Et si l'AfD changeait brusquement de ligne politique? La question des retraites a profondément divisé le parti d'extrême droite lors de son congrès d'Augsbourg fin juin. L'AfD avait jusqu'à présent défendu une ligne économique plutôt néolibérale. L'aile radicale nationaliste (surtout représentée parmi les fédérations d'Allemagne de l'Est) souhaite que le parti prenne désormais une orientation sociale, combinant "social et identité". C'est notamment la position de Björn Höcke, dirigeant controversé de la fédération de Thuringe qui a présenté un projet de réforme du système de retraite. Dans ce système tous cotiseraient à une caisse unique, y compris les fonctionnaires et les indépendants. Les salariés ayant travaillés longtemps verraient leurs petites retraites fortement augmenté. Évidemment nationalisme oblige, cela ne concernerait que les travailleurs allemands. Jörg Meuthen, dirigeant du parti et de l'aile national-libérale, a lui défendu un modèle basé sur des caisses privées. Derrière ce débat sur les retraites, thème très sensible en Allemagne où la natalité est très faible, ce cache en réalité une lutte d'influence dans le parti entre les partisans d'une ligne national-sociale (l'aile droite radicale du parti) et les tenants du libéralisme économique (plutôt en Allemagne de l'Ouest). La motion de Höcke sur l'organisation d'un congrès extraordinaire sur la politique sociale en 2019 a été adopté par les délégués du congrès et vu comme une défaite pour Meuthen et l'aile national-libérale. L'arrivée en 2017 dans l'équipe dirigeante de l'ancien mineur social-démocrate de la Ruhr Guido Reil, partisan d'une ligne plus sociale, a aussi beaucoup fait parlé d'elle.
L'objectif de Björn Höcke et de l'aile droite de l'AfD est qu'un repositionnement social du parti (défense de la justice sociale et lutte contre les politiques néolibérales) permette de prendre des voix au SPD et surtout à Die Linke. Les deux partis, surtout die Linke ont en tout perdu près d'un million de voix au profit de l'AfD aux élections législatives de 2017, essentiellement à l'Est. Ce n'est pas un hasard que le lancement du mouvement populiste de gauche de Sahra Wagenknecht soit concomitant avec les débats interne au sein de l'AfD. L'aile national-conservatrice souhaite en combinant social et identitaire faire de l'AfD un vrai "Volkspartei" et surtout devenir le premier parti d'Allemagne de l'Est. Elle a notamment en vue les élections régionales de septembre 2019 en Saxe où l'AfD pourrait faire un très haut score, mais aussi en Thuringe et en Brandebourg.
https://www.tagesschau.de/inland/afd-487.html
https://www.mdr.de/nachrichten/politik/meinung/unter-der-lupe-kolumne-machtkampf-afd-rente-streit-hoecke-meuthen100.html
https://www.mdr.de/nachrichten/politik/regional/afd-will-staerkste-partei-im-osten-werden-100.html
http://www.lvz.de/Region/Mitteldeutschland/AfD-will-2019-in-Sachsen-staerkste-Kraft-werden
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