[FIC] CELESTIN : LE SORCELEUR / A ceux qui AIMENT lire, l'intro est un PAVAX
- 1
Je sais pas si y'aura de sweet, je mets ça là j'avais envie d'écrire ent's
CELESTIN LE SORCELEUR
Chapitre 1 : l’âge du dépucelage
- C’est pas bientôt fini, ce vacarme ?! Y’a de bonnes gens qu’essaient de dormir, ici !
(Va te faire foutre, espèce de vioque ! )
Un pardon timide. Comme d’habitude. On m’a dit toute mon enfance que j’étais un garçon.
« Oui, un garçon c’est fort ! Un garçon, ça soulève des troncs et ça courtise les demoiselles ! Un garçon, c’est poilu et brave ! »
Mais moi, j’ai pas de couilles. Quand je parle, on ne m’écoute pas. Quand je rie, tout le monde fait la gueule, et quand je pleure, tout le monde rie.
Ma vie n’a aucun poids. Même à 7 ans, sous l’émotion incompréhensible causée par l’abandon de mon père, alors que je me fracassais la tête contre la poutre de l’auberge où il m’avait laissé quitte à réveiller le vioque de la chambre d’à côté, je le savais. Ma vie n’avait aucun sens. Aucun espoir. Aucun amour.
Ma mère avait toujours été très protectrice, et puis un jour, quelque chose nous l’a prise. Je ne sais pas trop quoi. Mais le village nous a chassé comme des pestiférés, moi et mon père, sous prétexte que le monstre reviendrait pour nous, soit disant que notre famille était maudite.
Ils avaient sûrement raison. C’est la seule explication à ce que je suis. J’ai été maudit par un monstre.
Un mètre soixante-dix.
80 kilogrammes de graisse.
Un visage repoussant, une pilosité éparse rappelant les champs de bataille mornes après le passage de Nilfgaard.
Les boutons en étaient les cratères formés par catapultes et balistes.
Et je ne m’aventurerai pas dans la tortueuse description de ce qu’on appelle « personnalité » et qui chez moi se résumait à une incapacité pathologique à dire non et à un complexe anxieux qui rendait les interactions sociales aussi agréables qu’un talon au visage. Une merde vivante. La vie devrait avoir honte de m’avoir fait. Peu importe.
Je m’apprête à réparer son erreur.
Je ne suis même pas utile au travail. Je m’essouffle vite et les donzelles font mieux que moi.
J’aime la famille qui m’a accueillie. Et je suis sûr qu’elle m’aime en retour. Mais ce n’est pas assez. Le problème, c’est moi. Ils seront libres, sans moi. C’est certain. C’est sûr, même.
A celui qui lira ça… merci d’avoir pris le temps, merci de m’avoir accordé quelques secondes de votre existence. Ce sont parmi les seules qui m’aient jamais été offertes. Je comprends. Je ne mérite pas mieux. Je ne mérite pas mieux, c’est certain.
L’avertissement résonna dans la rue entière. Elle parvint à mes oreilles. Sur le précipice de la mort, j’étais déconnecté et souffrant. Je ne réagis pas avant dix bonnes secondes.
Et puis, un autre cri. Et puis, un bruit de fer. Et puis, un hideux dégorgeage sonore et déstabilisant. Ce n’était le bruit d’aucun homme, à moins qu’il fut le diable lui-même.
Je ne pus m’empêcher d’aller voir à la fenêtre.
Et c’est là qu’il était.
Un homme dont les années avaient teints les cheveux de blanc. Un homme dont l’épée virevoltait si vite qu’on ne la voyait même plus dans les rayons du lever. Ses pieds, deux tresses de cuir agiles et vives, se courbaient et se tendaient à la vitesse de l’éclair, comme si chaque coup était une flèche tirée qui portait la force du corps entier. C’était beau. Ce qui n’était pas le cas de la chose qui recevait ses coups.
Un amas de roches, de cailloux rugueux dont certains fondus, pratiquement d'argile ; la lumière rouge du soleil n’illuminait le spectacle que d’un seul angle, mais qu’il était beau, cet angle ; L’épée reflétait les flammes rouges de l’astre chaud qui caressait mon visage aussi, les étincelles inondaient le combat lorsque le glaive touchait le monstre minéral. Je n’avais jamais vu pareil événement. C’était digne d’un conte.
L’homme combattait ce titan. Un homme grand, un homme courageux ; tout ce que je n’étais pas. Tout ce que mère nature m’avait refusée.
Mais cet homme, qu’est-ce-qu’il avait envie de vivre ; cette envie, je la jalousais. Alors, au lieu de mourir en lâche, je pris une décision. J’allais mourir en héros. J’allais aider cet homme à vaincre.
----------
Il faisait encore frais, dans la rue. Le soleil de l'aube parfumait les avenues d'un orange cuivré. Mes pieds étaient au sec, j’avais rapiécé mes vieux ribouis quelques jours auparavant. C’étaient mes préférés, alors j’avais choisi de mourir avec.
Pour déstabiliser la créature, je m'étais pourvu d'une fronde, précieusement maintenue par une ceinture de cuir à ma hanche droite. Il était temps d'agir en héros.
J'avançais vers la scène, à pas nerveux. Dû à mes problèmes gastriques et la pression viscérale que l'entreprise causait en moi, je ne pus m'empêcher de libérer mon colon des soufflures qui lui pesaient durement. J'imaginais derrière mon postérieur se dessiner une ligne nauséabonde de soufre toxique ; il en était ainsi de mon intérieur, aussi pourrit que le reste. Le processus de putréfaction ne faisait que commencer, ma mort viendrait le précipiter.
- Eh, toi, là... le méchant... !
Aucune réponse.
L'homme aux cheveux blancs tenta un coup d'estoc droit dans le cou de la créature, mais son épée se planta sans conséquences quoique suffisamment longtemps pour que le titan lui assène un revers du bras - Pas le bras d'un freluquet de beuverie, mais le bras d'un colosse pesant autant qu'un ours de pierre.
Le combattant fut propulsé plusieurs mètres en arrière. Il ne se releva pas tout de suite.
Il fallait que je sois plus incisif.
Je glissai ma main dans la sacoche qui accolait mon flanc et j'en sortis ma fronde, armée par mon autre main qui était allée chercher une boule de poudre à canon instable dans la grande poche de mon veston honteusement abîmé. J'assurai le verrouillage de la balle dans l'arme de toute mes forces, et par un pincement puissant, j'engageais le projectile pour une trajectoire rectiligne.
PFYUUU !
La balle de poudre s'enfonça dans l'air à une vitesse impressionnante.
Au contact du monstre , celle-ci explosa de mille couleurs, se fondant presque dans les tonalités matinales. La détonation assourdissante se faufila dans le quartier entier.
Le Golem s'était à peine incliné sous le choc.
Mais il tourna la tête. Il tourna la tête vers moi, et de petits yeux rouges étincelants derrière les cailloux envoyèrent à mon corps un signal qui ne laissait aucune place au doute : j'allais mourir.
C'est ce que je voulais. Alors, pourquoi mes jambes tremblaient-elles ? Pourquoi mon pouls s'accélérait-il ? Pourquoi la sueur inondait-elle mes yeux, durant ce bref instant qui parut une éternité, alors que le Golem s'approchait de moi ?
Je déglutis avant de revenir à mes esprits.
Derrière le monstre, le soldat bondit. Tout plongé dans l'ombre, le soleil caressait ses cheveux blancs et délimitait sa silhouette par des touches d'orange, pendant que son corps de face était baigné dans les ténèbres ; seuls ses yeux jaunes et brillants ressortaient des abysses, augure de mort bienvenue puisque sur le Golem allait s'abattre une lame fatale. Et c'est ce qui eut lieu.
L'épée transperça une roche déjà fissurée au niveau du crâne de la bête, Et le glaive fit le chemin entier jusqu'à pénétrer de moitié la tête de la créature. Celle-ci s'écroula au sol dans un geignement profond et grave, rauque au début et soupirant sur la fin. La lumière dans les yeux du monstre s'éteignit. Le Sorceleur en retira l'épée d'un mouvement net, quelques cailloux furent projetés sur la chaussée, et sur ce qui n'était plus qu'un gros rocher inerte, le sorceleur cracha un mollard ensanglanté.
« Je ne sais pas ce qu'il se passe, mais c'est grave » éructa-t-il, pensif.
- B...bonjour, monsieur le sorceleur... !
L'homme aux yeux de chat tourna sa tête vers moi avec un regard vide d'expression, si ce n'était une faible lueur de curiosité.
- Tiens. Je ne savais pas que le boudin rouge de Novigrad pouvait parler.
- Je plaisante, gamin. Tu as fait du bon travail. Tu as distrait cette chose. Je dirais presque que tu m'as sauvé la vie ! Ce satané golem m'a prit par surprise... enfin. L'arroseur arrosé, comme on dit.
Je te remercie, j'ai une dette envers toi, désormais.
- Je... je ne suis pas mort... ?
- Euh, de--de rien, monsieur sorceleur.
- Appelle-moi Geralt. Tu as déjà deviné ma profession. Tu as de bon yeux. Et une main vive.
C'était étrange de recevoir des compliments. Et surtout d'un homme aussi respectable.
- Dis-moi ; comment puis-je te remercier ? J'ai débarrassé les bons gens de cette chose, mais toi, tu n'avais pas à t'impliquer ; et pourtant, tu l'as fait. Accepterais-tu de m'accompagner pour une liche ? J'ai bien besoin de me détendre. J'ai pris quelques coups.
- Allez, viens avec moi, boudin de Novigrad. Je connais une échoppe, à deux pas de là. Il y aura même des courtisanes, fut-ce pour toi une inspiration. Tu me diras là-bas ce que tu désires en échange de ton bon service.
Quel est ton nom, boudin ?
- Celestin, monsieur Sorceleur !
- 1
Données du topic
- Auteur
- QuanticSanctum
- Date de création
- 4 août 2022 à 10:30:48
- Nb. messages archivés
- 3
- Nb. messages JVC
- 3