que c'est pas si mal ici finalement.
Puis je pense à mes collègues du lycée, certains sont ingénieurs, d'autres profs, d'autres sont partis en médecine et je me dis que je devrais en finir. Je pense à une fille en particulier qui est en 6e année de médecine. La question du déterminisme m'obsède et me terrifie. Et si j'avais fait si, si à ce moment là j'avais fait ça est ce que j'aurais pu ...? Souvent je me dis, non. Trop pauvre, trop moche, trop faible, trop con, trop prolo.
J'aurais pu lancer les dés 100 fois de suite j'aurais tout de même fini ici dans cette usine atroce, et elle aurait toujours finie pédiatre et dans les bras de son bg 8/10.
8h20 je taille en pause. Mon poids a tendance à chuter dangereusement depuis que je suis à l'usine, alors je mange beaucoup contrairement à certains. Je me tape souvent des réflexions amicales des boomeurs matrixés "eh bah je t'emmènerai pas au resto avec moi!" ou encore "tu vas dormir tout à l'heure avec tout ce que tu manges". Je mange vite, je suis crevé, j'ai envie d'hurler et de pleurer. J'ai envie d'attraper mon voisin par le col, de le secouer et de lui dire "pourquoi on est la? Pourquoi on subit ça ??? C'est donc CA notre existence?"
Retour au boulot, rien de nouveau rien de surprenant, vivement midi trente que je me casse. Une fois l'heure arrivée je passe la relève à mon collègue, je lui souhaite bon courage et je taille, je me change en vitesse puis je sors. Lorsqu'il fait beau le soleil me fait mal aux yeux.
J'arrive chez moi, je dois préparer à bouffer mais j'ai qu'une envie c'est de mourir sur mon canapé et c'est ce que je fais souvent, du moins jusqu'à 14h. Le reste de l'après midi je somnole, comme lors d'un réveil après une anesthésie générale. Des fois je vais faire les courses, le reste du temps je reste chez moi. Je suis trop crevé pour go muscu, je ne connais personne et n'ai personne dans ma vie. Le week end est identique à la semaine sauf que je suis moins fatigué.
Le seul point intéressant est le fric, je gagne pas loin de 2k net par mois et je dépense peu : bouffe, clio de prolo, location de prolo, alcool et c'est tout. Du coup je fais comme mes collègues : je consomme.
En ce moment j'achète des fringues, ça ne me sert à rien car je ne sors jamais, mais j'ai toujours aimé porter des vêtements qui me plaisent, alors j'achète. Lorsque je reçois un colis je me sens heureux et pendant 15 minutes j'oublie presque ma vie misérable d'usiniste dépressif.
Le début de soirée est souvent alcoolisé, ça m'aide à m'endormir. Sous ma couette je rêve d'une autre vie ou d'un cataclysme nucléaire vaporisant toute forme d'existence sur Terre, puis je culpabilise, me disant que les autres n'ont pas une vie aussi merdique et méritent davantage de vivre que moi.
C'est ainsi que se poursuit ma vie, plate et sans saveur, aliénante, frustrante et déprimante. C'est ainsi que fonctionne l'industrie.
Demain ce sera pire
"Hein euuuuuuh quoi quoi? ah merde... c'est l'heure... 3h35... l'usine"
Toujours seul, toujours puceau, toujours triste, personne à côté de moi dans ce grand lit. Je me réveille difficilement et j'allume la lumière dans ma chambre Lidl en bordel et puant le sperme.
Je vire ma couette, assit sur le côté gauche du lit je me lève puis j'enfile un boxer célio et mon jogging, je descends dans la cuisine pour manger vite fait. Dehors il fait nuit noire et sûrement frais. Je vois ces abrutis de papillons de nuit attirés par la lumière, se poser sur les fenêtres. Ils sont vraiment cons ces insectes.
Je tremble à cause de la fatigue et de la fraîcheur de l'air, je me verse un café de la veille, je le passe au micro onde vite fait et je l'avale en 3 gorgées. Je mange 2 tranches de brioche et je vais dans la salle de bain.
Je me brosse les dents, il est 3h50, je me lave le visage mais avant ça je m'observe. J'observe ma gueule dépitée de puceau tardif bossant à l'usine. Je suis cerné, calvitié, j'ai aussi des marques rouges de la veille dues à de l'acné et à un rasage trop agressif.
Je soupire et j'ai une grosse pression dans ma poitrine. Bon je taille.
Évidemment je n'oublie pas mon sac d'usiniste. A l'usine tout le monde a un sac, souvent un sac kipsta éclaté ou un décathlon pas cher, à l'intérieur on y met le casse dalle, dans une boîte en plastique souvent. Je prépare le mien la veille, j'y mets toujours la même chose : un jambon beurre éco+, un sachet de chips Lidl, une brioche aux pépites de chocolat noir maître Jean-Pierre (cimer chef), une banane, une pomme. Quand je suis à l'usine j'ai tout le temps faim.
4h00 il est l'heure que j'y aille. Habitant dans le nord, il fait toujours moins de 15°C la nuit et j'ai donc froid, j'ai froid dehors, j'ai froid dans ma caisse. J'allume les feux et je démarre, je fous le chauffage à fond puis je roule tranquille direction l'usine, j'ai environ 8 minutes de trajet et je prends tout le temps la même route. Le chauffage souffle de l'air froid tout le long du trajet, il se réchauffe un peu juste avant l'arrivée sur le parking de l'usine.
Je ne roule ni vite ni lentement, des fois j'éteins mes feux et j'essaie de rouler à la lumière de la lune comme les truands dans les films mais je ne fais ça que 3 secondes car je ne vois vraiment rien.
Une fois arrivé à l'usine je me gare puis j'arrive au tourniquet, je sors mon badge j'entre dans le site (tout est grillagé) puis je vais aux vestiaires. L'enfer commence.
En général peu de gens disent bonjour. On s'en branle on veut juste que les 8 heures d'enfer se terminent le plus rapidement. Travaillant dans l'agro, je dois porter un pantalon en coton blanc ainsi qu'une veste en coton blanc. Je me dirige vers les cintres ou sont rangés les habits propres et comme d'habitude, rien à ma taille. Je suis de taille normale et de poids normal mais les habits à ma taille sont soit troués ou volatilisés, merci aux cons qui prennent 3 chemises et 3 pantalons puis qui les planquent dans leur casier. Du coup je me retrouve avec un futal qui traîne par terre et une chemise qui me sert de voile, je suis grotesque.
J'ai aussi mes chaussures de sécurité bien sûr, inconfortables au possible et qui défoncent le dos.
Je passe devant les chiottes, je quitte les vestiaires puis je pointe. Prise de poste à 4h30 mais je dois arriver à 4h25 afin que le collègue avant moi me donne la relève. Souvent la journée se passe normalement, des fois c'est la merde et dans ce cas la je suis tout seul à gérer des pannes, des commandes à rattraper ou d'autres trucs chiants.
Si je devais résumer mon travail ce serait : courir partout dans l'atelier et courir encore plus quand ça merde. Rien de plus. Je m'occupe de 4 lignes de production, je dois avoir l'oeil sur tout et à tout moment, parfois je fais de la manutention. C'est très chiant et aliénant, personne ne parle car il y a trop de bruit dans l'atelier.
De toute façon de quoi parler et avec qui ? On parle souvent de la boucle sur ce forum mais la plus grosse boucle c'est l'usine et de loin. Les mecs qui viennent la tous les jours depuis des années sont atteints mentalement. Je les estime mais ils ont un grain. Certains n'ont qu'un seul sujet de conversation, leur jardin, leurs achats (la plupart sont de gros consuméristes), les voitures ou les jeux vidéos. Ça s'arrête la. Des fois on rencontre des gens intéressants et assez malins, on se demande comment ils ont pu atterrir ici, dans ce merdier.
Les pires sont ceux qui ne parlent QUE de l'usine, c'est rare mais c'est le cas de certains, si on a le malheur de les rencontrer au café ou au supermarché, ils parleront des pannes, des commandes à venir, des erreurs commises par tel ou tel employé, de la conjoncture économique dans l'industrie agroalimentaire (des remarques qui ne viennent pas d'eux mais qu'ils répètent sans cesse et de jours en jours).
Du coup j'attends la pause, et je pense. Je pense énormément car c'est la seule chose à faire. Je pense à Karl Marx et au surtravail, je pense aux gamins dans les usines d'allumettes au XVIIIe siècle en Angleterre, je me dis que c'est pas si mal ici finalement.
Puis je pense à mes collègues du lycée, certains sont ingénieurs, d'autres profs, d'autres sont partis en médecine et je me dis que je devrais en finir. Je pense à une fille en particulier qui est en 6e année de médecine. La question du déterminisme m'obsède et me terrifie. Et si j'avais fait si, si à ce moment là j'avais fait ça est ce que j'aurais pu ...? Souvent je me dis, non. Trop pauvre, trop moche, trop faible, trop con, trop prolo.
J'aurais pu lancer les dés 100 fois de suite j'aurais tout de même fini ici dans cette usine atroce, et elle aurait toujours finie pédiatre et dans les bras de son bg 8/10.
8h20 je taille en pause. Mon poids a tendance à chuter dangereusement depuis que je suis à l'usine, alors je mange beaucoup contrairement à certains. Je me tape souvent des réflexions amicales des boomeurs matrixés "eh bah je t'emmènerai pas au resto avec moi!" ou encore "tu vas dormir tout à l'heure avec tout ce que tu manges". Je mange vite, je suis crevé, j'ai envie d'hurler et de pleurer. J'ai envie d'attraper mon voisin par le col, de le secouer et de lui dire "pourquoi on est la? Pourquoi on subit ça ??? C'est donc CA notre existence?"
Retour au boulot, rien de nouveau rien de surprenant, vivement midi trente que je me casse. Une fois l'heure arrivée je passe la relève à mon collègue, je lui souhaite bon courage et je taille, je me change en vitesse puis je sors. Lorsqu'il fait beau le soleil me fait mal aux yeux.
J'arrive chez moi, je dois préparer à bouffer mais j'ai qu'une envie c'est de mourir sur mon canapé et c'est ce que je fais souvent, du moins jusqu'à 14h. Le reste de l'après midi je somnole, comme lors d'un réveil après une anesthésie générale. Des fois je vais faire les courses, le reste du temps je reste chez moi. Je suis trop crevé pour go muscu, je ne connais personne et n'ai personne dans ma vie. Le week end est identique à la semaine sauf que je suis moins fatigué.
Le seul point intéressant est le fric, je gagne pas loin de 2k net par mois et je dépense peu : bouffe, clio de prolo, location de prolo, alcool et c'est tout. Du coup je fais comme mes collègues : je consomme.
En ce moment j'achète des fringues, ça ne me sert à rien car je ne sors jamais, mais j'ai toujours aimé porter des vêtements qui me plaisent, alors j'achète. Lorsque je reçois un colis je me sens heureux et pendant 15 minutes j'oublie presque ma vie misérable d'usiniste dépressif.
Le début de soirée est souvent alcoolisé, ça m'aide à m'endormir. Sous ma couette je rêve d'une autre vie ou d'un cataclysme nucléaire vaporisant toute forme d'existence sur Terre, puis je culpabilise, me disant que les autres n'ont pas une vie aussi merdique et méritent davantage de vivre que moi.
C'est ainsi que se poursuit ma vie, plate et sans saveur, aliénante, frustrante et déprimante. C'est ainsi que fonctionne l'industrie.
Demain ce sera pire
"Hein euuuuuuh quoi quoi? ah merde... c'est l'heure... 3h35... l'usine"
Toujours seul, toujours puceau, toujours triste, personne à côté de moi dans ce grand lit. Je me réveille difficilement et j'allume la lumière dans ma chambre Lidl en bordel et puant le sperme.
Je vire ma couette, assit sur le côté gauche du lit je me lève puis j'enfile un boxer célio et mon jogging, je descends dans la cuisine pour manger vite fait. Dehors il fait nuit noire et sûrement frais. Je vois ces abrutis de papillons de nuit attirés par la lumière, se poser sur les fenêtres. Ils sont vraiment cons ces insectes.
Je tremble à cause de la fatigue et de la fraîcheur de l'air, je me verse un café de la veille, je le passe au micro onde vite fait et je l'avale en 3 gorgées. Je mange 2 tranches de brioche et je vais dans la salle de bain.
Je me brosse les dents, il est 3h50, je me lave le visage mais avant ça je m'observe. J'observe ma gueule dépitée de puceau tardif bossant à l'usine. Je suis cerné, calvitié, j'ai aussi des marques rouges de la veille dues à de l'acné et à un rasage trop agressif.
Je soupire et j'ai une grosse pression dans ma poitrine. Bon je taille.
Évidemment je n'oublie pas mon sac d'usiniste. A l'usine tout le monde a un sac, souvent un sac kipsta éclaté ou un décathlon pas cher, à l'intérieur on y met le casse dalle, dans une boîte en plastique souvent. Je prépare le mien la veille, j'y mets toujours la même chose : un jambon beurre éco+, un sachet de chips Lidl, une brioche aux pépites de chocolat noir maître Jean-Pierre (cimer chef), une banane, une pomme. Quand je suis à l'usine j'ai tout le temps faim.
4h00 il est l'heure que j'y aille. Habitant dans le nord, il fait toujours moins de 15°C la nuit et j'ai donc froid, j'ai froid dehors, j'ai froid dans ma caisse. J'allume les feux et je démarre, je fous le chauffage à fond puis je roule tranquille direction l'usine, j'ai environ 8 minutes de trajet et je prends tout le temps la même route. Le chauffage souffle de l'air froid tout le long du trajet, il se réchauffe un peu juste avant l'arrivée sur le parking de l'usine.
Je ne roule ni vite ni lentement, des fois j'éteins mes feux et j'essaie de rouler à la lumière de la lune comme les truands dans les films mais je ne fais ça que 3 secondes car je ne vois vraiment rien.
Une fois arrivé à l'usine je me gare puis j'arrive au tourniquet, je sors mon badge j'entre dans le site (tout est grillagé) puis je vais aux vestiaires. L'enfer commence.
En général peu de gens disent bonjour. On s'en branle on veut juste que les 8 heures d'enfer se terminent le plus rapidement. Travaillant dans l'agro, je dois porter un pantalon en coton blanc ainsi qu'une veste en coton blanc. Je me dirige vers les cintres ou sont rangés les habits propres et comme d'habitude, rien à ma taille. Je suis de taille normale et de poids normal mais les habits à ma taille sont soit troués ou volatilisés, merci aux cons qui prennent 3 chemises et 3 pantalons puis qui les planquent dans leur casier. Du coup je me retrouve avec un futal qui traîne par terre et une chemise qui me sert de voile, je suis grotesque.
J'ai aussi mes chaussures de sécurité bien sûr, inconfortables au possible et qui défoncent le dos.
Je passe devant les chiottes, je quitte les vestiaires puis je pointe. Prise de poste à 4h30 mais je dois arriver à 4h25 afin que le collègue avant moi me donne la relève. Souvent la journée se passe normalement, des fois c'est la merde et dans ce cas la je suis tout seul à gérer des pannes, des commandes à rattraper ou d'autres trucs chiants.
Si je devais résumer mon travail ce serait : courir partout dans l'atelier et courir encore plus quand ça merde. Rien de plus. Je m'occupe de 4 lignes de production, je dois avoir l'oeil sur tout et à tout moment, parfois je fais de la manutention. C'est très chiant et aliénant, personne ne parle car il y a trop de bruit dans l'atelier.
De toute façon de quoi parler et avec qui ? On parle souvent de la boucle sur ce forum mais la plus grosse boucle c'est l'usine et de loin. Les mecs qui viennent la tous les jours depuis des années sont atteints mentalement. Je les estime mais ils ont un grain. Certains n'ont qu'un seul sujet de conversation, leur jardin, leurs achats (la plupart sont de gros consuméristes), les voitures ou les jeux vidéos. Ça s'arrête la. Des fois on rencontre des gens intéressants et assez malins, on se demande comment ils ont pu atterrir ici, dans ce merdier.
Les pires sont ceux qui ne parlent QUE de l'usine, c'est rare mais c'est le cas de certains, si on a le malheur de les rencontrer au café ou au supermarché, ils parleront des pannes, des commandes à venir, des erreurs commises par tel ou tel employé, de la conjoncture économique dans l'industrie agroalimentaire (des remarques qui ne viennent pas d'eux mais qu'ils répètent sans cesse et de jours en jours).
Du coup j'attends la pause, et je pense. Je pense énormément car c'est la seule chose à faire. Je pense à Karl Marx et au surtravail, je pense aux gamins dans les usines d'allumettes au XVIIIe siècle en Angleterre, je me dis que c'est pas si mal ici finalement.
Puis je pense à mes collègues du lycée, certains sont ingénieurs, d'autres profs, d'autres sont partis en médecine et je me dis que je devrais en finir. Je pense à une fille en particulier qui est en 6e année de médecine. La question du déterminisme m'obsède et me terrifie. Et si j'avais fait si, si à ce moment là j'avais fait ça est ce que j'aurais pu ...? Souvent je me dis, non. Trop pauvre, trop moche, trop faible, trop con, trop prolo.
J'aurais pu lancer les dés 100 fois de suite j'aurais tout de même fini ici dans cette usine atroce, et elle aurait toujours finie pédiatre et dans les bras de son bg 8/10.
8h20 je taille en pause. Mon poids a tendance à chuter dangereusement depuis que je suis à l'usine, alors je mange beaucoup contrairement à certains. Je me tape souvent des réflexions amicales des boomeurs matrixés "eh bah je t'emmènerai pas au resto avec moi!" ou encore "tu vas dormir tout à l'heure avec tout ce que tu manges". Je mange vite, je suis crevé, j'ai envie d'hurler et de pleurer. J'ai envie d'attraper mon voisin par le col, de le secouer et de lui dire "pourquoi on est la? Pourquoi on subit ça ??? C'est donc CA notre existence?"
Retour au boulot, rien de nouveau rien de surprenant, vivement midi trente que je me casse. Une fois l'heure arrivée je passe la relève à mon collègue, je lui souhaite bon courage et je taille, je me change en vitesse puis je sors. Lorsqu'il fait beau le soleil me fait mal aux yeux.
J'arrive chez moi, je dois préparer à bouffer mais j'ai qu'une envie c'est de mourir sur mon canapé et c'est ce que je fais souvent, du moins jusqu'à 14h. Le reste de l'après midi je somnole, comme lors d'un réveil après une anesthésie générale. Des fois je vais faire les courses, le reste du temps je reste chez moi. Je suis trop crevé pour go muscu, je ne connais personne et n'ai personne dans ma vie. Le week end est identique à la semaine sauf que je suis moins fatigué.
Le seul point intéressant est le fric, je gagne pas loin de 2k net par mois et je dépense peu : bouffe, clio de prolo, location de prolo, alcool et c'est tout. Du coup je fais comme mes collègues : je consomme.
En ce moment j'achète des fringues, ça ne me sert à rien car je ne sors jamais, mais j'ai toujours aimé porter des vêtements qui me plaisent, alors j'achète. Lorsque je reçois un colis je me sens heureux et pendant 15 minutes j'oublie presque ma vie misérable d'usiniste dépressif.
Le début de soirée est souvent alcoolisé, ça m'aide à m'endormir. Sous ma couette je rêve d'une autre vie ou d'un cataclysme nucléaire vaporisant toute forme d'existence sur Terre, puis je culpabilise, me disant que les autres n'ont pas une vie aussi merdique et méritent davantage de vivre que moi.
C'est ainsi que se poursuit ma vie, plate et sans saveur, aliénante, frustrante et déprimante. C'est ainsi que fonctionne l'industrie.
Demain ce sera pire
JvArchive compagnon