L’infidélité est le plus doux des pièges de l’amour.
Il y’a quelques années j’étais en couple avec une fille, charmante. Nous nous aimions avec douceur et humour. Je crois néanmoins qu’au fond, par peur d’aimer ou par réel agacement pour certains traits, j’étais persuadé que ce n’était pas la bonne, celle qui mérite que l’on se donne complètement, la femme de sa vie. Pourtant, même si je ne sais pas jusqu’où elle, se projetait, elle était, elle, pleinement satisfaite, tendrement dévouée et authentiquement amoureuse. J’appréciais la force de son amour sans me croire obligé de lui rendre la pareille. J’avais pourtant conscience d’être très attaché à elle.
J’ai dû partir en Australie une année pour un stage. Je n’allais évidemment pas là-bas dans le but de rencontrer d’autres filles, mais à aucun moment je ne me suis interdit cette possibilité, qui n’a pas manqué de se présenter. J’ai eu là-bas une dizaine d’aventures, plus ou moins plaisantes, plus ou moins longues. Mon raisonnement était le suivant : « je ne vais pas gâcher cette expérience de vie, de découverte pour une fille qui peut-être m’apprendra qu’elle me quitte à mon retour ». Ma seule limite était que je puisse tomber amoureux là-bas, auquel cas je lui aurais dit.
Elle m’a attendu sagement, sans se douter de rien, souffrant d’un manque qui paradoxalement me rendait plus proche d’elle.
Je suis rentré et elle n’en a rien su, elle ignore encore tout. Néanmoins, quelques mois après mon retour, elle a décidé de rompre, car elle ne se sentait plus aussi amoureuse qu’au début, les espoirs nourris durant l’attente ayant sans doute étés déçus par la réalité monotone du retour. Elle s’est lassée du manque d’affection et de présence que je lui portais.
Je ne m’attendais pas à la rupture, qui m’a littéralement BRISÉ. J’ai mis de nombreux mois à m’en remettre, et conserve encore une douloureuse cicatrice. « Cheh » me direz-vous sans doute. Porté par la confiance que son amour m’avait donné, j’en ai oublié de l’aimer elle, persuadé qu’elle m’aimerait toujours j’ai oublié de donner du temps à notre amour. Je crois que les infidélités permises par la confiance en moi que son regard m’offrait furent les pierres du tombeau de notre amour. Plus je la trompais en étant garanti de son amour, plus j’entretenais l’illusion d’une toute puissance que rien ne pourrait faire chanceler. J’en suis devenu aveugle à l’amour que j’avais pour cette fille, et à ce qu’il exigeait. Je crois avec les années de recul que ne l’avoir pas trompée là-bas m’aurait conduit à intensifier mon amour pour elle, à la fantasmer, prendre plus de temps pour la considérer et l’aimer.
Surtout, j’ai appris que, lorsque l’on a la chance de rencontrer une personne qui nous plaît, avec laquelle on se sent bien et qui nous aime d’un amour dévoué, presqu’enfantin, quels que soient ses défauts, quelles que soient les tentations du monde, il faut avoir le courage de l’aimer pleinement, de lui dire et de lui faire sentir. Aimer avec réserve, c’est ne pas aimer.
